Concours de meilleures productions médiatiques sur les zoonoses : Fatoumata Napho de l’Essor, lauréate en presse écrite

Fatoumata Napho : «Je me disais que je pouvais participer à ce concours pour informer et sensibiliser la population par rapport au danger »

Bamako, 18 sept (AMAP) La journaliste de l’Essor, Fatoumata Napho, a remporté le concours des meilleures productions médiatiques sur l’approche «Une seule santé» et la prévention des maladies zoonotiques avec son article intitulé Zoonoses : un risque pour les humains, dans la catégorie presse écrite.

La deuxième place est revenue à Lassana Coulibaly en presse écrite. Dans la catégorie presse en ligne, Mohamed Kanouté de Mali 24 a occupé la plus haute marche du podium. Son dauphin est Youba Doumbia de Mali-tribune.

Pour la catégorie TV, Madi Bagayoko de TS.com a reçu le seul prix dans cette catégorie. D’autres confrères se sont distingués dans ce concours, notamment dans la catégorie radio. Maimouna Ibrahim Maïga de Radio Kledu est devenue la lauréate, suivie de Papa Kanda Kelly de la Radio Sagha de Mopti.

Les résultats du concours, à l’initiative du Réseau des medias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) sur financement de Breackthrough Mali, ont été proclamés, jeudi dernier à la Maison de la presse.

La cérémonie a enregistré la présence de la directrice de Breackthrough action Mali, Dr Traoré Aoua Konaré, de la représentante de la plateforme «Une seule santé», Youma Sall, et du représentant de la Maison de la presse.

Les critères du concours ont mis l’accent sur l’originalité du travail, le style journaliste, le format, les sources, l’actualité. Les premiers de chaque catégorie ont reçues chacun un ordinateur portable. Les deuxièmes ont tous bénéficié d’un téléphone portable.

La directrice de Breackthrough, Dr Traoré Aoua Konaré, s’est dit convaincue que « tous les candidats ont bien travaillé mais, surtout, sûre qu’ils vont continuer dans ce sens. » Selon elle, 75% des maladies infectieuses sont d’origine animale. Il se trouve que ces maladies ne sont pas bien connues de la population et comme les journalistes constituent un créneau de partage d’information pour renseigner la population sur ces différentes maladies. « C’est pourquoi, au-delà du concours, la responsable de Breackthrough a incité ces derniers encore continuer à informer et sensibiliser la population. »

Pour la représentante de la plateforme «Une seule santé», la lutte contre la maladie passe par la promotion de la santé et celle-ci est basée sur l’approche «Une seule santé». « Les zoonoses sont des maladies émergentes. C’est pourquoi, les journalistes qui s’occupent des questions de santé ont exprimé la nécessité de jouer leur rôle dans la sensibilisation pour que ces maladies soient connues du grand public parce que la prévention contre la maladie passe aussi par les médias », a-t-elle expliqué.

Maimouna Ibrahim Maïga, lauréate explique que ce concours a été une expérience enrichissante pour elle puisque qu’elle « appris beaucoup de choses sur les zoonoses pour ensuite les transmettre au public. » Elle se dit fière d’elle-même, avant de souhaiter continuer « à éclairer davantage le public sur les dangers de ces maladies. »

Fatoumata Napho n’a pas dit pas le contraire. Celle qui anime les pages santé au quotidien national explique : «Je me disais que je pouvais participer à ce concours pour, non seulement informer la population par rapport aux zoonoses mais, aussi, sensibiliser cette population par rapport au danger».

NS/MD (AMAP)

 

 

Nahawa SANGARE

 

 

 

 

Défense nationale : Le Mali peut désormais compter sur ses réservistes (Conseil des ministres)

Sortie d’un contingent du Service national des jeunes (SNJ) (Archives AMAP)

Bamako, 15 sept (AMAP) Le Statut particulier de la réserve des Forces armées et de sécurité maliennes, adopté par le Conseil des ministres, mercredi dernier, prévoit une autre forme de mobilisation pour renforcer les effectifs des Forces de défense et de sécurité.

Selon le communiqué du Conseil, ce statut est élaboré en application des dispositions de l’Ordonnance n° 2023-015/PT-RM du 21 mars 2023 portant Statut général des militaires, ainsi que de celles de la Loi n°2016-038 du 07 juillet 2016 portant institution du Service national des jeunes (SNJ).

En temps de crise, comme le stipule l’article 24 de la Constitution, «la défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen. Tous les citoyens âgés de 18 ans au moins peuvent être mobilisés aux côtés des Forces armées et de sécurité pour la défense de la patrie».

La réserve est constituée de personnes appelées réservistes n’appartenant pas à l’Armée d’active mais formées pour renforcer ou apporter un concours aux Forces armées maliennes dans le cadre de la défense nationale.

Pour parvenir à un résultat tangible, ce projet distingue deux types de réserves : stratégique et opérationnelle. « La première, précise le communiqué du Conseil des ministres, est constituée des personnels du contingent du Service national des jeunes ayant accompli le service militaire, des militaires dont la démission a été régulièrement acceptée, des militaires admis à faire valoir leur droit à la retraite et durant le temps où ils sont soumis à une obligation de disponibilité qui est de cinq ans. »

Sont également concernés des volontaires ayant souscrit un engagement et toute autre personne ayant accompli le service militaire. « Lorsque cette réserve stratégique est mise à la disposition du chef d’état-major des Armées, elle est dite opérationnelle. »

Ainsi, les réservistes mobilisés seront soumis au Statut général des militaires et à toutes autres dispositions législatives et règlementaires en vigueur régissant les militaires.

À travers ce décret, il s’agit « de déterminer l’état des réservistes et les conditions de leur mobilisation ; d’assurer les garanties d’un renfort capital en cas de crise, de catastrophe naturelle ou de guerre. » Mais, également. d’apporter un haut niveau de compétences supplémentaires aux Forces armées et de sécurité, et d’encourager les jeunes à contribuer à la défense de la nation.

