Moussa Ag Acharatoumane, secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, ex-rébellion) : «Je ne vois pas d’autre alternative à l’Accord»

Moussa Ag Acharatoumane, secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, ex-rébellion)

Propos recueillis par 

Massa SIDIBÉ

Dans cette interview exclusive, le secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) dénonce les incohérences de certains groupes signataires de l’Accord qui préfèrent s’allier avec les terroristes islamistes contre l’Armée nationale. Ag Acharatoumane, artisan d’un pays uni dans sa diversité, évoque, aussi, l’avenir du processus de paix à la lumière des événements en cours

L’Essor : Quelles explications donnez-vous à la récente multiplication des attaques dans plusieurs localités du Mali ? 

Moussa Ag Acharatoumane : En réalité, cela est dû à plusieurs choses en même temps. Je pense que les dernières en date, c’est malheureusement la rétrocession des emprises de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à l’Armée malienne. Une Résolution votée au Conseil de sécurité de l’ONU dit que cette rétrocession doit se faire à l’État malien. Je pense que c’est autour de ces emprises militaires qu’il y a eu des incompréhensions entre les autorités centrales et une partie des movements, notamment ceux basés à Ber et à Kidal. Il s’agit essentiellement des entités de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Je pense que c’est, malheureusement, autour de cela que ces incompréhensions ont conduit à un certain nombre de choses qui ont conduit à ce que lon voit aujourd’hui, c’est-à dire la reprise des hostilités entre d’une part l’Armée malienne et d’autre part, même si c’est le sigle du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) qui est utilisé, et majoritairement des organisations issues de la CMA.

Ces emprises posent problème pour la CMA, mais chez nous à Ménaka, Gao et ailleurs, il n’y a pas eu de difficultés majeures. Parce que nous n’avons pas fait de cette rétrocession des emprises de la MINUSMA un enjeu important. Pour nous, le plus important, c’est que les gens conjuguent leurs efforts dans le cadre de la protection des personnes et de leurs biens qui sont aujourd’hui victimes des organisations barbares. Il s’agit en l’occurrence de l’État islamique dans la zone dite des trois frontières.  Malheureusement, c’est ce qui a conduit à ce qui se passe.

Il faut, aussi, comprendre qu’au Nord du Mali, il n’y a pas que des affrontements seulement avec les mouvements de la CMA qui sont sous appellation du CSP-PSD. Mais il y a, aussi, en réalité des affrontements avec les groupes armés d’obédience «djihadiste». Ceux qu’on appelle les mouvements issus d’Al-Qaïda, donc le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Et, de l’autre côté, il y a d’autres organisations comme l’État islamique qu’on appelle Daesh dans la zone des trois frontières. Aujourd’hui, l’Armée malienne a en face tous ces acteurs.

L’Essor : Pourquoi les difficultés ont surgi dès le démarrage de la deuxième phase de la rétrocession des emprises de la Mission onusienne à l’Armée malienne ?      

MAA : Parce que la première phase s’est passée dans des zones qui sont sous contrôle du gouvernement avec d’autres mouvements qui, en réalité, sont en harmonie avec l’État malien. C’est ce qui explique qu’à Ménaka, la rétrocession s’est bien passée et ailleurs aussi. Le problème a éclaté quand on a voulu reprendre le camp de Ber qui était contrôlé par la CMA. Elle a rejeté la Résolution du Conseil de sécurité, ainsi que la volonté du gouvernement malien de prendre possession de ces emprises. Les autres emprises sont beaucoup plus au Nord, c’est-à-dire celles de Kidal, Aguelhok, Tessalit. Ces emprises sont dans la Région de Kidal qui est majoritairement contrôlée par des éléments issus de la CMA. Ces derniers ont, apparemment, des raisons qui sont propres à eux selon lesquelles ces emprises ne peuvent pas être occupées par les Forces de défense et de sécurité nationales. Ce qui est en contradiction bien évidemment avec la Résolution du Conseil de sécurité.

L’Essor : Pouvez-vous revenir sur les raisons fondamentales du retrait du MSA du CSP-PSD ?

MAA : Quand on créait le CSP-PSD, c’était pour apaiser les tensions, reconstruire les communautés et mettre un terme aux conflits qui opposent les mouvements. Le deuxième objectif, c’était de conjuguer nos efforts pour protéger les populations et leurs biens. Et le troisième, c’était de mutualiser nos efforts dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Sur le deuxième objectif, nous n’avons malheureusement pas réussi à protéger les communautés, parce que cela fait une année et demi qu’une grande partie de nos populations est massacrée, de façon atroce, par l’État islamique notamment dans les Régions de Ménaka, de Gao, dans le Gourma frontalier avec le Burkina Faso.

Pendant tout ce temps, nous avons toujours demandé à ce que nos frères de la CMA, qui sont membres du CSP, nous viennent en aide pour protéger ces populations.

Malheureusement, ils ne sont jamais venus nous aider. Pendant un an et demi, il y a eu plus de mille civils  tués, massacrés et chassés de chez eux. Malgré tout cela, nous avons gardé notre calme, et un beau jour, on se lève et on fait une déclaration en notre nom pour dire que le CSP aurait décidé d’adopter cette légitime défense contre les Forces de défense et de sécurité avec lesquelles le MSA et le GATIA ont de très bons rapports.

L’incompréhension est venue de là. Pourquoi adopter une légitime défense contre les FAMa et ne pas faire la même chose contre l’État islamique qui est l’auteur des massacres atroces contre les communautés majoritairement touarègues ? Donc, c’est à partir de là que nous avons compris qu’il y a d’autres choses qui se cachent derrière notre initiative. C’est la raison principale pour laquelle nous avons décidé, en toute responsabilité, de mettre fin à notre participation au CSP.

L’Essor : Le MSA continue donc à collaborer avec les Force armées maliennes (FAMa) ? 

MAA : Le MSA et les FAMa ont de très bons rapports. Nous collaborons dans le cadre de la lutte contre l’État islamique dans les Régions de Ménaka et Gao. Nous collaborons, aussi, dans le cadre de la lutte contre le banditisme urbain et rural. À ce niveau, nous avons de très bons résultats. Par exemple, à Ménaka, la plupart des brigands, malfrats ou terroristes que nous neutralisons sont remis aux Forces de défense et de sécurité. À ce titre, nous faisons souvent des patrouilles ensemble. Nous pouvons nous retrouver sur les mêmes check-points. Cette collaboration a permis, entre autres, la réduction des conflits entre les parties signataires.

Nous avons constaté que travailler ensemble a permis de réduire les tensions, renforcer la sécurité, contribuant ainsi au fait que les parties maliennes à Ménaka se retrouvent autour de toutes les questions d’intérêt pour la Région de Ménaka. La collaboration entre les mouvements et les Forces de défense et de sécurité a permis de renforcer l’État. Le gouverneur de la Région de Ménaka est réellement le chef de l’exécutif de la région. Il s’appuie sur cette bonne collaboration pour diriger la région. L’organisation de toutes les élections dans la région sans le moindre couac en est un fort exemple.

La bonne collaboration avec les FAMa a, aussi, permis de lutter contre les menaces transnationales telles que le terrorisme avec des résultats probants qui ont permis l’arrestation de personnes étrangères venues dans la région pour s’associer aux terroristes et l’arrestation d’autres terroristes déjà en activité.

 L’Essor : Comment entrevoyez-vous le processus de paix en l’occurrence la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ? 

MAA : C’est vrai que le processus de paix est affecté avec ce qui se passe actuellement. Mais, je ne vois pas d’autre alternative à l’Accord. Mon constat aussi est que personne n’a officiellement déclaré qu’il a quitté l’Accord ni les mouvements de la CMA ni le gouvernement. Même s’il y a des affrontements, aucun de ces acteurs n’a officiellement déclaré la fin de l’Accord.

