Saint Pétersbourg : Le président de la transition rencontre la communauté malienne en Russie

Envoyé spécial
Moriba COULIBALY

Saint-Pétersbourg, 30 juil (AMAP) Le chef de l’État malien, le colonel Assimi Goïta, a rencontré les Maliens résidant en Russie avec lesquels il a dressé la situation du Mali et a exhorté les étudiants à retourner au pays pour faire bénéficier de leurs connaissances.

S’adressant à la communauté, en langue nationale bamanankan, le président de la Transition a s’est réjoui du soutien réaffirmé de ses compatriotes en Russie aux autorités maliennes.

Il leur a demandé de respecter les lois du pays d’accueil qui « est plus qu’un ami et un partenaire exemplaire et fiable. » Il a encouragé les étudiants maliens à être assidus aux cours, « surtout à retourner au pays en vue d’apporter leurs pierres à la construction de l’édifice national, en mettant leurs connaissances au service de la Nation. »

Ces derniers ont souhaité que l’État fasse un effort pour augmenter le complément de leur bourse d’études (la contrepartie que l’État verse aux étudiants boursiers de l’extérieur) qui est présentement de 100 000 Fcfa par trimestre. Cette somme ne leur permet pas de faire face à leurs dépenses.
Le chef de l’État a souligné qu’il a compris les difficultés financières des étudiants.

Reconnaissant la justesse de leur revendication, le président Goïta a précisé que « les études riment très souvent avec des contraintes financières. » Il a révélé son cas, alors qu’il était un homme marié, il ne touchait que 25 000 Fcfa par mois pour s’acquitter des frais de la mutuelle qui s’élèvent à 10 000 Fcfa. Le restant, tout naturellement, ne pouvait guère suffire pour ses besoins.

«Cela ne signifie pas que vous ne méritez pas ce que vous demandez, c’est qu’il faut toujours se mettre en tête que la vie rime avec difficultés», a souligné le chef de l’Etat.

Toutefois, il a exhorté les étudiants à plus de résilience compte tenu du contexte actuel du Mali, notamment la situation d’insécurité que le pays vit. Il a, aussi, rappelé que pendant l’embargo et après, le pays s’est attelé à assurer sa sécurité, en cherchant des « partenaires sûrs qui peuvent l’aider et à assurer la survie de l’Etat.

« Dans ce contexte, notre pays a rencontré beaucoup de difficultés, des partenaires traditionnels avec lesquels nous sommes en délicatesse nous ont tourné le dos et ont employé tous les moyens pour décourager ou dissuader d’autres qui peuvent nous venir en aide. », a-t-il dit.

« Quand j’ai envoyé des émissaires en Russie, notamment le ministre de la Défense et des Anciens combattants, et ceux en charge des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, de l’Economie et des Finances, la partie russe a répondu favorablement à nos doléances et elle nous a appuyé pour nous permettre d’obtenir les résultats que nous connaissons aujourd’hui », a révélé le président de la Transition.

« Le développement d’un pays ne rime avec le tout sécuritaire, il faut aussi promouvoir l’emploi, les infrastructures et beaucoup d’autres aspects du développement. », a encore dit le chef de l’Etat.

Il signalé que lors des interventions militaires sur le terrain, des jeunes qui ont été interpelés et qui sont engagés « aux côtés des ennemis de la Nation » ont expliqué qu’ils sont payés à plus de 150 000 Fcfa par «leurs employeurs» et qu’ils ont rejoint les rangs des terroristes par nécessité.

«Je comprends leur détresse. C’est parce qu’ils ont été confrontés aux dures réalités de la vie. Il y a parmi eux ceux qui ont tenté l’aventure de l’émigration mais ont été refoulés dans leur pays et n’ont pas d’emplois ou d’opportunités qui leur permettent de se rendre utiles à la Nation », a expliqué Assimi Goïta..

SOUTIEN AUX ACTIONS DE LA TRANSITION – Néanmoins, s’adressant aux étudiants, il a aussi indiqué que le Mali « compte sur (eux) pour consolider les rangs des bâtisseurs de la République. » « Le pays a besoin de toutes ces intelligences et vous qui avez bénéficié de bourses d’études à l’étranger, la Nation compte, particulièrement, sur vous pour lui faire bénéficier de vos connaissances acquises à l’extérieur», a ajouté le chef de l’Etat.

Il a enfin assuré que le ministre de l’Économie et des Finances, Alousseini Sanou, qui l’accompagne, a pris bonne note de les doléance estudiantines. Et,en guise de contribution symbolique, le chef de l’État a remis une enveloppe de 8 000 euros (un peu plus de 5 millions de Fcfa) à la communauté. Il a fait des bénédictions pour les étudiants, la communauté et le pays.
Auparavant, Aliou Tounkara et Issa Togo, les représentants de la communauté malienne résidant en Russie ont exprimé leur soutien aux autorités de la Transition.

« Nous sommes plus que jamais fiers d’être Maliens ! Notre pays à l’étranger est respecté, admiré et adoubé par beaucoup d’autres nationalités », ont dit les intervenants.

Aliou Tounkara a, cependant, précisé que la communauté malienne est confrontée à l’obtention et ou au renouvellement des documents administratifs (passeports et nationalité malienne) pour les enfants nés à l’étranger.

Prenant la parole à son tour, le Pr Issa Togo s’est dit « fier et heureux de partager les soucis du pays ». Il a exhorté les autorités à consolider l’enseignement qui est fondamental pour le développement d’un pays.

« Une nation non instruite sombre facilement dans le chaos, pour éviter cela l’enseignement doit être au cœur des priorités », a dit l’enseignant qui est chargé de cours à la prestigieuse Université polytechnique de Saint-Pétersbourg et est membre de l’Académie des Sciences de la Fédération de Russie. Un statut qui en fait pour une fierté pour le Mali.
Auparavant, l’ambassadeur du Mali en Russie, le colonel major Seydou Kamissoko a rappelé « les relations amicales » avec la Fédération de Russie et les autres pays de sa juridiction.

Il a évalué la communauté malienne à un millier de résidents parmi lesquels les étudiants, au nombre de 200, dont 67 boursiers de l’État, le personnel des forces de défense et de sécurité en formation est de 240 personnes.

Dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale, la Fédération de Russie a augmenté le quota de bourses d’études octroyées au Mali. Ainsi, ce nombre passera de 35 à 290 boursiers pour l’année académique 2023-2024. Il a félicité les autorités russes pour tous les efforts déployés en faveur du Mali en vue de renforcer la coopération multiforme entre les deux pays.

Il a salué la présence d’une forte délégation d’opérateurs économiques maliens au Forum économique et humanitaire organisé par les autorités russes, cette semaine, à Saint Pétersbourg.
Le diplomate a expliqué que « la communauté malienne se caractérise par sa participation à toutes les activités organisées. » Elle est bien organisée et Aliou Tounkara, vice-président du Conseil national de Transition (CNT) représente cette communauté au plan national.

Le Pr Issa Togo est proposé au poste de Consul honoraire du Mali à Saint Pétersbourg.

Les difficultés auxquelles la communauté malienne est confrontée, selon le diplomate, sont le complément de bourse pour les étudiants et le manque de soutien financier en faveur des recherches scientifiques des doctorants.

MC/MD (AMAP)

Quelque 200 Maliens rapatriés de la Tunisie, du Niger et de l’Angola (Communiqué)

Bamako, 16 mar (AMAP) Des Maliens, au nombre de 201, ont regagné Bamako, entre le 14 et le 15 mars, à bord de différents vols en provenance de la Tunisie, du Niger et de l’Angola, a annoncé un communiqué du ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine (MMEEIA) parvenu à l’AMAP.

Le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou AG Ilyene, a d’abord accueilli, dans la nuit du 14 au 15 mars 2023, à l’Aéroport international président Modibo Keïta, 20 de ses compatriotes sur 46 prévus, en provenance de Tunis (Tunisie).

A leur arrivée, le ministre Alhamdou AG Ilyene, après leur avoir souhaité la bienvenue au nom des autorités de la Transition, a assuré de « l’accompagnement du ministère et de ses partenaires afin de (leur) permettre de regagner (leur) domicile.

Les rapatriés sont arrivés à bord d’un vol commercial organisé par les autorités maliennes pour les assister ces Maliens en détresse en Tunisie. L’opération est entièrement prise en charge par le gouvernement à travers le ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine. Celui-ci a mis des fonds à la disposition de l’Ambassade du Mali à Tunis pour la prise en charge alimentaire et sanitaire des intéressés.

Le ministre en charge des Maliens de l’Exterieur a invité ses compatriotes à une grande implication dans le processus, rappelant que « la liste pour le rapatriement volontaire reste ouverte à l’ambassade et tous ceux désireux de revenir peuvent s’y inscrire. »

Il a, également, procédé à la remise d’une somme symbolique à un de nos compatriotes retournés, pécule prévu pour chacun d’entre eux pour leur permettre de regagner leur domicile.

Ce troisième accueil de la journée avait été précédé, plutôt dans la journée, de l’arrivée de 149 et 32 rapatriés, respectivement du Niger et d’Angola. Selon le communiqué officiel, ils ont été accueillis par la secrétaire générale du ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, Mme Tangara Nema Guindo.

Le vol affrété en provenance d’Agadez (Niger) est arrivé à 14h30, tandis les rapatriés d’Angola sont arrivés à bord d’un vol commercial, faisant un total de 201 Maliens de retour dans leur pays en un seul jour.

SS/MD (AMAP)

 

 

Fousseyni Maïga, directeur général du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) : «Faire du cinéma un pilier du développement économique»

Propos recueillis

par Amadou SOW

Bamako, 07 nov (AMAP) Pour les cinéphiles, le glorieux passé du cinéma malien évoque en eux des souvenirs agréables. Ils souhaitent de tout cœur que le 7è art malien retrouve son lustre d’antan à travers des films, mais aussi des hommes et des femmes (ces cinéastes qui ont fait du Mali une grande nation de culture cinématographique). Malheureusement, depuis quelques années, le secteur connait des difficultés. Pour en savoir plus, nous avons échangé avec le nouveau directeur général du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), Fousseyni Maïga, qui a fait le check-up du cinéma malien.

AMAP : Votre nomination à la tête du cinéma malien a été largement commentée sur les réseaux sociaux comme étant un coup de pouce pour le 7è art. Quelle appréciation en faites-vous ? 

Fousseyni Maïga : Permettez-moi tout d’abord d’adresser ma reconnaissance à toutes les personnes ayant commentées positivement ma nomination sur les réseaux sociaux. Je voudrai également exprimer toute ma gratitude aux plus hautes autorités du pays, à travers le ministre en charge de la Culture, Andogoly Guindo. J’ai été agréablement touché par la motion de soutien de la Fédération nationale du cinéma et de l’audiovisuel du Mali (FENACAM) qui regroupe tous les corps de métier du cinéma et de l’audiovisuel.

Malgré des défis structurels auxquels le cinéma fait face, depuis plusieurs années, nous avons apporté notre modeste contribution au rayonnement du secteur à travers des productions régulières, le développement d’un nouveau modèle économique et une nouvelle offre cinématographique plus volontariste. Au-delà de nos ambitions, nous avons mesuré les attentes de cette responsabilité.

AMAP : Le cinéma malien peine, depuis 20 ans, à se hisser au sommet des grands événements cinématographiques comme le Fespaco. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

FM : Les brillants résultats engrangés par le cinéma malien en son temps étaient le fruit d’une série d’initiatives volontaristes entreprises par les plus hautes autorités du pays et plaçant le cinéma au cœur de la dynamique de construction d’une identité culturelle forte. Cette volonté politique a permis la formation de nombreux cinéastes, et s’est traduite par la valorisation d’un marché avec l’ouverture de salles de cinéma dans presque toutes les agglomérations du pays. L’acquis le plus important à l’époque était le financement de la filière avec des guichets internationaux qui ont renforcé les moyens locaux mis à la disposition par l’État. Les résultats, naturellement, ont été à hauteur d’ambitions.