Le décret adopté en Conseil des ministres réaffirme « la volonté inébranlable des autorités de la Transition de mettre tout en œuvre pour la défense nationale, la préservation de la sécurité et de l’intégrité des populations et de leurs biens. » Les autorités de la Transition, qui entendent relever le défi de la sécurité et affirmer notre souveraineté, veulent assurer la présence des Forces armées maliennes (FAMa) sur toute l’étendue du territoire.

Cet engagement doit étre une affaire de tout citoyen dans le contexte de guerre, « surtout face à la série macabre d’attaques terroristes perpétrées contre les populations civiles et les éléments des Forces de défense et de sécurité. »

Au regard de l’immensité de la superficie du Mali, au-delà d’un équipement adéquat, les FAMa doivent pouvoir compter sur des réservistes pour les épauler en cas de nécessité. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de s’appuyer sur les dispositions de la nouvelle Loi fondamentale pour « se donner la possibilité d’appeler des citoyens sous le drapeau en cas de nécessité. »

OD/MD (AMAP)

 

Aquaculture : La pisciculture remplit nos assiettes

L’État accorde une subvention pour promouvoir la pisciculture facd a une production de la pêche et la capture naturelle qui ont atteint leurs limites

Par Fatoumata TRAORÉ

Bamako, 14 sept (AMAP) La pêche est, de plus en plus, infructueuse dans les cours d’eau. Le développement de l’élevage produit les poissons pour notre alimentation.

Selon les spécialistes de la santé, Le poisson est une excellente source de protéines animales, de vitamines et de sels minéraux, notamment les vitamines A et D, le phosphore, le magnésium et le sélénium. Ses protéines sont un complément aux protéines alimentaires des céréales et des légumineuses, typiques des régimes de nombreux pays en développement comme le Mali.

Il contient un type d’acides gras vital au développement du cerveau humain chez le fœtus et le nourrisson. En général, le poisson occupe une place beaucoup plus importante dans l’alimentation journalière des habitants des pays que dans les pays avancés.

Le Mali, bien que regorgeant de cours d’eau poissonneux, est confronté à une crise dans la production de poissons, due aux sécheresses cycliques et les effets néfastes des changements climatiques. Pour pallier cette situation d’insécurité alimentaire, notre pays s’est engagé dans la promotion de la pisciculture.

“Ainsi, le gouvernement a accordé une subvention de 30% sur le prix de revient des alevins et de l’alimentation des poisons”, souligne le chef de division aménagement des pêcheries et aquacultures (DAPA) à la direction nationale de la pêche, Baba Coulibaly.

Cette subvention de l’État permet d’installer des usines de fabrication d’aliments et des écloseries pour la production d’alevins (jeunes poissons destinés au peuplement). Car, au Mali, les deux contraintes majeures au développement de la pisciculture résident dans l’importation des alevins et de l’aliment poisson.

En effet, beaucoup de nos concitoyens investissent, aujourd’hui, dans cette activité lucrative. En la matière, Aboubacar Diallo fait oeuvre de pionnier. Depuis 2010, il a installé une ferme piscicole à Baguinéda, une localité située à 35 kilomètres de Bamako. En une décennie, il est devenu le principal producteur d’alevins et d’aliments poissons au Mali.

Selon lui, le marché des alevins est très complexe aujourd’hui à cause du manque de bons techniciens de nationalité malienne. Leurs compétences ne seraient pas à la hauteur des enjeux. «La plupart des techniciens qui sont sur le marché des écloseries au Mali sont des étrangers (Béninois et Burkinabé) qui viennent à l’Institut polytechnique rural (IPR) de Katibougou pour apprendre. Après, ils retournent dans leurs pays et reviennent prendre le marché devant nos techniciens», explique Aboubacar Diallo avec regret.

Pour cet opérateur, nos jeunes sont trop pressés. Lorsqu’ils sortent des écoles de formation mises en place par le gouvernement pour accompagner les secteurs de la pêche et l’aquaculture, ils ne «prennent pas souvent le travail au sérieux». Ce qui crée beaucoup d’échecs au niveau de la production des alevins de qualité, souligne-t-il.

À ce handicap lié à la disponibilité de techniciens compétents, s’ajoutent les problèmes de souches de poissons et des aliments. En effet, il faut impérativement de bonnes souches de poissons. «Sans quoi, ça ne marchera pas, qu’il s’agisse des tilapias ou d’autres espèces. Et cela va de soit aussi pour l’alimentation des géniteurs. Les poissons qui sont élevés pour le grossissement sont différents de ceux qui sont là pour la reproduction, ceux-ci ont une alimentation spéciale. C’est pourquoi avec les meilleurs géniteurs, sans une bonne alimentation, cela posera toujours la défaillance», explique Aboubacar Diallo.

 

DES MILLIARDS DANS L’IMPORTATION – L’opérateur soutient que le marché est florissant, car chaque jour, on enregistre de nouveaux producteurs qui viennent s’installer. L’espoir est donc permis dans le domaine.

Cependant, la question des aliments poisson demeure cruciale. L’augmentation de leur prix est due à l’importation, ce qui implique des frais de transport et de dédouanement. C’est pourquoi, Aboubacar Diallo en appelle à plus d’accompagnement de l’État dans le sous-secteur de l’aquaculture, afin de réduire les importations qui font sortir des milliards de Fcfa de notre pays. «Avec l’investissement de l’État dans le secteur, il est possible d’effacer petit à petit l’ardoise de l’importation par les opérateurs producteurs du pays», estime le fermier piscicole.

«Halla Fish Farm» est une entreprise piscicole moderne, créée par la société coopérative simplifiée agricole Halla (Scoops.A-H) basée à Kassela, à une quarantaine de kilomètres de la capitale.

Selon son premier responsable, le marché des alevins se présente toujours avec une demande accrue des alevins tilapias et silures (claras). Et sur ce marché, il y a une forte concurrence des prix, car la disponibilité n’est pas pemanente. “Cela peut se traduire, soutient-il, par la non maitrise des bonnes techniques et matériel de production. Raison pour laquelle, les alevins silures sont très souvent issus des écloseries artisanales.”

Notre interlocuteur dénonce, lui aussi, l’augmentation sans cesse du prix des aliments poissons, surtout ceux importés. Ce qui fait que certains pisciculteurs se procurent des machines afin de fabriquer leurs propres aliments poissons pour réduire le coût de la production.