Donc, pour moi ce texte reste toujours un cadre qui nous permet de nous retrouver et de continuer à travailler ensemble. Les uns et les autres doivent regarder cela et saisir l’opportunité pour revenir autour de la table, pour discuter dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Parce que le document traite de tous nos problèmes et a permis d’avoir une certaine paix et accalmie pendant huit ans. Il ne faut pas remettre tout cela en cause pour des choses qui, pour moi, ne valent pas trop la peine. On ne peut pas remettre en cause la vie de notre nation et celle de nos populations à cause des emprises occupées par la MINUSMA. L’avenir de nos populations est beaucoup plus important que cela.

Aujourd’hui, il faut impérativement faire avancer le processus de paix avec les mouvements qui sont prêts à le faire. Ceci permettra de renforcer la sécurisation des personnes et de leurs biens mais, également, de répondre au besoin urgent du moment.

L’Essor : Quelle est votre lecture de la situation sociopolitique du Mali à l’entame de la IVè République ?  

MAA : La situation politique au Mali est compliquée, puisque nous sommes dans une Transition et si tout va bien nous devrons nous acheminer progressivement vers des élections qui sont attendues par tout le monde et ainsi, avec le retour à l’ordre constitutionnel normal.

Je pense que la IVè République que le président de la Transition vient de proclamer nous permet de faire un pas en avant, de repenser beaucoup plus en profondeur notre pays, de prendre en compte un certain nombre de choses. Par exemple, la création de la deuxième chambre du Parlement, notamment le Sénat, la valorisation des chefs traditionnels et coutumiers. Il y a beaucoup de choses positives dans cette nouvelle Constitution.

Maintenant, c’est à nous de prendre les côtés positifs et d’en faire un fer de lance pour la paix, la réconciliation et la refondation de notre pays. Je pense que c’est l’objectif des autorités actuelles et l’aspiration de l’ensemble des Maliens.

MS (AMAP)

«L’Armée (malienne) récupérera toutes les emprises de la MINUSMA sur l’ensemble du territoire national » (colonel-major Souleymane Dembélé de la DIPRA)

Avec une équipe de cinq nouveaux éléments venus de différentes unités des Forces de défense et de sécurité dont la police, la DIRPA a échangé avec les médias sur la situation sécuritaire des théâtres d’opérations.

Bamako, 05 oct (AMAP) Le patron de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (DIRPA), le colonel-major, Souleymane Dembélé, a donné l’assurance que « l’Armée récupérera toutes les emprises de la MINUSMA sur l’ensemble du territoire national. »

Au cours de la traditionnelle conférence de presse mensuelle de l’Armée, le colonel-major, Dembélé, a tenu à assurer que l’Armée était « dans les dispositions pour récupérer toutes les emprises » de la Mission onusienne, conformément à la résolution 2690 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Il n’a, cependant, pas voulu commenter les informations sur les réseaux sociaux rapportant qu’une colonne d’une centaine de véhicules des FAMa se dirige vers Kidal.

Le fraîchement promu colonel-major, lors de cette rencontre avec les médias, suspendue, depuis quelques mois, pour raison de travaux de réhabilitation du bâtiment de la DIRPA, a déclaré que les Forces armées maliennes (FAMa) « sont plus que jamais déterminées à accomplir leur mission régalienne de défense du territoire, malgré la multiplication des attaques terroristes auxquelles elles font d’ailleurs face avec bravoure et professionnalisme. »

« C’est dans cette dynamique que nos soldats poursuivent les actions offensives à travers la recherche, la destruction des sanctuaires des Groupes armés terroristes (GAT), dans le cadre du plan Maliko de l’Opération Kèlètigui », a-t-il poursuivi.

Selon le colonel-major Dembélé, au cours du mois dernier, la situation sécuritaire a été marquée par la recrudescence des attaques qui ont visé les FAMa et les populations civiles. « Le tableau récapitulatif des différentes opérations est dominé par le bilan de l’attaque barbare contre le bateau «Tombouctou», le 7 septembre dernier, et du camp de Bamba. »

« Cette barbarie a été suivie par l’attaque de trois véhicules kamikazes et une infiltration au camp Firhoun Ag Alinçar de Gao, dans la zone aéroportuaire. Une autre attaque complexe avec l’usage de véhicules piégés et de nombreux terroristes à motos a visé les militaires installés à Bourem, le 12 septembre. »

« Les forces du mal ont poursuivi leur équipée criminelle par deux embuscades dans le secteur de Gossi, deux jours plus tard, ainsi que les tirs d’obus sur la ville de Tombouctou. Il y a eu aussi les attaques contre les camps de Bourem, de Léré, de Dioura, de Mourdiah. », a encore indiqué l’officier chargé de la communication.

En réponse, l’Armée « a toujours réussi à repousser les assaillants en leur infligeant beaucoup de pertes grâce notamment à des frappes aériennes sur des regroupements de véhicules et de motos. » « Ces réponses vigoureuses de notre outil de défense ont permis la neutralisation de plusieurs dizaines de terroristes, la destruction d’une trentaine de pick-up dont certains équipés d’armes lourdes et beaucoup d’autres armes calcinées », a dit le colonel-major, Souleymane Dembélé.

« Au cours du mois écoulé, on déplore des pertes militaires et civiles, une quarantaine de blessés et, aussi, des portés disparus », a-t-il révélé, revenant longuement sur le déroulement des opérations militaires sur le terrain.

Répondant à la question d’un confrère sur le blocus de certaines localités dans le Nord du Mali, notamment Tombouctou, le colonel-major Dembélé a apporté un démenti formel en dénonçant « l’existence d’un réseau de surenchère entretenu par certains compatriotes qui tirent les ficelles de la hausse des denrées de grande consommation. »

Le patron de la DIRPA a ajouté, en outre, que le bilan des attaques contre Dioura (Centre) le jeudi 28 septembre et Bamba (Nord) le dimanche 1er octobre (pour la seconde fois) fera l’objet d’un communiqué ultérieur.

Il a invité la presse « à éviter de partager les informations tendancieuses sur l’Armée nationale, notamment sur les réseaux sociaux, car le contraire contribuerait tout simplement à renforcer les ennemis de la paix. »

À ce propos, il a invité les hommes de médias à diffuser des messages qui rassurent « la population sur les capacités de nos soldats à relever les défis. »

Il a renouvelé l’appel au soutien et à la collaboration avec les FAMa, « qui font face à une guerre de communication intense sur les réseaux sociaux en plus des opérations militaires sur le terrain. »

AT/MD (AMAP)

 

Rentrée scolaire : Plus de 4 millions d’élèves ont repris le chemin des écoles

Le chef du gouvernement a invité les administrations scolaires au respect strict des règlements intérieurs de leurs écoles. Et à interdire l’usage du téléphone par les élèves dans les classes

Par Sidi Y. WAGUÉ

Bamako, 05 oct (AMAP) La rentrée scolaire 2023-2024, au Mali, est effective, depuis lundi, pour 4 360 404 élèves des écoles publiques de tous les ordres d’enseignement (éducation préscolaire, non formelle, enseignements fondamental I et II, secondaire général, normal et technique et professionnel).

Ces élèves sont inscrits dans 25 268 écoles pour 173 343 enseignants, selon les statistiques fournies par le directeur national de l’enseignement fondamental, Issoufi Albert Bédari Touré. Un bémol : le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) annonce que 1 500 écoles ne pourront pas rouvrir leurs portes dans les Régions du Centre et du Nord du Mali du fait de l’insécurité.

C’est dans ce contexte que le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, a procédé au lacement officiel de la rentrée des classes au lycée «Ba Aminata Diallo» (LBAD). C’était en en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de l’Éducation nationale, Dr Amadou Sy Savané, ainsi que de nombreux responsables scolaires.

