L’appel lancé, il y a quelques jours, par deux ministres a incité les Bamakois à retirer leurs pièces. Mais le processus n’est toujours pas bien huilé

Par Bembablin DOUMBIA

Bamako, 12 sept (AMAP) L’opération de retrait des cartes nationales d’identité biométrique sécurisée se passe bien dans la capitale. Cette opération, qui a débuté en avril dernier, mobilise, ces derniers temps, les habitants de Bamako. En ce lundi 4 septembre, l’ambiance est bon enfant à la mairie de la Commune VI du District de Bamako, où des agents de la police nationale délivrent les cartes biométriques. Femmes, hommes, vieux et jeunes, tous sont là pour retirer leurs pièces.

Pour maintenir l’ordre, les agents ouvrent une liste où les usagers doivent s’inscrire. Boubacar Guindo en fait partie. Le jeune homme est la 97è personne sur cette longue liste. Notre interlocuteur indique avoir vérifié la disponibilité de sa carte avant de faire le déplacement. Contrairement à lui, beaucoup de nos compatriotes se sont présentés devant les agents sans prendre la moindre précaution de vérifier la disponibilité de leurs documents. Ce qui constitue une difficulté pour le personnel en charge de la distribution. Ce dernier se retrouve ainsi dans l’obligation de s’occuper de ces personnes voire de les orienter.

Une autre difficulté des agents a trait à la non disponibilité des cartes de certains usagers malgré le message de confirmation. «Nous remontons ces informations, sans succès», confie un agent. Les personnes dans cette situation doivent repasser de temps à autre pour voir si leurs pièces sont disponibles.

Le site de la mairie de la Commune VI délivre plus de 300 cartes biométriques par jour, selon ses responsables. Le précieux sésame peut être retiré notamment sur présentation de la carte nationale d’identité, de la carte Nina, du passeport, de la fiche individuelle descriptive, de la carte consulaire et de la carte professionnelle pour les Forces de défense et de sécurité (FDS). «On peut le retirer, également, par procuration à travers la mairie», a confié notre interlocuteur.

Mahamar Aguissa Touré vient de récupérer sa carte à la mairie de la Commune VI. Satisfait, cet enseignant se dit maintenant à l’abri de tout, car le document est sécurisé. Il a invité nos compatriotes à venir chercher leurs pièces. Pour lui, cet acte « constitue un signe de citoyenneté. »

Mahamar Aguissa Touré appelle aussi à retirer les cartes en vue d’accomplir les votes lors des prochaines élections. Il a rappelé que ce document est valable dans tous les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Beaucoup de nos compatriotes se déplacent pour retirer la carte biométrique, en raison de sa vocation de carte d’identité. Cela est d’autant plus compréhensible que l’accès à la carte nationale d’identité au niveau des commissariats de police relève d’un parcours du combattant.

Au moment de notre passage à la mairie de la Commune VI, aux environs de 10 heures, des usagers estimaient que le processus de retrait était lent. Même constat au niveau de la mairie de la Commune V, où l’opération se déroulait aussi sans anicroche.

Cependant, des usagers se plaignaient de la lenteur du retrait. « Une situation qui décourage les populations », estime un jeune très en colère. «Après quoi, on va dire que les gens ne s’y intéressent pas…», renchérit-t-il.

Face à cette situation, certains usagers proposent d’augmenter le nombre des agents chargé de la distribution pour pallier cette situation. Mais aussi les sites de retrait. Un jeune, qui a requis l’anonymat, vient d’avoir sa carte dans ce centre. Notre interlocuteur, plus ou moins satisfait, déplore la non prise en compte de la modification qu’il avait apportée lors de l’opération de mise à jour des données biométriques, tenue en janvier dernier. Il avait demandé de changer sa profession, qui est finalement restée comme telle sur sa carte Nina à savoir : «Étudiant et élève».

« C’est ma photo seulement qui a été changée», regrette le jeune homme. « Il y a quelques mois, certains agents nous avaient confirmé qu’à part les photos, les corrections apportées par les populations lors de la mise à jour des données Nina n’ont pas été prises en compte. », fait-il remarquer.

Au niveau de la mairie de la Commune IV du District, deux agents vérifient les messages de disponibilité des usagers en file indienne. Ils orientent ceux dont le lieu de retrait se trouve ailleurs. À la Brigade fluviale de Bamako, où nous sommes passés également, le processus se déroule sans problème.

FAIBLE TAUX DE RETRAIT– Jeudi 31 août, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, et son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le général Daoud Aly Mohammedine, avaient déploré le faible taux de retrait des cartes biométriques sécurisées lors d’un point de presse.

À titre d’illustration, sur 1.192.090 cartes disponibles pour les populations de Bamako, seulement 109.643 ont été retirées. Les deux ministres ont assuré que la production de ce sésame se fait à un rythme satisfaisant avec une confection de 69.900 cartes par jour par la société partenaire qui travaille tous les jours. Ce, afin que «la production puisse augmenter et atteindre le cap de 8 millions de cartes d’électeurs avant les élections». Déjà, sur ces 8 millions de cartes, plus de 5 millions ont été produites.

Le gouvernement envisage de terminer avec les moins de 3 millions de cartes qui restent à produire. Il a, également, assuré que toutes les dispositions ont été prises pour éviter la «pagaille» dans la distribution de ces documents.

«Aucune personne ne doit payer», ont-ils instruit, en réponse aux rumeurs selon lesquelles certains agents de distribution prenaient de l’argent avec les usagers.

Les autorités ont par ailleurs annoncé la suppression des contrôles par tablette pour simplifier la remise des cartes. Malheureusement, sur certains sites à Bamako, des tablettes étaient visibles, lundi 4 septembre, où on prenait l’empreinte des usagers, qui signaient également. Ce qui pourrait expliquer en partie la lenteur constatée autour de l’opération.

BD/MD (AMAP)

 

 

 

 

Encadré

GARANTIES D’INVIOLABILITE

La carte nationale d’identité biométrique sécurisée constitue un document adéquat au regard des garanties d’inviolabilité qu’elle présente. Ce précieux sésame est l’unique document d’identification. Il est sécurisé, personnel et incessible. Pour cette première phase, tous les Maliens âgés d’au moins 18 ans recevront leurs cartes nationales biométriques gracieusement offertes par l’État. La première dotation de cette pièce est donc gratuite pour chaque citoyen. Toutefois, le renouvellement est payant. L’actuelle carte nationale d’identité reste valide, au maximum une année, après la délivrance des premières cartes biométriques. Ce délai peut être prorogé par un arrêté du ministre chargé de la Sécurité. Il convient de souligner que le défaut de mise à jour des données Nina n’empêche pas d’avoir sa carte biométrique. La remise de cette pièce est gratuite. Son retrait est «individuel». La carte nationale biométrique a une durée de validité de 5 ans.

Avant de se rendre dans un centre de retrait, les populations ont la possibilité de connaitre le lieu où elles peuvent entrer en possession de leurs cartes. Il suffit de consulter par SMS au 36 223. Selon le gouvernement, le choix opté consiste à produire et à remettre simultanément les cartes nationales biométriques en raison du chronogramme des élections.

B.D