Hélas, depuis quelques années, le Mali brille par son absence. Cette léthargie s’explique essentiellement par le manque de financement, mais aussi un déficit de structuration des différents corps de métier, le faible niveau des ressources humaines et bien entendu un manque de volonté politique. Malgré cette faiblesse, les films maliens sont bel et bien présentés au FESPACO. Ils concourent avec des films dont le budget est 40 fois plus élevé que celui des nôtres. Il faut l’admettre aussi, les œuvres proposées par nos cinéastes ne sont pas très compétitives et ne bénéficient toujours pas du lobbying ou de la promotion nécessaires pour maximiser leurs chances.

AMAP : De votre prise de fonction à nos jours, quelles ont été les grandes actions menées par le CNCM pour le réveil du cinéma malien ?

FM : Après trois mois d’activité, des résultats concrets ont été enregistrés sur tous les chantiers malgré la situation conjoncturelle du pays, marquée par le gel des crédits et les restrictions budgétaires. La première action a porté sur une série de consultations et de réflexions qui nous ont permis d’écouter les acteurs et professionnels de la filière cinéma, de recueillir leurs attentes et d’analyser avec eux les pistes de solution pour la relance du secteur. Cela a permis d’élaborer un plan d’action stratégique qui couvre la période 2022-2024 et une proposition de relecture et d’adoption d’une  Politique nationale pour le cinéma.

Cette réflexion a, aussi, permis de faire des recommandations qui sont, entre autres, la gouvernance, la formation, la professionnalisation, l’augmentation substantielle et qualitative des productions et le développement d’un marché intérieur du cinéma. En effet, l’approche managériale a été repensée et orientée vers une gestion inclusive. Un système de gestion intégré a été initié au CNCM afin de moraliser la gestion des ressources financières et d’augmenter substantiellement les recettes.

Il faut également noter la relecture des contrats et une augmentation de 100% de la masse salariale du personnel contractuel. La FENACAM et l’ensemble des partenaires sociaux internes sont associés dans les prises de décisions et consultés pour les orientations stratégiques. Le processus de relance de la carte professionnelle, la structuration avec les organisations faitières et la relecture des textes ont été déclenchés. Les programmes de formation, production et diffusion ont été lancés.

Pour la formation, «In pact cinéma» est un projet fédérateur qui forme 50 nouveaux talents dans tous les corps de métier du cinéma. Ces derniers seront formés sur une période de 6 mois, accompagnés dans la réalisation de leurs premiers ou seconds projets et coachés pour faciliter leur intégration dans les métiers du cinéma.

Durant ce trimestre, ont été produits 4 films dont 2 longs métrages fiction et documentaire. Cette performance s’explique autant par la motivation du personnel. Le CNCM a, aussi, soutenu 10 projets de cinéma qui  seront disponibles d’ici le 31 décembre prochain contre une moyenne de 2 à 3 projets par an.

Pour le marché intérieur, nous avons acquis un financement pour les études de réhabilitation de 7 salles de cinéma dans  les localités de  Bamako, Kati, Ségou, Koulikoro, Markala, San et Mopti avant fin  2024.

AMAP : Selon vous, quelles sont les difficultés qui plombent le 7è art au Mali  ? 

FM : Depuis de nombreuses années, il n y a plus aucun dispositif de formation dans les métiers du cinéma. Les stages et opportunités ponctuels, ayant permis d’avoir des alternatifs de formation pour la génération intermédiaire de cinéastes maliens, se font de plus en plus rares. Le déficit de productions locales, faute de financement, l’absence de structuration et de compétitivité des sociétés de productions nationales, l’inexistence d’une école spécialisée dans les métiers du cinéma sont autant de facteurs qui fragilisent le cinéma malien.

L’Essor : Le Mali assure le secrétariat exécutif des directeurs des cinémas dans les pays de l’Union économique monétaire Ouest africain (UEMOA) à travers votre personne. Pouvez-vous nous restituer la vision de cette organisation ? Et qu’apportera-t-elle à notre cinéma surtout en cette période de vaches maigres ?

FM : Du 5 au 10 septembre derniers, s’est tenue à Abidjan une table ronde des directions en charge de la cinématographie dans l’espace UEMOA. Au cours de cette rencontre, nous avons établi un diagnostic du dispositif règlementaire et institutionnel dans les différents pays de l’organisation en vue d’évaluer l’état d’avancement de la transposition des directives de l’UEMOA sur l’image dans chaque pays et analysé les points de blocage.

La rencontre a été sanctionnée par plusieurs recommandations dont la mise en place d’un secrétariat exécutif, chargé de coordonner les actions des différentes directions en charge de la cinématographie de l’espace UEMOA. Le Mali, à l’unanimité, a été désigné pour diriger cette instance dont la mission principale est de jeter les bases d’une industrie cinématographique à l’échelle sous régionale et d’une mutualisation des ressources.

AMAP : Quelles sont les perspectives en cette période de résilience face aux multiples crises pour redorer le blason du cinéma malien ?

FM : Notre vision est de faire du cinéma un pilier du développement économique au Mali. Cela passe par la promotion de l’industrie cinématographique et des réformes structurelles dans le cadre de la professionnalisation de la filière.

L’ambition du CNCM, dans un bref délai, est de structurer les bases d’une industrie cinématographique tournée vers le futur, booster la production locale, promouvoir les corps de métier à travers la formation, développer le marché intérieur du cinéma. Mais, aussi, renforcer les partenariats et les sources de financement. Enfin, faire du cinéma un puissant vecteur de développement du Mali.

AS (AMAP)

Des données mesurables et réalistes, indispensables à une meilleure gouvernance de la migration (Ministre malien) 

La Politique nationale de migration (PONAM) met un focus important sur la question des données migratoires

Bamako, 30 juin (AMAP) « Il est impossible d’avoir une meilleure gouvernance des migrations sans des données mesurables et réalistes », a déclaré, mardi dernier, le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyene, qui a présidé l’ouverture, à Bamako, des travaux de l’atelier de présentation des conclusions de deux études de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies sur la migration.

En présence de la représentante de la CEA des Nations unies sur la migration, Sarah Boukri et de nombreux autres invités, le ministre Ag Ilyene a révélé, que « dans le nouveau plan d’actions de la Politique nationale de migration (PONAM), un focus important a été mis sur la question des données migratoires », ajoutant qu’en absence de données fiables, la planification devient difficile, voire hasardeuse. 