«Les dangers de l’usage du téléphone portable sur les performances scolaires des élèves» et «l’éducation aux valeurs» sont les deux thèmes sur lesquels portaient les leçons modèles de la rentrée scolaire dans les différents ordres d’enseignement. Le premier a été dispensé à la rentrée tandis que le deuxième thème sera enseigné aujourd’hui dans les différentes classes.

Arrivé au LBAD vers 7h50, le chef du gouvernement a assisté à la montée du drapeau national et à l’exécution de l’hymne national par les pionniers et les élèves du lycée, mais aussi à la leçon modèle sur «l’impact de l’usage du téléphone portable sur les performances scolaires des élèves» dans une classe de 12è année. Cette leçon modèle a été dispensée par le professeur de philosophie, Mahamadou Diakité.

Après la définition des concepts de communication et de performances scolaires par l’enseignant, les questions posées aux élèves filles ont porté sur les avantages et les inconvénients du portable à l’école.

Le ministre de l’Éducation nationale a soutenu que les deux thèmes de la rentrée des classes reflètent le quotidien, notamment l’actualité et participent de la formation du citoyen de demain. L’enseignement des tenants et aboutissants du téléphone permet à l’élève de se former, mais aussi de se préparer à affronter les grands enjeux du monde moderne. Les deux thèmes interpellent aussi administration scolaire, enseignants, syndicats d’enseignants, parents d’élèves et élèves, estime Dr Amadou Sy Savané.

Constatant que les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et le téléphone portable sont des résultats de l’évolution humaine, le Premier ministre a rappelé que “le téléphone a été inventé pour être utile à l’Humanité. Et d’ajouter que “si on n’en fait pas bon usage, cela peut avoir des conséquences.”

C’est pourquoi, Dr Choguel Kokalla Maïga a invité les élèves du LBAD et leurs camarades des autres établissements scolaires à utiliser les NTIC “dans le bon sens et tout en ayant le sens de la mesure .”

Il a exhorté l’administration scolaire et les enseignants à interdire le port du téléphone dans les classes, conformmément aux règlements intérieurs des écoles.

Le Premier ministre a aussi ordonné le renvoi de tout élève qui rentre en classe avec un téléphone. “Seul le travail anoblit l’homme”, pense le chef du gouvernement qui a ajouté que “nous voulons dans notre pays des élèves très fiers d’eux-mêmes.”

Le LBAD rouvre ses portes avec 997 élèves toutes des filles, reparties entre 18 classes dont 11 classes de Terminales et 7 classes de 11è année pour 108 professeurs.

SYW (AMAP)

Réserve des Forces armées et de sécurité : Mode d’emploi

Cérémonie de sortie d’une promotion du Service national des jeunes (SNJ), février dernier sous la présidence du chef de l’Etat, le colonel Assimi Goïta

Par Bembablin DOUMBIA

Bamako, 29 sept (AMAP) La réserve des Forces armées et de sécurité a désormais son statut particulier. Cela, à travers le décret n° 2023-0545/PT-RM du 21 septembre 2023. Selon ce document, la réserve est constituée de personnes appelées réservistes, qui renforcent ou apportent un concours aux Forces armées et de sécurité dans le cadre de la défense et de la sécurité nationale. «Elle contribue à raffermir les relations Armée-Nation», peut-on lire dans le texte.

Les réservistes sont formés pour renforcer les effectifs des hommes et femmes en uniforme sur le territoire national ou à l’extérieur pour des besoins de la défense et de la sécurité nationale. «Ils n’appartiennent pas à l’Armée active», précise le décret. Le document ajoute que les réservistes mobilisés sont soumis, pendant leur temps de mobilisation, au statut général des militaires et à tout autre texte et règlement régissant les Forces armées et de sécurité. À ce titre, ils sont considérés comme des militaires, à titre temporaire.

La réserve est constituée d’une réserve stratégique et d’une réserve opérationnelle. La première est un effectif mobilisable pour assurer la défense de la nation. Elle permet d’entretenir l’esprit de défense au sein des forces vives de la nation. La réserve stratégique est constituée des personnels du contingent du Service national des jeunes (SNJ) ayant accompli le service militaire, des militaires dont la démission a été régulièrement acceptée, des militaires admis à faire valoir leur droit à la retraite et durant le temps où ils sont soumis à une obligation de disponibilité qui est de cinq ans. S’y ajoutent des volontaires ayant souscrit un engagement et de toute autre personne ayant accompli le service militaire. Pour être admissible dans cette catégorie, il faut être apte pour exercer une activité dans la réserve et ne pas avoir été condamné à une peine afflictive ou infamante définitive.

Quant à la seconde réserve, elle est dite opérationnelle lorsque la réserve stratégique est mise à la disposition du chef d’état-major des Armées. Les réservistes opérationnels peuvent être utilisés en fonction de leur profil de formation et de leur qualification dans les missions de soutien général ou en cas de catastrophes et de toutes autres crises graves menaçant la sécurité nationale.

Sous réserve de mobilisation, l’admission dans cette catégorie se fait directement ou à l’issue d’une préparation militaire. Aussi, sont directement y admis les militaires ayant régulièrement démissionné ou ceux qui demeurent légalement maintenus pour la réserve. Mais également, les personnels du contingent du SNJ ayant accompli le service militaire et toute autre personne ayant accompli le service militaire. S’y ajoutent les volontaires à l’issue de préparations opérationnelles. «Au-delà de cinq, après la retraite, l’ancien militaire qui souhaite servir dans la réserve opérationnelle souscrit un engagement», précise le décret.

MOBILISATION – Le réserviste est agréé auprès des Forces armées et de sécurité en raison de ses compétences, de ses expériences ou de son intérêt pour les questions relevant de la sécurité nationale. En outre, les réservistes sont mobilisés par le chef de l’État. Leurs activités de préparation sont consignées dans la directive Interarmées annuelle de préparation opérationnelle de l’état-major général des Armées. La durée des activités de préparation de la réserve stratégique est, au maximum de 21 jours ouvrés par an.

Toutefois, cette durée peut être prorogée jusqu’à 30 jours ouvrés en cas de nécessité. Quant à la durée des activités de préparation de la réserve opérationnelle, elle ne peut excéder 10 jours ouvrés par an. Cependant, celle-ci peut être prorogée jusqu’à 15 jours ouvrés en cas de nécessité.

Le personnel de la réserve stratégique est recruté à un grade des Forces armées et de sécurité en fonction des diplômes détenus et des expériences professionnelles. «Il n’y a pas d’avancement de grade dans la réserve stratégique», indique le document. S’agissant des conditions de recrutement et d’avancement du personnel de la réserve opérationnelle, elles sont fixées par un arrêté du ministre chargé des Forces armées.

La mobilisation est le rappel des réservistes dans les Forces armées et de sécurité en temps de paix, de crise et de guerre. «Le réserviste ne peut se soustraire de la condition de disponibilité en temps de crise ou de guerre», précise le texte. La mobilisation des réservistes peut être générale, partielle ou secrète. Le temps de la mobilisation des réservistes ne peut excéder trois mois cumulés par an, sauf cas de force majeure.

Les organes d’administration et de gestion des réservistes sont le ministère en charge des Forces armées, l’état-major général des Armées, les états-majors d’armée et les directions de service formant un corps, la direction des ressources humaines des armées. Le chef de l’État définit les grandes orientations liées à la réserve.

La signature de ce décret intervient dans un contexte où les autorités sont déterminées, en dépit de l’opposition des groupes terroristes, à déployer les Forces armées maliennes sur toute l’étendue du territoire national. Toute chose qui leur permettra de cerner et de lutter efficacement contre l’hydre terroriste.

La célébration, la semaine dernière, du 63è anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance a été placée sous le signe du «sursaut national pour la défense de la patrie».

