Par Mohamed TOURÉ
Bamako, 27 juin (AMAP) La première promotion de l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESJSC) porte le nom de Diomansi Bomboté. Une belle récompense pour ce journaliste-formateur, dont la rigueur frise le perfectionnisme.
A 78 ans, Diomansi Bomboté traîne derrière lui une quarantaine d’années de pratique professionnelle. Il continue encore de partager ses connaissances et son expérience avec les étudiants de l’ESJSC.
Le samedi 18 juin, l’hommage qui lui a été rendu, constitue une reconnaissance du mérite amplement justifiée. Une École de formation de journalistes maliens par des Maliens, Diomansi Bomboté en avait l’obsession. Et celle-là, il la considère comme son «bébé». En 2015, l’ancien fonctionnaire à l’Unesco (1979 à 2004) se voyait confier le projet de création de l’ESJSC par le gouvernement.
Sept ans de sacrifice et de travail acharné plus tard, les premiers produits de cette école sortent enfin, à la grande fierté de leur parrain. Absent de la cérémonie de remise de diplômes pour des raisons de santé, Diomansi Bomboté a tenu tout de même à livrer un message au ton poétique, via son représentant. Le parrain de la promotion y exprime une «fierté» qui l’étreint, ainsi que les enseignants et administrateurs et tuteurs du gouvernement, qui se sont investis pour que ce jour de gloire arrive. Il se réjouit de cette récompense du dévouement qui, pour lui, «rejaillit sur tout le peuple malien dont les efforts, dans une admirable abnégation, ont investi dans cette formation».
Aux nouveaux diplômés qu’il a encadrés pendant trois ans, Bomboté, comme on l’appelle familièrement, a sans doute transmis le virus du journalisme pratiqué dans les règles de l’art. «Nous nous évertuerons aussi à être rigoureux et très pointilleux car, comme vous aimez le dire, cher Papi Bomboté, «le diable est dans le détail», promettent les jeunes journalistes de la promotion par la voix de leur porte-parole, Aminata Cheick Tall.
PARCOURS EXCEPTIONNEL – De quoi encourager leur passionné de formateur qui, dès 1972, montrait son amour pour la formation, lors de son passage comme enseignant au Centre d’Études des Sciences et Techniques l’Information (CESTI) de 1980 de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans cette école, il a participé à la formation de plusieurs cadres et personnalités de premier plan du continent, avant de passer à l’UNESCO de 1979 à 2004 comme fonctionnaire.
Diomansi Bomboté est originaire de Logo Sabouciré, dans la Région de Kayes 9Ouest). Il a passé sa «tendre enfance, bercé par les effluves qui se dégagent de l’indolent fleuve Sénégal au mois de novembre», se souvient-il, en racontant ces moments où son village natal, est encore «embaumé par les senteurs du fleuve en décrue après l’hivernage».
Il est diplômé d’une Licence ès lettres – sociologie et d’une Licence de journalisme obtenues à Dakar en 1967 et 1968. Insatiable de connaissance, il ajoute à son parcours académique une Maîtrise en sciences de la communication (Strasbourg 1970) et un Diplôme d’études approfondies en sciences de la communication (Paris II 1975).
Sur le plan professionnel, il a servi dans les médias publics, d’abord à L’Essor puis à la Radio nationale. Le journaliste passionné a travaillé pour plusieurs titres internationaux et agences de presse dont Jeune Afrique, La Croix, Croissance des Jeunes Nations, Miroir du Football, en France avant d’être correspondant d’Associated Press (AP) à Dakar. Il a été également Conseiller spécial du Premier ministre du Mali entre 2017 et 2018 et rapporteur général du Dialogue national inclusif (DNI). En 2019, il a effectué une évaluation des médias en Côte d’Ivoire à la demande de gouvernement ivoirien via l’UNESCO.
Aux jeunes journalistes qu’il amène souvent en milieu rural, lors de sorties pédagogiques, il apprend toujours les mêmes principes cardinaux. «Le journaliste est un intermédiaire entre ce qui se produit et un public qui a le droit de savoir. Un journaliste fait son travail quand il apprend aux autres ce qui leur échappe, ce qui est méconnu ou inconnu, ce que l’on ne voudrait pas qu’ils sachent, ce qu’on leur dissimule», souligne-t-il. Attaché à ses valeurs fondatrices du métier de journaliste, il appelle les jeunes diplômés, à «l’exigence professionnelle, qui prend appui sur la conscience personnelle, est nécessairement conditionnée par l’élaboration de pratiques rigoureuses, des principes et des codes de déontologie qui nous font l’obligation de traquer les faits avérés et de les exposer avec exactitude, bref, d’agir de manière indépendante mais responsable».
Bomboté assure que l’École de journalisme tient à ce haut degré de responsabilité qui exige une maitrise exemplaire de la pratique de la profession. Et d’ajouter que le travail journalistique ne doit s’inscrire dans aucune volonté de plaire ou de nuire. «Le journaliste arbitre les faits de façon neutre», insiste le parrain qui appelle encore les jeunes fraîchement diplômés à relever le défi. Celui «de faire donc en sorte que la presse malienne ne soit pas réfractaire à la culture démocratique».
MT (AMAP)