Cette rencontre de trois jours était destinée à présenter les conclusions des deux études relatives aux statistiques nationales migratoires et à la reconnaissance des compétences des migrants au Mali, a été suivie des ateliers de renforcement de capacités des acteurs pour mieux outiller les praticiens sur la migration.

Parlant des deux études, le ministre malien a indiqué qu’elles s’inscrivent respectivement dans la mise en œuvre de l’objectif 1 du pacte mondial pour les migrations, intitulé «Collecter et utiliser des données précises et ventilées qui serviront à l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits». Et l’objectif 18, intitulé «Investir dans le perfectionnement des compétences et faciliter la reconnaissance mutuelle des aptitudes, qualifications et compétences»

 « L’adoption du document du Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières en décembre 2018 à Marrakech au Maroc par la conférence intergouvernementale des Nations unies constitue une avancée significative dans la recherche de solutions durables au niveau mondial face aux défis migratoires de plus en plus croissants et multiformes », a rappelé le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine. 

Selon Alhamdou Ag Ilyene, le Mali salue cette adoption et s’est pleinement engagé dans sa mise en œuvre à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action national en cohérence avec les axes stratégiques de la PONAM. « Cette initiative de la CEA, a-t-il souligné, réconforte notre pays dans son engagement pour la mise en œuvre du Pacte de façon spécifique et plus globale pour une meilleure gouvernance des migrations ». .

De son côté, la représentante de la CEA des Nations unies a mis l’accent sur le nombre de migrants internationaux dans le monde qui est estimé à 281 millions en 2020, soit 3,6 % de la population mondiale dont 36 millions d’Africains. Ce qui fait dire à Sarah Boukri que sur ce dernier chiffre, 80% se déplacent à l’intérieur du continent. Ce qui nous amène au fait avéré qu’il n’y a que 7 millions de personnes qui quittent l’Afrique pour le reste du monde dont 1,5% de manière irrégulière.

Elle a fait noter que le Mali est un pays de départ et devient, de plus en plus, un espace de transit et de destination. De 1987-1998, il y a eu une diminution relative des taux de migration et une augmentation de l’arrivée de populations étrangères au Mali.

MK/MD (AMAP)  

Festival Bélénitugu: Un levier de développement

Ses initiateurs veulent faire du Festival Bélénitugu un socle de consolidation des rapports humain et du vivre ensemble

Par Amadou SOW

Bamako, 20 mai (AMAP) Véritable fête populaire à Somasso, une Commune rurale, à 35 Km de Bla avec une superficie de 2.185 Km et 17.000 habitants, le Festival Bélénitugu s’impose, désormais, dans l’agenda culturel de la localité. 

La 7è édition de ce rendez-vous culturel s’est déroulée du 14 au 18 mai derniers sous le thème : «Cohésion sociale, gage d’un Mali résiliant».

Au-delà de son aspect festif, le Festival Bélénitugu prend de plus en plus une dimension importante et ses initiateurs veulent en faire un socle de consolidation des rapports humains donc de vivre ensemble.

Des centaines de personnes ont ainsi convergé vers la localité en dépit du contexte de sanctions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine  (UEMOA), imposées au Mali.

A l’entrée du village, la population en nombre a accueilli les délégations venues de Bamako et de l’intérieur pour participer à ce festival qui restitue un pan important de la culture du terroir. La présence massive des festivaliers et la qualité des invités attestent  de tout l’intérêt que revêt cette rencontre dont la dimension ne cesse de croître, d’année en année. En tout cas, ceux qui ont la chance de participer à la première édition en 2015 peuvent mieux apprécier toute la dimension prise par ce Festival.

Dans une ambiance festive, de vivre ensemble et de partage, le Festival Bélénitugu a tenu toutes ses promesses. Organisé à l’initiative de l’Association pour le développement de Somasso (ADS), en collaboration avec les autorités coutumières et politiques de Bla, l’évènement était présidé par le  ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Modibo Koné.

Le ministre Koné a plaidé pour la paix, la cohésion sociale et l’accompagnement des initiatives de refondation. Il a exprimé sa satisfaction de soutenir les actions de développement de la Commune de Somasso à travers l’aménagement de la forêt de Somasso qui demeure une préoccupation du village. «Nous allons prendre des dispositions pour aménager les six hectares de cette forêt», a annoncé le chef du département en charge de l’Environnement.

Au nom des plus hautes autorités, il a salué l‘initiative et demandé à la population de soutenir les actions de la Transition, notamment la refondation d’un Mali nouveau dans la paix et le vivre ensemble.

Il a offert une enveloppe d’un million de Fcfa aux «so denw» (ses sœurs de Somasso qui sont aujourd’hui mariées dans d’autres localités) venues participer au Festival. 

Quant au président de l’Association pour le développement de Somasso (ADS), Markatié Daou, il a exprimésa reconnaissance à l’endroit des partenaires et des personnes qui se sont investies pour la réussite de l’événement.

Il a lancé un appel au ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme pour soutenir le Belenitugu qui existe depuis plusieurs siècles dans le Miangala (Somasso).

Il a expliqué que le Beleni est un géni protecteur qui est célébré, chaque année, avant l’hivernage pour protéger le village contre le mal. C’est ainsi que « l’ADS a décidé de célébrer, chaque année, le Beleni à travers le Festival », a-t-il ajouté. 

La grande innovation de cette édition est la renaissance d’une société sécrète (Koté) dont la dernière génération remonte à un peu plus de 45 ans, après leur initiation. Elle est représentée sous une forme de danse traditionnelle. 

Selon les initiateurs, le Kotè ou Kori en Minianka, est une société sécrète qui prépare les hommes à garder le secret et être endurants. C’est un élément culturel de la communauté minianka qui régit la société et incite les hommes à affronter l’ennemi en cas de conflit.

Il ressort des explications fournies que les femmes ne sont pas initiées à ce rite. Les jeunes d’alors étaient initiés après leur circoncision, entre 15 et 18 ans. C’est aussi une stratégie de guerre qui est enseignée aux jeunes pour défendre l’intérêt de la contrée.  

Auparavant les autorités coutumières et politiques avaient souhaité la bienvenue aux différentes délégations.