Le président de la Transition a rappelé que le Mali a fait des choix stratégiques : les choix d’affirmer sa souveraineté sur les plans sécuritaire, économique et de diversifier ses partenaires stratégiques. « Cela, a souligné le colonel Assimi Goïta, compromettra les intérêts de certains partenaires qui pensaient maintenir le Mali dans la dépendance. »

«Ce qui est sûr et certain, nous sommes déterminés à défendre les intérêts et la souveraineté du peuple malien», a déclaré le chef de l’État. Pour y parvenir, la réserve des Forces armées et de sécurité sera sans doute une poutre essentielle.

BD/MD (AMAP) 

Bafoulabé : La ruée vers… le grenat dans le village de Fansané

L’exploitation du grenat, une nouvelle source de revenus pour les populations de Fansané, dans l’Ouest du Mali

Par Boubacar MACALOU

Bafoulabé, 26 sept (AMAP) Les zones montagneuses de la Région de Kayes, dans l’Ouest du Mali, regorgent d’énormes potentialités naturelles. Si dans le Cercle de Kéniéba certains sont devenus riches, après avoir ramassé quelque diamant, au cours d’une simple promenade dans la brousse, à Bafoulabé, la chance semble plutôt sourire à ceux qui, sans être des alpinistes, empruntent les sentiers serpentés et accidentés des montagnes.

A Fansané, contrée khassonké, regroupant cinq villages et situé dans la Commune rurale de Bafoulabé, à 20 km au nord de son chef-lieu de commune et de cercle, la population extrait des pierres précieuses depuis 1994, derrière les montagnes, près du village de Soria, à 5 km.

Cette carrière a été découverte par un fils de la contrée traversée par une montagne qui renfermerait des ressources minières dont les grenats. La population est majoritairement composée de peulhs. Ici, les gens vivent essentiellement de l’agriculture et de la chasse.

Dans cette localité, les pierres précieuses sont appelées « grenats et semblent illuminer le paysage par leur éclat. On en trouve derrière les montagnes, au nord du village de Soria. « Il y a trois sortes de grenats : des grenats verts, jaunes et rouges. Le vert a le plus de valeur », explique Cheick Oumar Diallo, revendeur de pierres précieuses et originaire de la Région de Nioro.

Tout comme le diamant, le grenat est une pierre précieuse, fine. Elle entre dans la fabrication des bijoux, colliers, vitres et de beaucoup d’autres objets de valeur. Le grenat a été découvert à Fansané par Brema Sidibé, notable du village de Soria en 1994, année où il a quitté pour une autre mine de gemmes de la Commune de Diakon, Cercle de Bafoulabé.

« Au cours d’une causerie, j’ai montré un morceau de pierre à mon ami chasseur qui m’a expliqué qu’il voyait ce genre de pierre dans son campement », ajoute Sidibé. Peu de temps après, à l’aide d’un pic, du marteau, de la pelle et du burin, Brema Sidibé a commencé à creuser à la recherche de cette matière appelée grenat mais, sans succès.

« Je suis dans cette activité, depuis vingt-neuf ans. Parfois, je peux avoir quelques grammes dont la vente à Bamako peut, souvent, me rapporter 300 000, voire 400 000 Fcfa. Je peux, aussi, passer des années sans trouver aucune pierre », raconte-t-il. La chasse au grenat est devenue une source de revenus pour tous ceux qui espèrent faire fortune. Paradoxalement, la ruée a suscité la colère de certains villageois qui lui attribuent tous les maux.

Brema Sidibé qui a repris à son compte cet adage populaire : « Celui qui veut atteindre le sommet, ne doit point se décourager », n’a pas baissé les bras et est parvenu à réaliser une « success story » dans l’exploitation du grenat.

« Par la suite, quelques habitants du village m’ont suivi et pratiquent le métier de mineur comme moi. Nous avons maintenu le cap », assure ce notable. Les sites miniers à succès attirent les jeunes, comme c’est le cas à Kéniéba et Sadiola, célèbres pour leur production aurifère.

En pareils cas, les nouvelles vont vite surtout dans ce monde interconnecté. Les réseaux sociaux ont vite fait parvenir les échos de ce nouvel « eldorado » à des milliers de jeunes d’horizon divers qui se sont rués vers Fansané pour y tenter leur chance. Cette arrivée massive a suscité l’inquiétude dans certains milieux.

Un jeune de Diabesambou, village de Fansané, a extrait trente-huit grammes de grenat vert qui lui ont valu six millions cinq cent mille francs Cfa. « Le prix dépend de la valeur de la matière. A Fansané, il n’y a pas de prix fixe, tout est à discuter », soutient ce revendeur.

Les autorités locales, notamment le sous-préfet central, Mme Koné Aïchata Diarra, le maire de la Commune rurale de Bafoulabé, Kandé Doucouré, les légitimités traditionnelles dont le coordinateur des chefs de village de Bafoulabé, Kaba Diallo, et la gendarmerie ont rencontré les autorités coutumières de Fansané, samedi 23 septembre 2023, à Soria.

« Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un échange pour une meilleure gestion de la carrière compte tenu de l’affluence sur le site. Nous avons appris à travers les réseaux, les nouvelles de Fansané », a dit M. Doucouré qui a présidé la rencontre.

« En tant qu’autorités, il est de notre devoir de venir nous imprégner de la situation, d’échanger avec vous pour explorer des pistes de solutions aux problèmes de la localité », a déclaré le maire, Kandé Doucouré. BM/MD (AMAP)

Tribune de l’ONU : Le ministre Diop dénonce les manœuvres de déstabilisation du Mali et du Sahel par la France (Ministère malien des Affaires étrangères)

Bamako, 25 sept (AMAP) Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération international, Abdoulaye Diop, s’est adressé, samedi dernier, à la 78è session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, où il a exposé la situation du Mali marquée par des attaques terroristes “en complicité avec des puissances étrangères, particulièrement la France.”

Abdoulaye Diop a, cité par un texte du Ministère des Affaires étrangères du Mali, a aussi exprimé la vision du gouvernement par rapport à la paix et au développement au Mali et dans le Sahel, dans un discours qui s’est focalisé sur la situation sécuritaire. Le représentant du Mali a déclaré que la paix et la sécurité restent la priorité pour les populations maliennes et et du Sahel, “après plus d’une décennie de violences aux conséquences particulièrement dévastatrices.”

«Pour sa part, le Mali a décidé de changer de paradigme et de prendre son destin en main. Ainsi, au plan sécuritaire, le Mali a accordé la priorité au renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité maliennes, afin de leur permettre de s’acquitter de leurs missions régaliennes de défense du territoire national et de protection des populations et des biens», a-t-il déclaré.

Selon lui, “le peuple malien a repris confiance aujourd’hui dans son outil de défense et les populations sont encouragées par les résultats engrangés dans la lutte contre les groupes armés terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers.”

Comme le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga en 2021 et le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga en 2022, le chef de la diplomatie malienne a pointé du doigt “la responsabilité de la France dans la dégradation de la situation sécuritaire au Mali et dans le Sahel.”

« Il y a lieu de rappeler que le 15 août 2022, le gouvernement du Mali avait alerté le Conseil de sécurité sur les actes d’hostilité et d’agression de la France. Au lieu de cesser ces agissements, ce pays, membre permanent du Conseil de sécurité, continue, en toute impunité, ses manœuvres de déstabilisation du Mali et du Sahel, comme en témoigne la récente libération de terroristes dans la zone des trois frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger, en dehors de tout cadre judiciaire et à l’insu des États concernés, pour perpétrer plus d’actions terroristes contre nos populations civiles et nos Forces de défense et de sécurité», a-t-il dénoncé.

“Les actes hostiles de la France, a fait remarquer le ministre Diop, s’illustrent, également, par ses interventions intempestives et illégales pour retarder, voire empêcher le traitement de nos demandes de financement dans plusieurs institutions financières sous-régionales, régionales et internationales.”