Il y a aussi les contraintes liées au transport des alevins qui sont des marchandises vivantes. “C’est-à-dire que quand un producteur de Bamako veut envoyer des alevins à Gao, il doit trouver forcément le moyen de les transporter vivants jusqu’à cette destination”, explique Diallo. «Si les moyens adéquats ne sont pas à sa disposition, on peut tout perdre en un instant», ajoute-t-il.

Selon lui, pour améliorer la situation actuelle, il faut les moyens de transport et une alimentation adéquate pour les producteurs d’alevins. Il faut, également, encourager la multiplication des écloseries, spécialement les écloseries modernes qui sont actuellement très peu nombreuses.

Le chef de la DAPA souhaite de grands efforts pour la promotion de la pisciculture, car la production de la pêche et la capture naturelle ont atteint leurs limites. “Si une autre alternative comme la pisciculture n’est pas développée, nous ne verrons plus de poissons dans nos assiettes dans l’avenir”, prédit-il.

FT/MD (AMAP)

 

Rharous : Les rescapés de l’attaque terroriste du « Tombouctou » à bout de souffle

Gourma Rharous, 13 sept (AMAP) Dès les premières heures qui ont suivi l’attaque terroriste contre le bateau « Tombouctou », 407 rescapés parmi lesquels on dénombre 60 blessés ont été évacués à bord de pinasses mises à disposition par les autorités communales de Banikane, aire dans laquelle, le drame a eu lieu.

Dès leur arrivée à Rharous, leur accueil a été aussitôt organisé par toutes les autorités locales confondues. Ils ont été hébergés dans les salles de classes de l’école fondamentale Rharous I I et les blessés et malades dirigés vers le centre de santé de référence pour leur prise en charge. Toute la population de la ville a spontanément contribué à leur accueil à travers divers gestes : dons d’habits, de literie, soutien moral etc.

Dans des circonstances inattendues de ce genre, les premiers moments n’ont pas été de tout repos pour les autorités locales. Un comité de crise présidé par le préfet de cercle représenté par le conseiller spécial du gouverneur de Région a été diligemment mis en place et comprend : le président de l’autorité intérimaire, le Maire de la commune de Rharous, le chef de village le médecin-chef du centre de santé de référence, le chef du service du développement social et de l’économie solidaire, le président local des OASC, la CAFO locale, le conseil local des jeunes, les partenaires au développement, la presse et diverses autres personnes ressources.

Dès la première nuit, leur restauration a été gratuitement pris en charge par le chef de village. Ce geste a été relayé par la Croix rouge Malienne qui a offert trois repas par repas par rescapé, pendant trois jours.

Il faut noter que le gouverneur de Région, le CD Bakoum Kanté, a réagi avec promptitude en apportant un appui financier. Le préfet de cercle et tous les responsables précités ont également contribué conséquemment à travers contributions financières et matérielles.

Le CSREF a fait don de moustiquaires, kits d’hygiène et assuré la prise en charge gratuite des soins et médicaments à tous les rescapés. Les ressortissants de Rharous à Bamako et d’autres associations ont aussi apporté leur aide.

Malgré cet élan de solidarité générale, les rescapés sont encore sous le choc. Ils sont extrêmement tendus et manifestent une envie pressante de rentrer chez eux. À ce niveau, les autorités rassurent que tous les moyens sont en train d’être mis en œuvre pour leur acheminement.

Toutes ces dispositions sont vues comme lentes par les représentants des rescapés qui font de leur évacuation par les airs, leur principale exigence et rejettent catégoriquement toute option de départ par les voies fluviale et routière. Ils sont moralement à bout.

Divers cas de traumatismes et autres chocs psychologiques peuvent être constatés. En témoigne, ce jeune homme dans la vingtaine, assis sur une brique de parpaing du matin au soir, loin du lot, plongé dans un mutisme total, le regard fixé dans le vide, inconscient de tout ce qui passe autour de lui. Beaucoup parmi eux, souffrent de traumatismes à des degrés différents. Leur leitmotiv : partir, partir…rentrer à la maison.

MG/MD (AMAP)

 

Goundam (Nord) : Les bandits armés tentent d’entraver le commerce

Les commerçants et détaillants de la ville de Goundam en proie à l’insécurité sont encore approvisionnés

Goundam, 13 sept (AMAP) Depuis un certain temps, les activités commerciales sont affectées dans le Cercle de Goundam, dans le Bord du Mali. Les paisibles populations sédentaires sont contraintes de limiter leurs déplacements entre les marchés ou foires des villes et villages. Ce qui entrave l’approvisionnement en produits alimentaires, carburant et autres denrées de première nécessité.

À Echel, un village situé à 45 km, à l’ouest de Goundam, se tient l’une des foires les plus importantes du Cercle. Dans ce marché, des hommes armés ont menacé de brûler les marchandises des forains s’ils n’arrêtaient pas leurs déplacements. Les transporteurs, aussi, ont été soumis à la même restriction.

Les ennemis de la paix ont mis leur menace à exécution. Ils ont saisi et brûlé les marchandises de commerçants qui n’avaient pas obtempéré à leurs injonctions. Ces actes criminels en ont rajouté à la psychose chez les populations, exposées aux exactions des hors-la-loi.

Les Forces armées maliennes (FAMa) tentent de faire face à la situation dans le cadre de la protection des populations. Les militaires escortent, souvent, les personnes et leurs biens sur l’axe Tonka-Goundam-Tombouctou. Malheureusement, certains transporteurs enfreignent les consignes et exposent les passagers

En plus de l’insécurité, le trafic routier vers la Mauritanie voisine est très difficile compte tenu de l’état défectueux des routes à cause de l’hivernage. Les quelques véhicules de transport sur l’axe Goundam-Tombouctou font voyager les passagers sans le moindre bagage et ceux-ci sont aussi soumis à des interrogatoires sur leut identité réelle.