Cette rencontre est un espace de promotion des jeunes artistes locaux. Les temps forts du Festival ont été la prestation des troupes traditionnelles (Niogo, Koté), celle des enfants à travers un ballet, la projection du portrait de la marraine, la présentation des «so denw», la remise des moustiquaires imprégnées d’insecticide par une compagnie de téléphonie et des médicaments contre le paludisme offerts par Madou Daou, un fils du terroir.

Tout comme la production et la présentation d’émissions de divertissement, de débat et ‘Bon appétit’ sur Renouveau télé.

Pendant 5 jours, le village de Somasso a été occupé par les festivaliers venus de différentes localités. 

La programmation artistique était aussi riche avec Mamadou Dembélé dit Dabara et Seydou Daou dit Zamprin, Bonafas et sa troupe folklorique et d’autres artistes de la localité.

C’était en présence du chef d’état major de la Garde nationale, le général de brigade Elizé Jean Daou, de membres du Conseil national de Transition (CNT), du directeur général de l’Agence de promotion touristique du Mali (APTM), Sidy Keïta, de membre de l’ADS, la marraine de l’événement, Mme Daou Kadidia Coulibaly, native de Somasso, et le représentant de la compagnie de téléphonie mobile (partenaire officiel du Festival). 

AS/MD (AMAP)

Le Forum maroco-malien des diasporas plaide pour  des investissements productifs 

Bamako, 21 mar (AMAP) Les participants au Forum maroco-malien pour la mobilisation des compétences et l’investissement productif de la diaspora ont formulé une série de recommandations invitant notamment à une mobilisation des ressources additionnelles pour la prise en charge de l’ensemble des porteurs de projets de la diaspora, 

Ouvert le jeudi le 17 mars au Centre international de conférences de Bamako CICB, les rideaux sont tombés, samedi, sur cette rencontre qui a, aussi, recommandé  la signature d’une Convention d’établissement entre le Mali et le Maroc et à l’opérationnalisation de l’émission des diasporas bonds dans le cadre du Fonds d’appui à l’investissement productif (FAIP).

Organisé dans le cadre du «Projet de coopération sud-sud», ce forum participe de la mise en œuvre de la politique nationale de migration (PONAM), portée et pilotée par le ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine.

La ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, qui a présidé la clôture du forum, s’est réjouie du fait que la rencontre a pu démontrer comment la diaspora peut réellement contribuer au développement de notre pays dans sa diversité.

Pour la cheffe du département en charge des Transports, assurant l’intérim de son collègue en charge des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, l’un des temps forts du forum a été la présentation du Fonds d’appui à l’investissement productif.

À ce propos, elle a noté que l’opérationnalisation de cet outil pour accroire l’investissement productif exige un engagement de toutes les parties prenantes, particulièrement le gouvernement. C’est pourquoi, elle a rassuré «l’ensemble des acteurs concernés de l’adhésion de l’Etat à ce mécanisme d’accompagnement et (qui) jouera toute sa partition pour l’opérationnalisation de cet instrument». Mme Dembélé a, également, invité les institutions financières, les acteurs du secteur privé et les Maliens établis à l’extérieur à s’inscrire dans cette dynamique.

L’ambassadeur de l’Union européenne (UE), Bart Ouvry, a expliqué que « le Projet de coopération sud-sud est une initiative qui stimule les échanges de bonnes pratiques sur l’accueil et le retour des personnes de la diaspora, afin de créer une synergie entre les pays du Sud, voisins directs du continent européen ». 

Le diplomate européen a réaffirmé l’engagement de l’UE à soutenir les autorités dans la gouvernance des migrations et l’appui à la diaspora.

L’ambassadeur du Maroc, Driss Isbayene, qui n’a pas caché sa satisfaction, a relevé que les trois jours de travaux ont permis de rassembler ses compatriotes, les Maliens et leurs amis « autour du développement d’une relation de confiance entre les diasporas des deux pays et leurs gouvernants ». En plus, la rencontre a renforcé «la participation de ces diasporas au développement de nos pays respectifs », selon Driss Isbayene qui a annoncé l’organisation du prochain forum au Maroc.

AT/MD (AMAP)

Filière bétail-viande : L’usine des sous-produits d’abattage bientôt opérationnelle

La promotrice, Mme Soulakamoussou Konaté, reçoit les clés de l’usine

Bamako, 13 déc (AMAP) Le ministre du Développement rural, Modibo Keïta, a remis samedi dernier dans l’après-midi, les clés de l’usine des sous-produits d’abattage de Sabalibougou-Est à la directrice générale de la société Katura international, Mme Soulakamoussou Konaté, une Malienne établie en France.

Cette cérémonie, couplée à l’ouverture du marché à bétail, a eu lieu à Sabalibougou Courani à côté de l’abattoir frigorifique. Elle cérémonie fait suite à la signature entre le gouvernement du Mali et la société Katura international d’un contrat d’affermage de l’atelier de transformation des sous-produits d’abattage de l’abattoir de Sabalibougou pour une durée de dix ans renouvelable.

Modibo Keïta a relevé l’importance de la signature de ce contrat avec Katura International pour la valorisation des sous-produits d’abattage (sang, os, cornes, sabots, onglons, viandes saisies). « Ils seront transformés en aliments pour volailles et poisson, engrais et biogaz », a précisé le ministre en charge du Développement rural.

La production nationale en la matière est évaluée à 27.162 tonnes par an. L’essentiel de ces sous-produits est soit jeté dans la nature, soit stocké pour être ensuite détruit et  « constitue de ce fait des sources de nuisances et de pollution pour l’environnement des centres d’abattage », a signalé Modibo Keïta.

Parlant des termes de la convention, il a expliqué que l’apport en ressources propres de Katura International s’élève à 632.125.000 de Fcfa. Cette contribution est destinée à la rénovation, à l’expansion et à la mise en exploitation de l’atelier.

Ce qui permettra la création de 40 emplois directs et 200 emplois indirects grâce au développement de la sous-filière collecte et transport des sous-produits d’abattage, s’est-t-il. Aussi contribuera-t-elle à la production d’une tonne d’aliment poisson-volaille et de 4,5 tonnes d’engrais par jour, le développement de la production industrielle de biogaz et créera de nouvelles ressources fiscales pour l’état, a ajouté le ministre Modibo Koné.