“Le même pays tente et, parfois, parvient malheureusement à instrumentaliser des organisations sous- régionales africaines, opposant des pays frères les uns aux autres, uniquement pour ses intérêts géopolitiques, dans une démarche néocoloniale et paternaliste, a-t-il regretté.

ÉLECTIONS GÉNÉRALES BIENTÔT – “Notre pays, a indiqué Abdoulaye Diop, est conscient du fait que l’action militaire seule ne suffit pas pour enrayer de manière durable les défis complexes liés au terrorisme et à certaines problématiques de la gouvernance du pays.” C’est la raison pour laquelle le gouvernement “s’est doté d’une stratégie intégrée, qui comprend les réformes politiques et institutionnelles, le volet développement, la prise en compte des préoccupations spécifiques de la jeunesse, des femmes, y compris l’emploi et leur représentation dans les instances de décision aux niveaux local et national.”

Pour créer les conditions permettant de réaliser les aspirations profondes des populations maliennes au changement, le gouvernement s’est engagé dans la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la refondation de l’État.

“Participe de cette dynamique, l’organisation réussie, le 18 juin 2023, du référendum sur la nouvelle Constitution du Mali, adoptée à plus de 96%. Sa promulgation par le chef de l’État, le 22 juillet 2023, consacre l’avènement de la IVè République du Mali”, a poursuivi le chef de la diplomatie malienne.

Le ministre malien a indiqué, qu’en passant ce cap, “le gouvernement donne le gage d’une volonté réelle pour le retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, y compris l’organisation, dans les tout-prochains mois, des élections générales.”

Par rapport à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le ministre Diop a soutenu : “Après dix ans de présence dans mon pays, celle-ci n’a pas été à la hauteur des menaces.”

« Durant sa présence sur le territoire national, la situation sécuritaire au Mali n’a fait que se dégrader. L’insécurité, qui était cantonnée dans les Régions du Nord du Mali, au moment de son déploiement en 2013, a atteint les Régions du Centre et du Sud. Cette propagation de l’insécurité est, fort heureusement, en cours de fléchissement grâce aux succès indéniables remportés sur le terrain par les Forces armées maliennes, malgré les défis inhérents à ce type d’opérations », a-t-il dit.

Pour Abdoulaye Diop, le gouvernement travaille avec la MINUSMA en vue de son retrait ordonné, coordonné et sécurisé du Mali, et ce, dans le délai imparti du 31 décembre 2023, conformément aux dispositions de la résolution 2690 du 30 juin 2023 du Conseil de sécurité. “Le gouvernement de la République du Mali n’envisage pas de proroger ce délai”, a-t-il insisté.

Toutefois, le chef de la diplomatie malienne a précisé que le retrait de la MINUSMA “ne signifie pas la fin de la coopération entre l’Organisation des Nations unies et la République du Mali.”

Il a, aussi, souligné que “dans une dynamique d’appropriation nationale, le gouvernement s’attèle à poursuivre la mise en œuvre efficiente et intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger avec nos frères des mouvements signataires qui le souhaitent.”

« Nous nous réjouissons du chemin déjà parcouru depuis la signature de l’Accord en 2015, y compris l’adoption de la nouvelle Constitution qui prend en charge plusieurs dispositions de l’Accord », a-t-il dit. Face à la persistance de la menace terroriste, le ministre Diop a déclaré que le gouvernement est plus que jamais déterminé à exercer sa souveraineté, asseoir son autorité, toute son autorité sur l’ensemble du territoire national.

« Face aux attaques obscurantistes, l’offensive des Forces de défense et de sécurité se poursuivra et la riposte sera immédiate et ferme. C’était le cas récemment à Bourem (Nord) où nos vaillants soldats ont repoussé une attaque de ces bandes criminelles et obscurantistes, en leur infligeant des pertes substantielles», a-t-il fait noter.

SOLIDARITÉ AGISSANTE DE LA RUSSIE – Sur le plan sous-régional, régional et international, le chef de la diplomatie malienne, qui s’est également exprimé à la tribune de l’ONU au nom du chef de l’État du Niger, le général de brigade, Abdourahamane Tiani, empêché de se rendre à New York, a reitéré la solidarité et le soutien total de Bamako, “au gouvernement et au peuple frère de ce pays voisin.

” Estimant que “toute agression de la part de la Communauté economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Niger sera désastreuse pour toute la région”, M. Diop a rappelé le cas de la Libye par l’OTAN en 2011, soutenu par l’ONU.

Par ailleurs, Abdoulaye Diop a indiqué que “dans la mise en œuvre de la vision du chef de l’Etat pour l’émergence d’un Mali nouveau, libéré de toute domination extérieure, le gouvernement est honoré de compter sur des partenaires sincères, sur des pays qui valorisent les relations d’égal à égal dans le respect mutuel.”

À cet égard, il a adressé une mention spéciale à la Fédération de Russie pour sa solidarité agissante et son engagement fiable, tant sur le plan bilatéral que multilatéral.

Selon le ministre Diop, le Mali demeure engagé pour le renforcement des mécanismes régionaux et sous-régionaux africains, “qui défendraient véritablement et prioritairement les intérêts des populations africaines.”

“Fidèle à sa vocation panafricaniste, réaffirmée dans ses constitutions successives, le Mali réitère son adhésion à tous les mécanismes de sécurité collective pertinents, notamment ceux dans lesquels le leadership africain est affirmé et l’instrumentalisation combattue. C’est tout le sens de la création, le 16 septembre 2023, de l’Alliance des Etats du Sahel, par le Burkina Faso, le Mali et le Niger par la signature de la Charte du Liptako-Gourma”, a déclaré Abdoulaye Diop.

“Cette organisation, a-t-il expliqué, vise à établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle, dans le but de lutter contre toute forme d’agression, toute forme de terrorisme et la criminalité en bande organisée dans l’espace commun de l’Alliance.”

MK/MD (AMAP)

Colonel Assimi Goïta, président de la Transition : « Le gouvernement veillera au redéploiement des Forces de défense et de sécurité sur l’ensemble du territoire national »

Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, lors de son discours à l’occasion de la Fête nationale de l’Indépendance du 22 septembre 2023, en tant que chef suprême des Armées, a assuré que les attaques dirigées contre les populations civiles de même que celles contre les Forces armées maliennes (FAMa) ne resteront pas impunies. Il a annoncé qu’une enquête est ouverte par la justice malienne.

Ce vendredi 22 septembre 2023, le peuple malien célèbre, le 63è anniversaire de l’indépendance de notre pays, le premier sous la Quatrième République. Ceci m’offre l’heureuse occasion de m’adresser à vous avec fierté et reconnaissance. En ce jour de souvenir, nous rendons hommage au Président Modibo Keita, à ses compagnons, à tous les martyrs qui ont, par leur lutte mémorable, conduit le Mali à sa libération et tracé la voie de la souveraineté.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Depuis la rectification de la Transition et la tenue des Assises nationales de la Refondation, notre pays a engagé de grands chantiers de reformes répondant ainsi aux préoccupations soulevées par le peuple dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance de l’État, de la justice et du développement socioéconomique.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Ayant pris conscience que la survie même de notre État dépendait de la question sécuritaire, les autorités de la Transition ont opérés des choix stratégiques majeurs qui ont permis l’amélioration de nos capacités opérationnelles et la montée en puissance de l’armée.

Suivant notre nouvelle vision de l’outil de Défense, celui-ci a connu une mutation en profondeur, d’où un changement radical de mode opératoire dans la lutte contre les groupes armés terroristes dont les actions perfides ne consistent, de nos jours, qu’à s’attaquer aux populations civiles innocentes en guise de représailles des lourdes pertes que leur infligent les Forces de Défense et de Sécurité. En témoigne la dernière attaque lâche et barbare contre le bateau Tombouctou dans la localité de Bamba. Aux familles endeuillées, je présente les condoléances de la Nation et souhaite prompt rétablissement aux blessés. Les attaques ainsi dirigées contre les populations civiles de même que celles contre les FAMas ne resteront pas impunies. A ce jour, une enquête est déjà ouverte par la justice malienne.