En cette période de crue du fleuve Niger, le Cercle de Goundam est ravitaillé essentiellement par voie fluviale, à partir de Diré et Tonka. C’est pourquoi, la ville de Goundam ne connait aucune pénurie de denrées de première nécessité. Il y a les coupures intempestives d’électricité mais le réseau de communication s’améliore petit à petit à la suite des travaux entrepris ces derniers temps par une compagnie de téléphonie mobile présente ici.

Les choses risquent de se compliquer au-delà de septembre s’il n’y a pas d’actions d’envergure de sécurisation. Il y a le risque de rupture de stocks de médicaments. Si le commerce entre les localités continue d’être entravé par les bandits armés, le risque de pénurie de denrées de première nécessité n’est pas à écarter.

AMAP

Clémentine Delait : Sa barbe a fait sa renommée

Clémentine Delait

Par Mohamed D. DIAWARA

Bamako, 13 sept (AMAP) Ce n’est pas un phénomène nouveau que la barbe s’invite sur le menton de femmes. Cette particularité a rendu célèbres des dames comme Clémentine Delait, en France, qui a vécu de 1865 à 1939.

Originaire de Thaon-les-Vosges, une Commune française, connue pour sa touffe de barbe très dense, elle a tenu pendant plusieurs années un magasin de lingerie à Plombières-les-Bains, une autre commune.

Le site Wikipédia explique que l’enfance de Clémentine Delait est marquée par les travaux des champs. À partir de la puberté, sa pilosité commence à se développer plus que la normale en ce qui concerne une jeune fille, notamment au niveau de la lèvre supérieure.

Selon les informations, l’initiative de laisser pousser sa barbe est née d’un pari. Lors d’une foire à Nancy, une femme à barbe a dit à Clémentine Delait en compagnie de son époux qu’elle pourrait être sa concurrente.

Quand elle a raconté cette anecdote dans un bistrot (café) appartenant au couple, ses clients lui ont fait savoir qu’elle ferait une femme à barbe très convenable et ils ont parié 500 Francs français (équivalent de 6.000 dollars, environ 3,6 millions de Fcfa) pourvu qu’elle cesse de se raser.

Ce pari a changé la vie de Clémentine Delait. Son café devient «le café de la femme à barbe» et attire de nombreux curieux. «On fera même des cartes postales sur lesquelles Clémentine signera des autographes. Elle obtient aussi la permission de s’habiller en homme. Et c’est d’ailleurs en homme qu’elle arpente les tranchées au nom de la Croix Rouge en 1914», explique France bleu, un site français.

Quelques années plus tard, indique la même source, dans son café transformé en cabaret, elle rencontrera le Prince de Galles, le Shah de Perse et tant d’autres célébrités, tout en refusant des sommes considérables, notamment celles proposées par le cirque Barnum pour l’avoir dans sa troupe.

Clémentine Delait voulait rester chez elle. Elle est morte à Épinal à 74 ans. Elle a fait écrire sur sa tombe l’épitaphe suivant «Ci-gît la femme à barbe». «Elle a décidé d’assumer sa pilosité et la curiosité qu’elle suscitait. C’était une femme forte qui assumait sa différence», remarque Nadine Laheurte, responsable d’une association «La Source des Art’isans». Mais elle n’en oublie pas sa féminité : toujours parfaitement coiffée et portant de belles robes corsetées.

L’histoire de Clémentine Delait si étonnante et «inspirante» vient d’ailleurs de faire l’objet d’une réalisation cinématographique. Ce film inspiré de sa vie est intitulé «Rosalie». Il est l’œuvre de la réalisatrice française, Stéphanie Di Giusto ,et sera présenté lors du prochain festival de Cannes.

MDD/MD (AMAP)

Dur, dur d’être une femme barbue 

Certaines femmes ont décidé d’assumer sa pilosité, en affichant ouvertement leur barbe.

Par Djènèba BAGAYOKO

Bamako, 13 sept (AMAP) Un homme avec la barbe n’étonne point personne, mais une femme barbue ne laisse personne indifférent. En réalité, une femme avec la barbe est le fruit d’un phénomène hormonal appelé «l’hirsutisme». Si certaines dames assument leur pilosité faciale, d’autres en souffrent et implorent la compréhension des personnes qui les stigmatisent et les méprisent, en les abreuvant de propos moqueurs et rageurs.

Les médecins expliquent le phénomène comme la résultante d’une production élevée de testostérone chez la femme. Cette production excessive peut être d’origine génétique ou due à la prise excessive d’hormones ou de certains médicaments.

Selon le médecin Adama Diarra, du Centre de santé de référence de la Commune III du District de Bamako (CSREF), l’hirsutisme autrement dit hyperpilosité provoque la poussée et la présence de poils sur le menton des femmes, « un phénomène relativement courant qui touche entre 5 et 15% des femmes au Mali. »

« L’hirsutisme se caractérise par des poils épais et drus chez la femme sur des zones où les poils sont normalement minimes ou inexistants. À savoir, le visage, le cou, la poitrine, le dos, les épaules et le ventre», explique le spécialiste. Il précise, par ailleurs, que l’hirsutisme apparaît le plus souvent lors de la puberté mais peut, également, survenir plus tard dans la vie d’une femme.

Ce développement des poils peut être plus ou moins visible. Les cas d’hirsutisme sévère sont rares. «En règle générale, l’hirsutisme est provoqué par une production excessive d’hormones masculines (les hormones dites androgènes, telle que la testostérone», précise le Dr Diarra. Et de poursuivre que cela peut arriver durant la ménopause.

Certaines femmes constatent l’apparition de poils sur leur corps (notamment sur le menton et au niveau de la moustache) durant cette période. Le toubib estime, également, que l’utilisation d’un contraceptif hormonal peut également avoir cet effet indésirable.

Par ailleurs, poursuit le spécialiste, l’obésité augmente le risque d’hirsutisme, « car elle renforce la résistance à l’insuline, ce qui entraîne un excès de production d’hormones androgènes chez les femmes obèses. »

Le médecin Adama Diarra précise que lorsque l’hirsutisme atteint un stade avancé, ce phénomène appelé aussi «hyperandrogénie», peut provoquer d’autres signes de masculinisation du corps féminin. Dans ce cas de figure apparaissent des troubles cutanés (acné et production excessive de sébum), des troubles des règles et de l’ovulation, la calvitie, le développement de la musculature et d’une voix grave, l’atrophie du clitoris… On parle alors de virilisme.