Il a rappelé que l’atelier de transformation des sous-produits d’abattage a été construit en 2017 et équipé en 2018 sur financement du budget national pour un montant total d’environ 3 milliards de Fcfa. Ce joyau technologique, bâti sur une superficie de 2 hectares 16 ares 17 centiares n’a pas été mis en service depuis sa construction.

Selon la directrice générale de la société Katura International cette usine de valorisation des sous-produits d’abattage nous permettra de créer des emplois directs et indirects pour le bien-être de la population. Elle a pris l’engagement « de faire prospérer ce joyau et d’en faire un exemple de probité et de professionnalisme en matière de gestion ».

C’était en présence du ministre délégué auprès du ministre du Développement rural, chargé de l’élevage et de la Pêche, Youba Ba, de son collègue des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Alhamdou Ag Ilyène et du maire de la Commune rurale de Kalaban-coro, Tiékoura Diarra.

MS/MD (AMAP)

Le PM a rencontré la communauté malienne de Mauritanie pour un tour d’horizon des préoccupations nationales

Le chef du gouvernement a rencontré la communauté malienne résidant en Mauritanie

Envoyé spécial

M. S.

Nouakchott, 05 déc (AMAP) Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, en marge du Sommet sur l’éducation au Sahel à Nouakchott, a rencontré, samedi, dans la soirée, la communauté malienne résidant en Mauritanie pour partager les préoccupations des Maliens établis à l’extérieur et leur donner les nouvelles du pays.

La rencontre dans la salle de conférence du nouveau bâtiment de l’ambassade du Mali dans ce pays voisin a été riche en échanges. Estimés à plusieurs milliers, les Maliens établis en Mauritanie évoluent dans quasiment tous les secteurs économiques de leur pays d’accueil.

Ce dynamisme s’explique probablement par des conditions d’accueil acceptables que leur offrent les autorités mauritaniennes. Les propos tenus par l’ambassadeur du Mali en Mauritanie, Mohamed Dibassy, vont en tout cas dans ce sens. Le diplomate a, en effet, confié que les Maliens ne subissent plus de tracasseries liées aux cartes de séjour. « La tenue de la Grande commission mixte Mali-Mauritanie boostera davantage la coopération entre les deux pays », a-t-il estimé.

Conscients des enjeux et défis complexes auxquels fait face notre pays, nos compatriotes ont décidé de soutenir la Transition. C’est ce que l’on peut retenir de l’intervention du président du Conseil de base des Maliens de la Mauritanie, Issiaka Traoré. Il a, également plaidé pour l’ouverture et le dialogue avec les pays voisins, avant de révéler que de nombreux Maliens sont confrontés à de multiples difficultés au niveau de la frontière commune.

Après avoir fait observer une minute de silence en la mémoire de nos compatriotes récemment assassinés à Bandiagara, le Premier ministre s’est longuement exprimé sur la situation du Mali. Selon Choguel Kokalla Maïga, la situation dans laquelle se trouve le Mali aujourd’hui nous oblige à l’union sacrée et le rassemblement autour des Forces de défense et de sécurité. «Mon intime conviction est que notre pays gagnera cette lutte contre le terrorisme», a-t-il lancé.

Il s’est, également, dit convaincu que cette Transition sera le point de départ pour poser les bases de la fondation du Mali nouveau. Tout le travail de la Transition est dédié à donner satisfaction à cinq grandes revendications du peuple malien largement exprimées lors des mouvements de contestations en 2020 : amélioration de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ; ouverture des enquêtes pour éclaircir les tueries commises par des forces spéciales ; lutte contre l’impunité et la corruption.

S’y ajoutent l’organisation d’élections libres et transparentes à travers la création de l’organe unique de gestion des élections ainsi que la mise en place des réformes politiques et institutionnelles. « Il s’agira, a résumé le Premier ministre, de garantir la stabilité du régime après les élections ». « Or, a-t-il fait observer, pour des partenaires du Mali, la transition se résume aux élections ».

« Au sortir des Assises nationales de la refondation (ANR) dont les dates viennent d’être fixées, a clarifié le chef du gouvernement, les Maliens diront de quel temps ils auront besoin pour rendre irréversible le processus de changement ».

En réponse aux préoccupations soulevées par nos compatriotes, le Premier ministre a promis de rendre compte à qui de droit.

MS (AMAP)

 

Réintégration des migrants : La success story d’un rescapé de la Méditerranée

Par Mohamed TOURE

Bamako, 15 oct (AMAP) Yeli Diallo a échappé à la noyade en mer en tentant de rallier les côtes italiennes à bord d’une embarcation. Échaudé par cette mésaventure, le jeune homme est retourné au bercail pour se lancer dans le maraîchage, une activité qui lui réussit

Yeli Diallo est plus que jamais déterminé à réaliser ses nombreux projets. À 35 ans, il a le sourire pudique qui ne quitte plus ses lèvres. Mince, la barbe en bataille, l’homme confie s’être forgé une résilience face aux vicissitudes de la vie. En 2018, Yeli ne jurait que par l’Europe. Peu lui importait les risques. Marié, face aux difficultés de trouver un travail pour subvenir aux besoins de sa famille, le jeune homme s’engage alors sur le chemin de la migration clandestine.

Parti pour l’Algérie par la route, le jeune homme traverse les villes de Gao et Kidal (Nord), en bravant le danger, entre les mains des passeurs et des groupes armés. La traversée du désert le conduit en Libye, via l’Algérie. Malgré ses compétences en mécanique, c’était impossible pour lui de travailler en Libye. Trop risqué à cause des hommes armés ayant la gâchette facile. «C’est difficile de travailler avec des gens armés qui sont capables de te tuer au moindre malentendu. Le rapport de collaboration est presqu’impossible», argumente-t-il. Grâce à la débrouillardise, Yeli arrive à réunir un peu d’argent pour réaliser son rêve. Mettre les pieds en Europe.