La nouvelle politique de défense intègre les citoyens dans un système plus adapté aux conditions d’un pays faisant face à des menaces sécuritaires multiformes. C’est pourquoi le Gouvernement a restauré et amélioré le service national des jeunes. Il a également pris un décret sur la réserve des forces armées et de sécurité. Aussi, la nouvelle Constitution prévoit la mobilisation aux côtés des forces armées et de sécurité de tous les citoyens âgés de 18 ans au moins pour la défense de la patrie.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Après dix ans de présence des forces étrangères sur notre sol, nous avons compris que la logique était plutôt d’entretenir l’insécurité et de nous maintenir dans la dépendance. C’est la raison fondamentale pour laquelle, le peuple malien a décidé de prendre en main sa sécurité.

Avec la nouvelle dynamique, consécutive au retrait de la MINUSMA et les opérations militaires en cours, le Mali recouvrera sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. A cet effet, en application de la résolution 2690, le Gouvernement de la République du Mali veillera au redéploiement effectif des Forces de défense et de sécurité ainsi qu’au retour des services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national. Cela est d’autant plus urgent que la deuxième phase du retrait de la MINUSMA devra faire l’objet d’un suivi rigoureux dans les localités de Douentza, Ansongo, Aguelhoc, Kidal, Tessalit au plus tard le 31 décembre 2023.

Ce processus ne saurait se finaliser sans contrainte. Toutefois, j’invite les populations à resserrer les rangs autour des FAMas dans l’accomplissement de cette mission décisive.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Face aux multiples défis auxquels notre pays est confronté, notre diplomatie a su se réinventer pour jouer tout son rôle dans l’atteinte de nos objectifs majeurs de refondation, notamment la reconquête de notre souveraineté.

Les résultats obtenus, en termes de crédit de notre pays, mais aussi de mobilisation de ressources et de partenariats en soutien à nos efforts de développement, confortent nos choix.

Ce repositionnement stratégique, impulsé, est appelé à se poursuivre dans un contexte d’incertitudes liées aux profondes mutations en cours sur la scène internationale.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Notre pays compte sur son capital humain pour relever les défis de la construction d’une Nation prospère. C’est pourquoi les secteurs de l’économie, de l’éducation et de la santé bénéficient d’une attention particulière de la part du Gouvernement.

Concernant le secteur éducatif, je tiens à saluer l’ensemble des acteurs, particulièrement les enseignants qui travaillent avec abnégation pour donner une bonne instruction aux enfants du Mali. C’est le lieu de relever la bonne organisation des examens depuis l’avènement de la Transition.

Cette année, les capacités d’accueil au niveau du secondaire seront renforcées avec la construction de lycées dans certaines régions.

Au niveau de l’enseignement supérieur, la création du Centre d’Intelligence artificielle et de Robotique est la preuve que le Mali entend promouvoir son développement par les technologies modernes.

Conscient des difficultés qui assaillent le système éducatif et de la nécessité de réunir les acteurs comme le recommandaient les Assises nationales de la Refondation, le Gouvernement prépare activement les états généraux de l’éducation. Cette rencontre s’attachera à proposer des solutions consensuelles aux problèmes diagnostiqués en vue de sortir notre système éducatif des contraintes structurelles qu’il connait.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

L’emploi des jeunes participe au développement économique et à la stabilité sociale du pays. Au-delà des recrutements dans la fonction publique, le Gouvernement travaille à mettre en place les meilleures conditions pour l’employabilité des jeunes ainsi que la création des emplois.

Dans le nouveau contexte lié au retrait de la MINUSMA, le Gouvernement a élaboré une stratégie d’atténuation des impacts socioéconomiques.

La santé de la population constitue une priorité pour le Gouvernement. C’est pourquoi nous avons pris diverses mesures pour l’amélioration du plateau technique en procédant à l’équipement de certains hôpitaux. Par ailleurs, plusieurs centres hospitaliers ont été dotés d’ambulances qui permettent d’assurer désormais une prise en charge rapide des malades.

Sur le plan sportif, de nombreux chantiers de construction ou de rénovation d’infrastructures sont en cours de réalisation. Toute chose qui motive la jeunesse dans plusieurs disciplines sportives. Au nom de notre peuple, j’adresse mes chaleureuses félicitations à tous nos champions.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Je voudrais, en ce jour anniversaire, saluer la résilience du peuple malien qui consent d’énormes sacrifices pour que nous puissions atteindre nos nobles objectifs de développement et de reconquête de notre souveraineté. Aussi, le Gouvernement est à pied d’œuvre pour résoudre les problèmes liés à l’approvisionnement de la population en denrées de première nécessité et à la fourniture des services sociaux.

Je voudrais également saluer la signature du Pacte de stabilité et de croissance entre le Gouvernement, le patronat et les syndicats de travailleurs. La signature de ce document si important, démontre le souci de l’ensemble des acteurs de mettre la stabilité de l’État au-dessus de tout et de créer un climat social apaisé, gage du développement socioéconomique auquel nous aspirons tous.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Le Mali vient d’adopter un nouveau code minier, accompagné de la loi sur le contenu local. Avec ces deux textes, nous entendons sortir le secteur minier de sa situation actuelle d’enclave et l’intégrer à l’économie nationale. Par ce fait, notre pays canalisera les revenus qu’il est en droit d’attendre de l’exploitation minière et développer par la même occasion le tissu industriel et commercial, ainsi que les diverses infrastructures aux niveaux local et national.

La création de la Société de Recherche et d’Exploitation minérale, une société appartenant à l’État à 100% et qui sera chargée de faire de la recherche et de l’exploitation minière, et prendre des participations dans le capital d’autres sociétés, participe de cet esprit. Le Gouvernement travaille également sur le projet de création d’une usine d’affinage de l’or qui nous permettra d’assurer le traitement du minerai avant l’exportation, créant ainsi de l’emploi et de la valeur ajoutée.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

Notre ambition étant d’atteindre l’autosuffisance alimentaire sur l’ensemble du territoire national, le Gouvernement a consenti d’énormes efforts en faveur du monde rural. Qu’il s’agisse de la subvention des intrants agricoles ou la fourniture d’équipements, l’agriculture fait l’objet d’une attention particulière dans la stratégie gouvernementale.

Quant à la Recherche agronomique, elle donne beaucoup d’espoirs avec le développement de nouvelles variétés dont la culture sera déterminante dans la recherche de solutions à l’insécurité alimentaire dans notre pays.

Maliennes, Maliens,

Mes chers compatriotes,

La question de la justice demeure l’une des revendications fortes du peuple malien. Aussi, en vue de renforcer l’institution judiciaire, plusieurs mesures importantes ont été adoptées. Il s’agit, entre autres, de la création de plusieurs structures spécialisées, notamment le Pôle national économique et financier, le Pôle national de Lutte contre la Cybercriminalité, le parquet spécialisé au niveau du Pôle judiciaire spécialisé de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité transnationale organisée, l’Agence de Recouvrement et de Gestion des Avoirs saisis ou confisqués.

Dans le but de renforcer le personnel du secteur, il convient de noter les vagues de recrutements d’auditeurs de justice, et de surveillants de prison, au titre de l’année 2022, et le recrutement de Greffiers en Chef au titre de l’année 2023.

La lutte engagée contre la corruption va se poursuivre avec détermination. Toutefois, celle-ci doit s’accommoder du respect des règles de base qu’exige une bonne distribution de la justice.

