Des populations vaquent à leurs occupations dans la ville de Gao (Photo AMAP)

Gao, 12 sept (AMAP) Tandis que certains habitants de Gao, dans le Nord du Mali, demandent aux forces de défense et de sécurité de redoubler de vigilance, d’autres pensent que le divorce avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) est nécessaire pour mieux sécuriser notre territoire.

Ici, c’est toujours l’émoi après l’attaque kamikaze qui a visé, vendredi, le camp Firhroun dans la zone aéroportuaire de Gao. Au lendemain de cette incursion terroriste, l’Armée a annoncé qu’un incident s’est produit au nord de la ville impliquant un de ses aéronefs. Selon les explication du chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général de brigade Alou Boï Diarra, l’appareil avait effectué « avec succès une mission qui s’est déroulée vers le crépuscule dans des conditions météorologiques très exécrables. »

Malheureusement, il y a eu quelques problèmes techniques qui ont obligé l’équipage à s’injecter de l’appareil qui s’est ensuite écrasé, selon l’officier.

Ces évènements dramatiques sont intervenus 24 heures après l’attaque terroriste du bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation (COMANAV) dans la zone de Gourma Rharous faisant plusieurs morts et blessés.

La multiplication des attaques par les terroristes, en complicité avec des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a pour but de créer la psychose au sein des populations.

À Gao, certains habitants sont toujours sous le choc après l’attaque du camp Firhroun considéré comme le plus grand et le plus sécurisé dans le Nord du Mali. Il n’y pas longtemps, l’endroit servait de base aussi pour la Force française Barkhane et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Pour mieux renforcer la sécurité dans la Région, le gouverneur de Gao, le général de brigade Moussa Moriba Traoré, a pris de nouvelles mesures comme l’interdiction de circulation des véhicules non immatriculés, des véhicules Land Cruiser et des véhicules teintés entre les villes, villages, hameaux et campement dans la Région de Gao. Seuls les véhicules et autres engins des forces de défense et de sécurité sont autorisés.

En plus, un couvre-feu a été instauré dans la Cité des Askia de 20 heures à 6 heures du matin, « à compter du 10 septembre 2023 jusqu’à nouvel ordre. »

Ces mesures sont destinées à rassurer les populations de la Région de Gao. Pour Bossou Touré, cadre d’un service administratif à Gao, les mesures sécuritaires prises par le gouverneur « sont salutaires et permettront », selon lui, « de démasquer des personnes mal intentionnées. »

Mieux, notre interlocuteur suggère qu’il faut aussi interdire la circulation de tous les pick-up dans la ville de Gao. Il tient pour responsable la CMA qui a décidé « de se retirer du processus pour la paix pour reprendre les hostilités avec ses complices terroristes. »

Le retraité Mahamane Maiga a servi à la direction régionale des transports de Kidal. Pour faire face aux agressions des ennemis de la paix, il demande aux forces de défense et de sécurité « de redoubler de vigilance et, surtout, de rester sur le qui-vive pour parer à toute éventualité. »

« Si l’Armée riposte vigoureusement aux attaques terroristes comme ça a été récemment le cas avec les attaques du bateau Tombouctou, des camps de Bamba et de Gao », Mahamane Maiga pense qu’elle devrait surtout être agressive dans l’anticipation.

Cela pour minimiser les dégâts en termes de vies humaines. «Un Malien qu’il soit civil ou militaire qui meurt sous les balles des terroristes est un mort de trop», dit-il.

L’opérateur économique Albouhari Maiga partage le même avis. À l’en croire, on pouvait éviter l’attaque du bateau Tombouctou « si la menace des groupes armés avait été prise au sérieux par les autorités militaires et administratives. »

«Il y a aussi un point à ne pas négliger. C’est que les éléments des forces de défense et de sécurité qui escortent les bateaux, ne doivent pas être à l’intérieur de ces bateaux, mais plutôt dans des petits bateaux militaires bien équipés et adaptés», préconise-t-il.

AT/MD (AMAP)