Le jeune homme se lance, un vendredi, nuitamment, dans une embarcation de fortune. À bord, plus de 120 personnes déterminées à rejoindre l’Italie en traversant la Méditerranée. «Nous avons passé deux jours en mer sans retrouver notre chemin. Le deuxième jour, au soir, il y avait de la neige. La visibilité était réduite, pendant qu’un hélicoptère italien nous cherchait», se souvient Yeli.

Une soixantaine de personnes, dont Yeli tombent à l’eau suite à un mouvement de panique. Selon le rescapé, 54 ne survivent pas et meurent dans les profondeurs de la Méditerranée. Ses réflexes de nageur et son instinct de survie le sauvent de la noyade. « Mais l’épisode, confie-t-il, le marque à jamais ». « Pendant ces genres de moment, les gens sont sans pitié. Par exemple, ceux qui s’évanouissaient étaient jetés à l’eau pour avoir plus d’espace sur la petite embarcation », témoigne le jeune qui a encore du mal à mettre des mots sur cette mésaventure.

PRISONS À CIEL OUVERT – Le récit de Yeli donne un aperçu glaçant de la route migratoire par la mer Méditerranée. Tristement reconnue comme la plus meurtrière au monde, elle a coûté la vie, entre juin 2019 et fin 2020, à plus de 2.600 candidats à la migration, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les tentatives de traversée de la Méditerranée se terminent souvent par des échecs. Plus de 10.000 migrants ont été interceptés et envoyés dans des centres de détention par les autorités libyennes, rien qu’entre janvier et juin 2021, signale encore l’OIM. Pour le cas de Yeli Diallo, avec d’autres rescapés, il a été recueilli à Tripoli par la police libyenne.

Le jeune vivra l’expérience des centres de détention. Dans ces prisons à ciel ouvert, il fut témoin de plusieurs actes de violation des droits de l’Homme ou de violences notamment contre des femmes. Les violences dans ces centres libyens sont régulièrement répertoriées par des organismes dont le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits humains (HCR). Dans un rapport publié en mai 2021, l’organisme onusien dénonçait l’inaction de l’Union européenne (UE) et de la Libye face à la tragédie que vivent les migrants comme Yeli qui empruntent le chemin de la Méditerranée. En mars 2021, le Conseil de l’Europe dénonçait le «manque de volonté des États» d’établir des politiques de protection des migrants.

SIGNE DU DESTIN – Après l’échec de la traversée, Yeli est pris en charge par l’OIM. Il est rapatrié à Bamako avec d’autres compatriotes. « Ils ont reçu, chacun, 55.000 Fcfa afin de retourner chez eux », explique-t-il. Le retour de Yeli à la maison était aussi difficile à cause des pesanteurs sociales. Les petits emplois qu’il multiplie sont de nouveau insuffisants pour assurer les dépenses de la famille.

Reprendre la route de l’émigration lui a effleuré l’esprit. «Je voulais gagner un peu d’argent pour partir à Gao. De là, j’allais me débrouiller pour entrer en Algérie, en comptant sur un ami qui allait m’aider», détaille-t-il ainsi son nouveau plan de voyage. «Je n’avais rien à perdre et presque plus le goût à la vie. Je n’avais plus peur de mourir vu que j’avais vu des atrocités en Libye. Beaucoup de gens ont été tués devant moi», confie-t-il.

Au moment où Yeli commence à désespérer, il reçoit un signe du destin. «J’ai reçu un appel des gens de l’OIM qui m’ont parlé d’un programme d’aide pour les migrants de retour», dit-il. Ce programme mis en œuvre par l’OIM, en partenariat avec l’UE, aide certains migrants de retour à travers  la réintégration dans plusieurs domaines professionnels, tels que l’artisanat, la maçonnerie ou le secteur agricole. Yeli trouvera sa voie dans le maraîchage, domaine qu’il connait bien. Il avoue s’être attendu au début à une aide financière, qu’il aurait pu utiliser pour retourner en Algérie.

Finalement, il accepte de suivre plusieurs formations avant de commencer ses activités. «Les formations m’ont été utiles pour changer ma vision de certaines choses. Les formateurs nous disaient que nous allions rencontrer les mêmes difficultés chez nous comme à l’étranger», explique Yeli qui reçoit du matériel pour commencer son activité de maraîchage dans son village. «Je me suis décidé à travailler pour honorer la confiance placée en moi. Six à neuf mois plus tard, j’avais déjà la clôture de mon jardin avec un grillage», raconte-t-il fièrement.

RÉINTEGRATION RÉUSSIE – Yeli fait partie des quelques exemples qui prouvent que la réintégration après une expérience de migration est possible. À quelques encablures du nouveau pont de Kayes, à Danfagabougou, le jeune homme arpente chaque jour les pistes étroites, où son jardin d’un demi hectare est niché. Plusieurs autres périmètres longent les berges du fleuve. L’endroit est calme, le vent frais se mêle au chant des oiseaux pour une ambiance agréable. Yeli travaille depuis un an avec son employé, Bourama Napo, un jeune venu de Bandiagara, dans la Région de Mopti (Centre). Habitué aux activités champêtres, le jeune Dogon aide son patron, devenu son ami qui l’héberge et le nourrit. «Depuis que je travaille chez lui, nous n’avons pas eu de problème. J’ai beaucoup appris à ses côtés sur le maraîchage. Avant, je ne faisais même pas la différence entre les tomates et les herbes sauvages», ironise le jeune ouvrier, derrière un sourire.

Une balade avec Yeli permet de découvrir l’étendue de l’espace dont il dispose. Un hectare appartenant à son père. Celui-ci a pris des rides, par la force de l’âge. Le vieux Hamidou Diallo est affaibli par l’hypertension. Il s’essouffle vite en plaçant quelques mots. Sa radio à ses côtés, débite des informations du jour. «S’ils partent, c’est bien. Mais quand ils décident de revenir, ils doivent être aidés et encouragés», glisse-t-il, en parlant des jeunes migrants comme son fils qui reviennent au pays.