Je voudrais en cette circonstance saluer les partenaires sincères du Mali, singulièrement la Fédération de Russie, dont les efforts et l’accompagnement nous ont été fort utiles pour la préservation de notre souveraineté dans un contexte national, régional et international, marqué par des tensions multiformes sur fond d’intérêts divergents.

C’est aussi le lieu de réaffirmer aux FAMAs la reconnaissance de la nation et la confiance de la hiérarchie militaire pour leur engagement constant dans la défense opérationnelle du territoire et la préservation de notre souveraineté.

En définitive, je salue la sagesse et la détermination du peuple malien dans toutes ses composantes, sans lesquelles les bases institutionnelles du Mali Kura auraient difficilement pu être érigées.

Bonne fête d’Indépendance à toutes et à tous.

Vive le Mali Koura !

Qu’Allah bénisse le Mali et protège les Maliens !

L’Arabie saoudite et l’UNESCO lancent un programme de promotion et de conservation des sites du patrimoine mondial

Son Altesse le Prince Badr bin Abdullah bin Abdullah bin Farhan Al Saud, ministre de la Culture du Royaume d’Arabie saoudite (g), et Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO (d) ont signé une lettre d’intention formalisant l’engagement saoudien à verser 25 millions de dollars à l’organisation onusienne

Riyad (UNA-OCI-AMAP) – L’Arabie saoudite et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont lancé le programme culturel et sur les technologies numériques « Plongez dans le patrimoine » pour promouvoir et conserver les sites du patrimoine mondial pour les générations futures.

Lancé au cours d’un événement parallèle, à la 45ème session élargie du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO à Riyad, cette semaine, “ce projet révolutionnaire exploitera les technologies numériques pour explorer et conserver les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO et leur patrimoine immatériel associé.”

Le Directeur général adjoint pour la culture à l’UNESCO, Ernesto Ottone, a souligné lors de son discours d’ouverture qu’ « avec Plongez dans le patrimoine, nous entrons dans une nouvelle ère numérique pour l’exploration et la préservation du patrimoine mondial.

“Les utilisations potentielles infinies de l’Intelligence artificielle (IA) nous permettront de transformer la manière dont les gens peuvent expérimenter le patrimoine. Un projet innovant tel que Dive into Heritage démontre les différentes utilisations de l’IA, donnant vie aux sites patrimoniaux comme jamais auparavant. Les récits et les histoires que cette technologie contribue à créer résonneront pour les générations à venir et permettront aux gens de vivre un morceau d’histoire”, a encore dit M. Ottone.

“Plonger dans le patrimoine” a été rendu possible grâce au soutien du ministère de la Culture du Royaume d’Arabie saoudite et a permis à l’équipe de développer une plateforme en ligne qui créera des moyens uniques de découvrir numériquement le patrimoine mondial.

La plateforme exploite la puissance de la technologie numérique telle que les modèles 3D, la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR), les cartes interactives et les récits géolocalisés pour recréer une expérience visuelle numérique véritablement précise et immersive.

Le « Fonds-en-dépôt du Royaume d’Arabie saoudite pour la culture à l’UNESCO » a été créé en 2019, suite à un engagement de 25 millions de dollars de Ryad pour financer des projets de l’UNESCO visant à soutenir la stratégie et les actions de préservation du patrimoine.

La phase I (2022-2024) de l’initiative “Dive into Heritage” verra le développement d’une plateforme permettant au public de découvrir numériquement les sites du patrimoine mondial dans la Région des États arabes.

Une sortie publique complète de la plateforme est prévue d’ici la fin de la phase I en 2024, lorsque d’autres régions bénéficieront du programme.

L’événement comprenait une table ronde au cours de laquelle certains contributeurs clés du projet ont discuté de la manière dont la technologie peut contribuer à l’interprétation et à la préservation du patrimoine à l’aide de techniques de narration numérique.

  1. Suhail Mira, Site Management Historic Jeddah, Royaume d’Arabie Saoudite, Dr Heba Aziz, Chaire UNESCO sur la gestion du patrimoine mondial et le tourisme durable à l’Université allemande d’Oman, Dr Ona Vileikis, ICOMOS CIPA, M. Olivier Van Damme, UNITAR/ UNOSAT et Cheikh Ebrahim Alkhalifa, directeur par intérim du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial, ont été invités à partager leurs points de vue et perspectives sur l’avenir de la plateforme.

L’événement a, également, été l’occasion de présenter certains des premiers résultats de ce projet innovant. Des animations vidéo de modèles 3D haute résolution de sites du patrimoine mondial ont été présentées en plus de répliques imprimées en 3D, invitant les utilisateurs à examiner de plus près le processus de numérisation requis pour créer la plateforme Dive into Heritage.

Le Royaume d’Arabie saoudite accueille la 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO). La session se déroulera à Riyad du 10 au 25 septembre 2023 et soulignera l’engagement des Saoudiens à soutenir les efforts mondiaux de préservation et de protection du patrimoine, conformément aux objectifs de l’UNESCO.

Le Fonds de développement culturel a été créé par le décret royal n° M/45, publié le 6 janvier 2021, en tant que fonds de développement organisationnellement lié au Fonds national de développement.

La création du Fonds a pour objectif de développer le secteur culturel et d’assurer sa durabilité en soutenant les activités et les projets culturels, en facilitant les investissements culturels et en améliorant la rentabilité du secteur.

En outre, il permettra aux personnes intéressées à s’engager dans des activités culturelles et au Fonds de jouer un rôle actif dans la réalisation des objectifs de la Stratégie culturelle nationale et de la Vision 2030 du Royaume.

MD (UNA-OCI-AMAP)

 

Histoire de notre pays : L’origine du mot « Mali », selon le Pr Amidou Toungara, enseignant-chercheur

Le Pr Amidou Toungara, enseignant-chercheur à la Faculté d’histoire et géographie de l’Université de Bamako

Par Bembablen DOUMBIA

Bamako, 20 sept (AMAP) Le Pr Amidou Toungara, enseignant-chercheur à la Faculté d’histoire et géographie, donne des éclairages sur les différentes appellations de notre pays, avant et pendant la colonisation.

Et après l’indépendance. Le quizz s’inscrit dans la mouvance de la célébration de l’indépendance et en prélude au Spécial 22 Septembre de L’Essor à paraître jeudi.

De prime abord, l’enseignant-chercheur révèle qu’avant la colonisation, la première appellation de notre pays était le Haut Fleuve. Au début de la colonisation, le territoire va prendre successivement le nom de Haut-Sénégal-Niger et celui de Sénégambie. Pendant ce temps, il était rattaché à la colonie du Sénégal.

« C’est à partir de 1920 que l’appellation Soudan français sera attribuée à notre pays. Et pendant tout le reste de la colonisation, ce nom restera attaché à notre territoire jusqu’à la veille de l’indépendance», raconte Pr Amidou Toungara.

Dans les années 1959, un groupe de dirigeants africains a songé à libérer nos pays du joug colonial. C’est ainsi qu’a germé l’idée de création de la Fédération du Mali qui regroupera le Soudan français et le Sénégal. Selon le spécialiste en histoire contemporaine, le nom Mali a été proposé comme appellation de cette fédération par le dirigeant sénégalais, Léopold Sédar Senghor.

« Lorsqu’on a mis en place la Constitution de la Fédération du Mali, au moment où on devrait lui donner un nom, c’est Léopold Sédar Senghor qui a proposé le Mali, en mémoire de l’Empire du Mali de Soundiata Keïta», explique l’universitaire.

Amidou Toungara rappelle qu’à l’image de l’Empire du Mali, cette fédération ne devait pas se limiter au Sénégal et au Soudan français. Au total, quatre pays en étaient à l’origine, en l’occurrence le Soudan français, le Sénégal, la Haute Volta (actuel Burkina Faso) et le Dahomey (actuel Bénin).