En cas d’hirsutisme, un bilan hormonal est généralement recommandé. L’hirsutisme est souvent héréditaire et les antécédents familiaux sont l’une des premières pistes vers lesquelles se tourne le diagnostic médical. « Plus généralement, nous conseillons à ces femmes de venir aux centres de santé en vue de faire des examens et essayer de voir si nous pouvons trouver une solution à leur problème », conclut le médecin.

SITUATION INCONFORTABLE – Voir une femme porter une barbe est une chose surprenante, inhabituelle, qui pousse la société à avoir un regard différent de celui qu’on a sur les femmes sans barbe. Généralement, ces femmes à barbe sont souvent victimes de moqueries, de stigmatisation et de préjugés. Leur visage qui s’apparente à celui d’un homme fait que beaucoup de personnes leur attribuent une mentalité d’hommes. «Les femmes à barbe sont de nature dures de caractère, teigneuses et, parfois violentes, comme les hommes», caricature Adjo Dembélé, une ménagère.

Elle renchérit e: «Ces femmes sont souvent traitées de méchantes. C’est pourquoi, dans nos villages, les femmes à barbe sont traitées, pour la plupart, comme des sorcières car il est inadmissible qu’une femme porte la barbe comme un homme.»

Richard Kamaté, pompiste dans une station d’essence au Quartier du Fleuve dit être moins attiré par les femmes à barbe. «Le premier aspect qui attire les hommes, plus précisément moi, c’est la beauté qui inclut la douceur au toucher de la peau du visage au pied qui doit être lisse débarrassé de tout obstacle. Je ne peux pas partager mon lit avec une femme barbue. Deux barbes dans un même lit, ce n’est pas possible», confie-t-il.

Assanatou Camara, secrétaire de direction, est du même avis. Elle déclare avoir du dégoût : «Ces femmes sont différentes de nous autres. Je me demande comment elles font pour vivre avec leur homme. J’ai de la pitié pour elles. »

« J’ai l’habitude de voir certaines au salon de coiffure pour les épilations et elles déboursent beaucoup d’argent pour se soigner et être coquettes. Mais quelques semaines après, tu les reverras avec leurs barbes encore. Je leur conseille de consulter un médecin le plus tôt afin de détruire la racine de leurs poils», conseille la jeune dame.

L’ampleur de ces préjugés est telle que les femmes à barbe se sentent dans une situation d’inconfort. De fait, il est souvent impossible pour une femme barbu de passer inaperçue dans la rue. Des regards sont posés sur elles de différentes manières leur causant frustrations, humiliations, vexations…

«Nous souffrons dans notre être», témoigne Arama Sanogo, une femme à barbe. «C’est depuis mes vingt ans que ma barbe a commencé à pousser. J’ai vécu l’enfer car j’ai été un sujet de moquerie de mes amis d’écoles et proches. J’étais surnommée la fille barbue. Et ce sobriquet m’est resté collé jusqu’aujourd’hui», raconte-t-elle.

Avec le temps et la maturité d’esprit aidant, Arama Sanogo a pu surmonter ce regard d’enfer et se sent bien dans sa peau aujourd’hui.

BRISER LE TABOU – Comme Arama Sanogo, Aïcha Kanté, a fait le buzz sur les réseaux sociaux en mars dernier, en affichant ouvertement sa barbe. Elle est l’une des rares femmes au Mali qui a accepté de garder sa barbe pour faire face aux préjugés.

Malgré ses efforts visant à surmonter les quolibets et les railleries, elle demeure la cible de plaisanteries de mauvais goût. Cependant, elle n’en démord pas. Loin s’en faut. La demoiselle Kanté (29 ans) est une jeune femme normale qui essaie de vivre sa vie en faisant abstraction du regard des autres sur elle. Cette jeune commerçante est hirsute.

«À l’adolescence, j’ai constaté que ma barbe poussait comme celle des hommes. Au début, je me rasais régulièrement pour qu’elle ne pousse pas parce que cela est très mal vu dans notre société. Une femme avec la barbe est perçue dans notre société comme une malédiction. Avant d’accepter de vivre avec la barbe, j’ai été la cible de moqueries de mauvais goût dans ma vie quotidienne», dénonce la jeune dame. Avant de se dire dépitée que certaines personnes pensent toujours qu’elle fait exprès « pour attirer les regards des gens sur (elle) et d’autres pensent qu’(elle) est un homme qui essaie de se transformer en femme. »

«Peu de personnes comprennent le calvaire que je vis. D’autres me réconfortent en disant que c’est un fait de Dieu si je porte la barbe», dit-elle.

Pourquoi a-t-elle décidé de garder sa barbe comme les hommes ? «Après réflexions, j’ai décidé de garder cette barbe parce que je me plaisais avec ce visage et les membres de ma famille m’ont accompagné dans ce sens. Ils m’aiment comme je suis », répond Aicha

« Il y a beaucoup de femmes barbues qui ont peur de la garder à cause du regard de la société. Et elles souffrent de ce problème parce qu’elles n’arrivent pas à avoir un époux. Les hommes ont très peur des femmes barbues. Aujourd’hui, mon combat est de faire en sorte que les femmes barbues puissent être acceptées dans la société», plaide la jeune femme barbue décomplexée.

Elle invite la population à ne pas l »es stigmatiser et à les accepter comme des êtres normaux même si leur apparence faciale impose une autre image ! »

DB/MD (AMAP)

Tracasseries sur le trajet Bamako-Abidjan : Selon que vous soyez ivoirien ou malien…

C’est une règle non écrite aux postes frontières : Ceux qui ont une carte d’identité ivoirienne ou malienne ou qui n’ont aucune pièce d’identité payent 2 000 Fcfa…

Par Fatoumata M. SIDIBÉ

Bamako, 13 sept (AMAP) Un jeudi matin du mois d’août à la gare routière de Sogoniko, à Bamako, la capitale malienne. À 7 heures, le sit n’est pas encore envahi. Par ses seules dimensions, son volume et son emprise spatiale, cette gare routière est un «objet urbain» important qui marque le paysage et les pratiques quotidiennes de tout un secteur. Le charivari s’y installe au fur et à mesure que les passagers, harcelés par les rabatteurs des compagnies de transport, arrivent dans la cour. Après l’achat des tickets au comptoir de l’une des compagnies, on embarque pour un voyage qui prendra toute la journée.