«Je suis très content du retour de Yeli, parce que depuis qu’il est là, il travaille beaucoup et s’occupe de la famille. Il a repris la gestion de nos terres. Son retour nous a été vraiment utile», témoigne le vieil homme qui s’était opposé au départ de son fils en 2018. Aujourd’hui, il se réjouit de voir son garçon rependre l’affaire familiale. La fierté de le voir réussir se lit sur le visage de beaucoup de ses proches. C’est le cas de Bandiougou Mariko, aussi maraîcher. Il côtoyait Yeli quand celui-ci rechignait à travailler dans les jardins. «Pour que les jeunes ne partent pas massivement à la migration, il faut leur garantir un accès à la terre. Quand un jeune a une terre et de l’aide, il ne cherchera pas à partir. Il va travailler et réussir», argumente le jardinier, pour qui l’expérience de Yeli en est l’illustration.

RÊVES ET AMBITIONS – De son côté, Yeli Diallo se dit reconnaissant des initiatives qui l’ont aidé à se relancer. «Ils m’ont aidé à avoir confiance en moi-même et en ma capacité de travailler pour m’en sortir», explique-t-il. Dans son jardin, il cultive divers légumes qui font le bonheur de ses clients, surtout des vendeuses au marché. «Nous achetons des produits chez lui. Il est compréhensif et nous aide souvent à avoir des crédits que nous payons une fois les produits vendus», explique Sétou Koné, une cliente, venue négocier quelques légumes avec le jardinier.

Yeli ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La première année de son activité en 2019, il a gagné plus de deux millions de Fcfa de la vente de ses produits de maraîchage et de son champ de maïs qu’il cultive en hivernage. Ambitieux, Yeli veut acquérir un tracteur et ambitionne de créer une entreprise. «J’ai beaucoup de projets, notamment m’investir dans la pisciculture et l’aviculture. Je suis sûr de réussir avec un peu d’aide pour débuter», dit-il.

Il ne cache pas sa fierté devant ce qu’il a pu réaliser à la sueur de son front et à la vigueur de ses bras. «Alhamdoulillah ! Nous pensions que ce n’était pas possible de réussir sans aller à l’extérieur. Kayes est une ville où, traditionnellement, les jeunes veulent tous réussir en allant à l’étranger. Je peux dire à tout le monde que je suis fier de ce que j’ai réalisé», se réjouit le jeune qui regarde désormais l’avenir avec espoir.

MT (AMAP)

Diéma : Gouba Dabo (Ouest) étrenne deux ponts réalisés par ses ressortissants pour plus de 100 millions

Diéma, 1er juin (AMAP) La localité de  Gouba Dabo, dans la commune rurale de Béma (Ouest), a inauguré, dimanche, deux ponts  que ses  ressortissants ont construit  pour plus de 100 millions de francs Cfa.

Ces ponts, sur l’affluent d’une rivière, dénommée « Hassèye », pour désenclaver le village et d’autres localités, surtout en période hivernale, mesurent 12 mètres de long, 5 mètres de large et 4 mètres de hauteur, pour le premier ; 5 mètres de longueur, 8 mètres de largeur et 2 mètres de hauteur, pour le second.

Ces ponts, solidement bâtis, ont été réalisés dans un intervalle de trois mois, de janvier à mars 2021.

Le jour de l’inauguration, hommes, femmes, jeunes et vieux, se sont tous transportés sur le lieu de l’évènement, situé à 1 km, en allant vers Béma. Certains ont effectué le trajet en motos taxis, d’autres ont emprunté des véhicules, des charrettes, d’autres, encore comptaient sur l’agilité de leurs jambes.

Le porte-parole des chefs de villages, Habou Tounkara, griot de son état, comme le veut la tradition dans ce milieu, a salué les ressortissants et l’ensemble des populations de Gouba Dabo, et de la Commune rurale de Béma, pour la réalisation de ces infrastructures, sans lesquelles, la localité serait coupée du monde. Pendant l’hivernage la route, à ce niveau, devient impraticable pour les usagers dont de nombreux commerçants qui n’arrivent pas à se tendre aux foires hebdomadaires.

Les chefs de village, à travers leur porte-parole, ont prôné la paix et l’entente, pour permettre un développement durable de leurs localités et ont formulé des vœux pour une bonne campagne agricole.

Le représentant des ressortissants de la Commune rurale de Béma, Diarra Diawara, qui a été responsabilisé pour le suivi et le contrôle des chantiers, ainsi que l’organisation de la cérémonie d’inauguration, a remercié les populations pour cette marque de confiance les ressortissants et tous ceux qui ont contribué à la construction de ces infrastructures routières d’une grande utilité.

Il a remercié particulièrement Abdoulaye Fofana et Issouf Camara, et plusieurs autres natifs de Gouba Dabo, à l’initiative de la construction des ponts. Il a réitéré son entière disponibilité à apporter le meilleur pour toute action  visant le bien-être des populations.

Le maire de la Commune rurale de Béma, Madikandia Diawara, a invité les ressortissants à l’union pour braver tous les obstacles au développement de leur commune. M. Diawara est revenu plusieurs fois dans ses propos, sur l’entente et la cohésion sociale, « seule alternative pour relever les immenses défis ». Il a cité en exemples quelques grandes réalisations des ressortissants parmi lesquelles des mosquées, écoles, centres de santé, forages,  périmètres maraîchers… « Des gestes magnanimes, a dit l’édile, qui concourent efficacement au développement de leur commune ».

Le sous-préfet de Béma, Mamadou Sissoko, s’est dit plus que comblé par cette action des ressortissants, qu’il a qualifiée de « hautement patriotique », et qui permettront de plus fluidifier la circulation surtout en hivernage. Il a expliqué la politique de l’Etat en matière d’infrastructures routières qui consiste à désenclaver progressivement le pays, mais, a-t-il insisté, « le Mali est vaste, l’Etat à lui seul, ne peut tout faire ».

Le sous-préfet Mamadou Sissoko a invité les bénéficiaires à prendre soins des réalisations. Compte tenu des impacts positifs que ces ponts auront sur l’économie des familles, il a souhaité que des actions semblables se multiplient « pour le bonheur de tous ».

Le sous-préfet de Béma, Mamadou Sissoko, a coupé symboliquement le ruban, autorisant ainsi la circulation sur les ponts fraîchement bâtis.

C’est une danse folklorique du terroir, qui a mis fin à cette cérémonie riche en couleurs.

OB/MD (AMAP)

 

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