« Cependant, indique l’enseignant-chercheur, cette initiative n’était pas du goût de certains dirigeants, notamment le président Félix Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, qui a tout mis en œuvre pour son échec.

» Malgré l’opposition du leader ivoirien, les quatre pays vont organiser la première rencontre à Bamako, en décembre 1958. Et une année plus tard, précisément, en janvier 1959, ils vont se rendre à Dakar pour mettre en place la Constitution de la Fédération.« Après, a dit l’historien, il a été demandé aux différentes délégations de retourner à leurs colonies pour faire ratifier cette Constitution. »

« C’est ainsi que la Haute Volta et le Dahomey vont faire volteface, en refusant de ratifier la Constitution sous la pression de Félix Houphouët-Boigny », souligne Pr Amidou Toungara.

EMPIRE DU MANDE – D’après notre interlocuteur, cette situation s’explique par le fait que le port de Dahomey était en chantier par le colonisateur. «Donc, le président Houphouët a dit que si jamais les Dahoméens acceptaient, ils vont mettre fin à ce projet », rappelle notre interlocuteur. Autre raison : la Haute Volta dépendait, elle-aussi, du port d’Abidjan.Ainsi, les deux pays vont se retirer du projet de f édération.

Toutefois, signale l’historien, les présidents Modibo Keïta et Léopold Sédar Senghor vont mettre tout en œuvre pour que la Fédération soit une réalité. Ils vont franchir plusieurs étapes jusqu’au 20 juin 1960, date à laquelle la Fédération accédera à l’indépendance.

« Mais suite à des dissensions entre les deux leaders, et puis entre les deux peuples, la Fédération va éclater dans la nuit du 19 au 20 août 1960 », explique le spécialiste. Ainsi, les Sénégalais vont arrêter et embarquer Modibo Keïta et ses camarades dans les trains et les renvoyer dans notre pays.

À leur arrivée à Bamako, l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (USRDA) va convoquer un congrès extraordinaire au cours duquel les participants vont décider de proclamer l’indépendance de la République soudanaise sous l’appellation Mali. «C’est ainsi que notre République va voir le jour avec l’appellation Mali», explique le Pr Amidou Toungara.

Selon l’historien, le mot Mali est une déformation. Il affirme que ses sources attribuent cette appellation au mot «mandingue». L’universitaire précise que les écrivains arabes qui ont écrit l’histoire de l’Empire du Mandé, lui ont donné le nom Mali. Même si certains disent que l’appellation Mali vient du fait qu’il y avait des hippopotames dans le fleuve Djoliba (fleuve du Niger).

Toutefois, notre interlocuteur dira que ses sources attribuent le nom Mali à l’Empire du Mandé, qui a été déformé pour donner Mali. Le Pr Toungara rappelle, par ailleurs, que le mot «Mandé» renvoie au territoire. Il ajoute qu’il existait plusieurs territoires, notamment le Mandé, le Sosso, le Wassoulou, le Djitoumou etc. D’après lui, ces territoires étaient tous dirigés par des souverains.

BD/MD (AMAP)

Mali : Des experts proposent des solutions contre la dégradation du réseau routier

L’entretien routier demeure problématique et le dispositif n’a pas cru en efficacité et en efficience. Les experts ont formulé des recommandations en vue d’inverser la tendance

Par Babba B. COULIBALY

Bamako, 20 sept (AMAP) Les états généraux sur l’entretien routier au Mali, qui se sont déroulés du 14 au 16 septembre dernier, ont recommandé de dissocier la mission de suivi du réseau routier de celle de supervision des travaux d’entretien routier, en mettant à dispositions les ressources nécessaires ainsi que des travaux d’entretien préventifs du programme global d’entretien routier.

Les experts ont prôné d’élaborer un vaste programme de réhabilitation du réseau routier et mettre en place un mécanisme plus flexible de mise en œuvre des travaux d’entretien préventifs, Cela afin de permettre d’intervenir dans le délai, renforcer les capacités du personnel de la Direction générale des routes et ses démembrements.

Pour maintenir les routes en bon état, les experts suggèrent, outre l’application des dispositions du règlement n°14/2005/CM de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) du 16 décembre 2005 relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle de gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transports de marchandises, d’exiger que le conducteur des travaux désigné dans la soumission soit le personnel présent sur le chantier, visiter les parcs des entreprises avant l’attribution du marché et de délivrer les attestations avec la mention satisfaite ou non satisfaite en fonction de la bonne exécution des travaux.

Ils ont jugé nécessaire d’inviter les collectivités à s’approprier de leur patrimoine réseau routier, notamment participer activement à la protection de la voie publique et au suivi du réseau routier. Les spécialistes ont, également, préconisé la relecture de la loi fixant les emprises et les caractéristiques des routes pour les rendre plus applicables dans le contexte actuel.

Des analyses faites par eux, il ressort que les travaux d’urgences à exécuter par la Cellule des travaux routiers d’urgence (CETRU) doivent être définis à travers un texte et le certificat de qualification professionnelle de l’Institut national de formation professionnelle pour le bâtiment et les travaux publics (INFP/BTP) dans l’offre des prestataires.

RELECTURE DE LA LOI SUR LES EMPRISES – Ils ont recommandé la création d’une commission interministérielle entre les ministères en charge des Transports, de l’Administration territoriale et des Domaines pour la mise en place d’un mécanisme de sécurisation des emprises des routes et l’opérationnalisation de la sous-direction réglementation et contentieux de la direction générale des routes en la dotant de moyens adéquats.

Les experts ont insisté sur la poursuite de la vulgarisation des textes relatifs à la protection de la voie publique. Selon eux, « la durabilité de nos routes passe par la protection et la préservation du patrimoine routier, relevant aussi bien de la responsabilité de l’État et des collectivités territoriales que du citoyen lambda. »

« À cet égard, pensent-ils, les services compétents doivent disposer de ressources nécessaires à l’accomplissement de leurs missions régaliennes. » Et chaque citoyen a, selon eux, « le devoir de veiller sur le patrimoine routier. »

De l’avis des experts avertis du secteur, la réalisation des travaux d’entretien routier se heurte à d’énormes difficultés. Il s’agit, entre autres, des difficultés de mobilisation des ressources financières, l’insuffisance de moyens matériels et humains des directions régionales et des subdivisions des routes, le vieillissement du réseau routier actuel. L’âge moyen des routes au Mali est compris entre 15 et 20 ans.

À ces difficultés s’ajoutent l’occupation de la chaussée et de ses dépendances par les riverains, les interventions de concessionnaires du réseau d’utilité public de l’eau, de l’électricité et des télécommunications dans l’emprise de la route, la surcharge généralisée sur les routes et le non-respect de la charge à l’essieu malgré les efforts fournis au niveau national et communautaire.

Il y a, également, le non-respect des engagements des missions de contrôle et des entreprises, dû notamment au faible niveau de qualification du personnel déployé pour le contrôle, à l’insuffisance de la logistique et la mauvaise exécution des travaux.

Selon les chiffres du département en charge des Transports, en 2022, 25.692 km de routes ont été aménagées sur le réseau classé, dont 6.511 km de routes revêtues, soit 25,34% et 19.180 km de routes en terre moderne et de pistes améliorées, soit 74,66%, 5.936 km de routes revêtues constituées essentiellement de routes nationales dont 2.340 km sont en bon état, soit 39,42%, 2.086 km en état passable (35,14%) et 1.510 km en mauvais état (25,44%).

C’est au regard de ces constats majeurs relevés que le ministère des Transports et des Infrastructures, chargé de mettre en œuvre l’action pour la sauvegarde de ce patrimoine routier, a obtenu l’appui du gouvernement pour la tenue des assises de l’entretien routier. Objectifs : échanger, dans un cadre participatif et inclusif, sur les voies et moyens de préserver les routes.

BBC /MD (AMAP)

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