La distance entre Bamako et Abidjan fait plus de 1 100 km. Pour l’affronter, des passagers se sont ravitaillés en diverses denrées dont la plupart sont fait-maison. Cette précaution les met à l’abri de risques d’intoxication liés à la consommation d’aliments généralement jugés malsains. Le bus arrive à Kacoli dernier village malien avant de rentrer en territoire ivoirien, à 14 heures. Passer le poste de contrôle qui s’y trouve est, selon les habitués de ce trajet, une «épreuve». À notre arrivée, de nombreux bus attendaient impatiemment leurs passagers qui passaient le contrôle.

Déjà, une peur bleue commence à s’installer. «C’est la partie du voyage qui me fait peur», lâche, angoissée, une dame qui voyage avec sa fille d’environ un an. La bonne dame n’a pas eu le temps de rechercher le document prouvant que le père de l’enfant l’autorise à voyager. Pour d’autres passagers, c’est la validité des pièces d’identité qui est en cause. À la sortie du bus, deux agents en tenue militaire vérifient les pièces. Notre bonne dame et plusieurs autres passagers sont dirigés vers un banc, non loin des installations militaires. Ils sont ensuite appelés, un à un, dans une petite maison faisant office de bureau pour les agents en poste.

Il y a une règle non écrite sur le tronçon Abidjan-Bamako, c’est le paiement de 2 000 Fcfa. Même munis de pièces d’identité en cours de validité, les passagers sont très souvent contraints de mettre la main à la poche pour passer les différents postes de contrôle

Là, il n’est pas autorisé de passer des appels ni de s’arrêter pour regarder ce que l’autre peut subir. Impossible d’en sortir sans y laisser quelques billets. C’est une règle non écrite. Ceux qui ont une carte d’identité ivoirienne ou qui n’ont aucune pièce d’identité payent 2 000 Fcfa. Idem pour chaque enfant qui voyage sans acte de naissance et certificat de voyage d’autorisation du père. Seuls les Maliens ayant une pièce d’identité valide passent le poste sans rien débourser. Ils profitent d’ailleurs de ce temps pour prier et observer une pause pour se soulager.

Mais ces Maliens savent qu’ils vont obligatoire mettre la main à la poche dès qu’ils auront franchi la frontière. Juste après Kacoli, certains descendent du bus pour emprunter des motos qui les aident à contourner le poste de contrôle ivoirien. Là, les Maliens subissent une sorte de vendetta. Seuls les passagers disposant de pièces d’identification ivoirienne et de carte de vaccination ne passent pas à la caisse. Tous ceux qui ont une carte d’identité malienne, valide ou pas, payent la somme de 2 000 Fcfa. En plus, le passager doit débourser 8 000 Fcfa quand il n’a pas de carte de vaccination. Les enfants n’ayant pas leurs actes de naissance et certificats d’autorisation de voyage du père, connaissent le même sort.

ECHAPPER AUX CONTROLES – Très souvent, les gens qui empruntent les motos taxi échappent aux contrôles médical et physique. Raison pour laquelle, ce moyen est très utilisé. «Il y a des motos. Qui n’a pas de vaccination ? Ce n’est que 2 000 Fcfa pour te faire échapper aux contrôles de vaccination et éviter de payer 8 000 Fcfa», nous lance un conducteur de moto. Au cours de nos échanges, il nous confiera ceci : «C’est notre gagne pain ici à la frontière. Par jour, je peux économiser plus de 10 000 Fcfa. Mais il y a des risques.» La mission du taximan est de conduire le client un peu loin du poste de contrôle de Nigouni, premier village ivoirien. Ce poste est à environ 8 km de Tengrela, la première ville ivoirienne après le Mali.

Cependant, certains passagers préfèrent rester dans le bus et se faire vacciner. «C’est fait pour notre bien, je le ferai même si cela me coûte. C’est mieux que de fuir à chaque fois», murmure une jeune fille qui quitte le pays pour la première fois. Tout au long du trajet, l’on tombera sur d’autres postes. Parfois, quelques agents vous barrent la route pour racketter. A chaque fois, l’angoisse s’installe aussitôt chez les voyageurs de nationalité malienne. Il faut obligatoirement payer 2 000 Fcfa. Souvent, certains bagages sont descendus par les douaniers en raison de leurs contenus et leurs propriétaires doivent impérativement payer. Les Ivoiriens, eux, ne sont jamais inquiétés.

Nous arrivons bientôt au poste de contrôle des bagages. Les commerçants savent ce que cela signifie. «Nous allons cotiser chacun 2 000 Fcfa pour ceux qui ont des bagages en soute et 1 000 Fcfa pour ceux qui n’ont qu’une valise», explique une dame.

Un chuchotement se fait vite entendre : «Je n’ai qu’une valise contenant mes habits. Ce sont les gens qui ont des marchandises qui doivent payer», dit un passager.

«Après tout, c’est le boulot de la douane de contrôler les véhicules. Vous nous prenez ici pour des voleurs. Si on ne paie pas, ils nous demanderons de faire descendre tous les bagages. Nous allons descendre les valises de ceux qui ne paieront pas et nous continuerons la route sans eux», lance un apprenti-chauffeur, fâché. Là, aussi, quasiment tous les voyageurs avec bagages sont abusés.

Après Tengrela, en profondeur des terres ivoiriennes, une longue route s’étale devant les voyageurs. Une route carrossable, agréable de par son beau paysage. La Côte d’Ivoire dispose d’une mer généreuse, de forêts abondantes et, aussi, d’un sous-sol qui regorge de minerais précieux. Des forêts s’étendent à perte de vue, après chaque village où ville.

Le voyage entre Bamako et Abidjan par bus, est sans doute, plein de découvertes même si les passagers sont fatigués de s’assoir et à cause des tracasseries sur un trajet qui ne dépasse pas, en temps normal, plus de 24 heures de route.

Sous une fine pluie, on arrive à Yamoussokro où se trouve la basilique «Notre Dame de la Paix», une impressionnante bâtisse, par sa taille et sa beauté. C’est vers 14 heures, le lendemain de notre départ de Bamako, que la ville d’Abidjan se montre enfin. La découverte de la ville est un soulagement. Le passager retrouve une ambiance de ville coquette avec ses embouteillages, ses taxis peints aux couleurs bleu et rouge, les wôrô wôrô (transport en commun) et, surtout, le tintamarre des klaxons.

Abidjan est une ville en pleine croissance où des buildings poussent comme des champignons. Mais l’on y retrouve aussi des bidonvilles, ces quartiers d’habitats faits de matériaux de récupération et où vivent des milliers de personnes dans des conditions très précaires.

FMS/MD (AMAP)

Retrait des cartes biométriques : Forte affluence, délivrance lente

L’appel lancé, il y a quelques jours, par deux ministres a incité les Bamakois à retirer leurs pièces. Mais le processus n’est toujours pas bien huilé

Par Bembablin DOUMBIA

Bamako, 12 sept (AMAP) L’opération de retrait des cartes nationales d’identité biométrique sécurisée se passe bien dans la capitale. Cette opération, qui a débuté en avril dernier, mobilise, ces derniers temps, les habitants de Bamako. En ce lundi 4 septembre, l’ambiance est bon enfant à la mairie de la Commune VI du District de Bamako, où des agents de la police nationale délivrent les cartes biométriques. Femmes, hommes, vieux et jeunes, tous sont là pour retirer leurs pièces.

Pour maintenir l’ordre, les agents ouvrent une liste où les usagers doivent s’inscrire. Boubacar Guindo en fait partie. Le jeune homme est la 97è personne sur cette longue liste. Notre interlocuteur indique avoir vérifié la disponibilité de sa carte avant de faire le déplacement. Contrairement à lui, beaucoup de nos compatriotes se sont présentés devant les agents sans prendre la moindre précaution de vérifier la disponibilité de leurs documents. Ce qui constitue une difficulté pour le personnel en charge de la distribution. Ce dernier se retrouve ainsi dans l’obligation de s’occuper de ces personnes voire de les orienter.

Une autre difficulté des agents a trait à la non disponibilité des cartes de certains usagers malgré le message de confirmation. «Nous remontons ces informations, sans succès», confie un agent. Les personnes dans cette situation doivent repasser de temps à autre pour voir si leurs pièces sont disponibles.

Le site de la mairie de la Commune VI délivre plus de 300 cartes biométriques par jour, selon ses responsables. Le précieux sésame peut être retiré notamment sur présentation de la carte nationale d’identité, de la carte Nina, du passeport, de la fiche individuelle descriptive, de la carte consulaire et de la carte professionnelle pour les Forces de défense et de sécurité (FDS). «On peut le retirer, également, par procuration à travers la mairie», a confié notre interlocuteur.

Mahamar Aguissa Touré vient de récupérer sa carte à la mairie de la Commune VI. Satisfait, cet enseignant se dit maintenant à l’abri de tout, car le document est sécurisé. Il a invité nos compatriotes à venir chercher leurs pièces. Pour lui, cet acte « constitue un signe de citoyenneté. »

Mahamar Aguissa Touré appelle aussi à retirer les cartes en vue d’accomplir les votes lors des prochaines élections. Il a rappelé que ce document est valable dans tous les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Beaucoup de nos compatriotes se déplacent pour retirer la carte biométrique, en raison de sa vocation de carte d’identité. Cela est d’autant plus compréhensible que l’accès à la carte nationale d’identité au niveau des commissariats de police relève d’un parcours du combattant.

Au moment de notre passage à la mairie de la Commune VI, aux environs de 10 heures, des usagers estimaient que le processus de retrait était lent. Même constat au niveau de la mairie de la Commune V, où l’opération se déroulait aussi sans anicroche.

Cependant, des usagers se plaignaient de la lenteur du retrait. « Une situation qui décourage les populations », estime un jeune très en colère. «Après quoi, on va dire que les gens ne s’y intéressent pas…», renchérit-t-il.

Face à cette situation, certains usagers proposent d’augmenter le nombre des agents chargé de la distribution pour pallier cette situation. Mais aussi les sites de retrait. Un jeune, qui a requis l’anonymat, vient d’avoir sa carte dans ce centre. Notre interlocuteur, plus ou moins satisfait, déplore la non prise en compte de la modification qu’il avait apportée lors de l’opération de mise à jour des données biométriques, tenue en janvier dernier. Il avait demandé de changer sa profession, qui est finalement restée comme telle sur sa carte Nina à savoir : «Étudiant et élève».

« C’est ma photo seulement qui a été changée», regrette le jeune homme. « Il y a quelques mois, certains agents nous avaient confirmé qu’à part les photos, les corrections apportées par les populations lors de la mise à jour des données Nina n’ont pas été prises en compte. », fait-il remarquer.

Au niveau de la mairie de la Commune IV du District, deux agents vérifient les messages de disponibilité des usagers en file indienne. Ils orientent ceux dont le lieu de retrait se trouve ailleurs. À la Brigade fluviale de Bamako, où nous sommes passés également, le processus se déroule sans problème.

FAIBLE TAUX DE RETRAIT– Jeudi 31 août, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, et son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le général Daoud Aly Mohammedine, avaient déploré le faible taux de retrait des cartes biométriques sécurisées lors d’un point de presse.

À titre d’illustration, sur 1.192.090 cartes disponibles pour les populations de Bamako, seulement 109.643 ont été retirées. Les deux ministres ont assuré que la production de ce sésame se fait à un rythme satisfaisant avec une confection de 69.900 cartes par jour par la société partenaire qui travaille tous les jours. Ce, afin que «la production puisse augmenter et atteindre le cap de 8 millions de cartes d’électeurs avant les élections». Déjà, sur ces 8 millions de cartes, plus de 5 millions ont été produites.

Le gouvernement envisage de terminer avec les moins de 3 millions de cartes qui restent à produire. Il a, également, assuré que toutes les dispositions ont été prises pour éviter la «pagaille» dans la distribution de ces documents.

«Aucune personne ne doit payer», ont-ils instruit, en réponse aux rumeurs selon lesquelles certains agents de distribution prenaient de l’argent avec les usagers.

Les autorités ont par ailleurs annoncé la suppression des contrôles par tablette pour simplifier la remise des cartes. Malheureusement, sur certains sites à Bamako, des tablettes étaient visibles, lundi 4 septembre, où on prenait l’empreinte des usagers, qui signaient également. Ce qui pourrait expliquer en partie la lenteur constatée autour de l’opération.

BD/MD (AMAP)

 

 

 

 

Encadré

GARANTIES D’INVIOLABILITE

La carte nationale d’identité biométrique sécurisée constitue un document adéquat au regard des garanties d’inviolabilité qu’elle présente. Ce précieux sésame est l’unique document d’identification. Il est sécurisé, personnel et incessible. Pour cette première phase, tous les Maliens âgés d’au moins 18 ans recevront leurs cartes nationales biométriques gracieusement offertes par l’État. La première dotation de cette pièce est donc gratuite pour chaque citoyen. Toutefois, le renouvellement est payant. L’actuelle carte nationale d’identité reste valide, au maximum une année, après la délivrance des premières cartes biométriques. Ce délai peut être prorogé par un arrêté du ministre chargé de la Sécurité. Il convient de souligner que le défaut de mise à jour des données Nina n’empêche pas d’avoir sa carte biométrique. La remise de cette pièce est gratuite. Son retrait est «individuel». La carte nationale biométrique a une durée de validité de 5 ans.

Avant de se rendre dans un centre de retrait, les populations ont la possibilité de connaitre le lieu où elles peuvent entrer en possession de leurs cartes. Il suffit de consulter par SMS au 36 223. Selon le gouvernement, le choix opté consiste à produire et à remettre simultanément les cartes nationales biométriques en raison du chronogramme des élections.

B.D

 

 

 

Recrudescence des attaques dans le Nord : Les populations de Gao expriment leur soutien à l’État

Des populations vaquent à leurs occupations dans la ville de Gao (Photo AMAP)

Gao, 12 sept (AMAP) Tandis que certains habitants de Gao, dans le Nord du Mali, demandent aux forces de défense et de sécurité de redoubler de vigilance, d’autres pensent que le divorce avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) est nécessaire pour mieux sécuriser notre territoire.

Ici, c’est toujours l’émoi après l’attaque kamikaze qui a visé, vendredi, le camp Firhroun dans la zone aéroportuaire de Gao. Au lendemain de cette incursion terroriste, l’Armée a annoncé qu’un incident s’est produit au nord de la ville impliquant un de ses aéronefs. Selon les explication du chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général de brigade Alou Boï Diarra, l’appareil avait effectué « avec succès une mission qui s’est déroulée vers le crépuscule dans des conditions météorologiques très exécrables. »

Malheureusement, il y a eu quelques problèmes techniques qui ont obligé l’équipage à s’injecter de l’appareil qui s’est ensuite écrasé, selon l’officier.

Ces évènements dramatiques sont intervenus 24 heures après l’attaque terroriste du bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation (COMANAV) dans la zone de Gourma Rharous faisant plusieurs morts et blessés.

La multiplication des attaques par les terroristes, en complicité avec des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a pour but de créer la psychose au sein des populations.

À Gao, certains habitants sont toujours sous le choc après l’attaque du camp Firhroun considéré comme le plus grand et le plus sécurisé dans le Nord du Mali. Il n’y pas longtemps, l’endroit servait de base aussi pour la Force française Barkhane et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Pour mieux renforcer la sécurité dans la Région, le gouverneur de Gao, le général de brigade Moussa Moriba Traoré, a pris de nouvelles mesures comme l’interdiction de circulation des véhicules non immatriculés, des véhicules Land Cruiser et des véhicules teintés entre les villes, villages, hameaux et campement dans la Région de Gao. Seuls les véhicules et autres engins des forces de défense et de sécurité sont autorisés.

En plus, un couvre-feu a été instauré dans la Cité des Askia de 20 heures à 6 heures du matin, « à compter du 10 septembre 2023 jusqu’à nouvel ordre. »

Ces mesures sont destinées à rassurer les populations de la Région de Gao. Pour Bossou Touré, cadre d’un service administratif à Gao, les mesures sécuritaires prises par le gouverneur « sont salutaires et permettront », selon lui, « de démasquer des personnes mal intentionnées. »

Mieux, notre interlocuteur suggère qu’il faut aussi interdire la circulation de tous les pick-up dans la ville de Gao. Il tient pour responsable la CMA qui a décidé « de se retirer du processus pour la paix pour reprendre les hostilités avec ses complices terroristes. »

Le retraité Mahamane Maiga a servi à la direction régionale des transports de Kidal. Pour faire face aux agressions des ennemis de la paix, il demande aux forces de défense et de sécurité « de redoubler de vigilance et, surtout, de rester sur le qui-vive pour parer à toute éventualité. »

« Si l’Armée riposte vigoureusement aux attaques terroristes comme ça a été récemment le cas avec les attaques du bateau Tombouctou, des camps de Bamba et de Gao », Mahamane Maiga pense qu’elle devrait surtout être agressive dans l’anticipation.

Cela pour minimiser les dégâts en termes de vies humaines. «Un Malien qu’il soit civil ou militaire qui meurt sous les balles des terroristes est un mort de trop», dit-il.

L’opérateur économique Albouhari Maiga partage le même avis. À l’en croire, on pouvait éviter l’attaque du bateau Tombouctou « si la menace des groupes armés avait été prise au sérieux par les autorités militaires et administratives. »

«Il y a aussi un point à ne pas négliger. C’est que les éléments des forces de défense et de sécurité qui escortent les bateaux, ne doivent pas être à l’intérieur de ces bateaux, mais plutôt dans des petits bateaux militaires bien équipés et adaptés», préconise-t-il.

AT/MD (AMAP)

Go to Top