La labélisation donne de la valeur ajoutée au travail des producteurs locaux et favorise l’économie locale et le commerce équitable

Par Anta CISSÉ

Bamako, 12 juil (AMAP) Le Mali regorge de produits agricoles et artisanaux de grande qualité. Ils proviennent, le plus souvent, des zones rurales où les stratégies commerciales de mise en valeur sont méconnues voire inexistantes. Pour que les producteurs/transformateurs en tirent un avantage économique, les produits doivent être valorisés au moyen de droit de Propriété intellectuelle, notamment les Indications géographiques (IG) et les Marques collectives (MC).

Cela, d’autant plus que les marchés des pays développés sont, de plus en plus, sensibles à la provenance et à la qualité des produits.

Selon le chargé de communication du Centre malien de promotion de la propriété industrielle (CEMAPI), Almouctar Baba Kounta, avec la mise en place de la Zone de libre-échange économique en Afrique (ZLECAF), il y a aujourd’hui un contexte favorable à l’essor du commerce interafricain.

Almouctar Baba Kounta soutient que c’est ce constat qui a conduit le Mali à opter pour le développement de son artisanat et de son agriculture « afin de leur donner plus de visibilité, de créer plus de richesses dans l’économie nationale et de lutter efficacement contre la concurrence déloyale et la contrefaçon. »

BÉNÉFICES À LA HAUSSE – Artisan peintre depuis plus plusieurs années, Moussa Bagayoko est transformateur de coton biologique. «Depuis 2013, l’ONG Helvetas a commencé à soutenir nos productions et faciliter la création d’un réseau national dénommé Réseau malien des transformateurs de coton Biologique (REMATRAC Bio) qui couvre les Régions de Kayes, (Ouest) Ségou, Mopti Centre), Bamako, la capitale, et Kidal (Nord)», confie l’artisan dans son atelier à Ouolofobougou.

Spécialiste du tissage, de la teinture végétale bogolan et indigo, Moussa affirme que la certification lui a permis d’augmenter ses bénéfice et de diversifier sa clientèle. « Grâce à la labélisation, j’ai noué des partenariats, notamment avec la France », dit-il. En atteste l’augmentation fulgurante de son chiffre d’affaires, qui a presque triplé : « Auparavant, mon chiffre d’affaire oscillait entre 1 et 4 millions de Fcfa. Mais, aujourd’hui, grâce à la labélisation, ce chiffre est passé de 4 à 12 millions de Fcfa ». Cependant, il exhorte l’Etat à plus s’investir dans ce domaine qui est porteur d’espoirs pour beaucoup.

Dans un monde où l’alimentation occupe une place primordiale, la question de la qualité et de l’origine des produits agricoles devient, également, de plus en plus préoccupante. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la provenance de ce qu’ils mettent dans leur assiette et cherchent des garanties quant aux méthodes de productions et à l’impact environnemental des aliments qu’ils consomment.

C’est là où la labélisation des produits agricoles entre en jeu, offrant une solution claire et trans

Moussa Bagayoko est spécialiste du tissage, de la teinture végétale bogolan et indigo.

parente pour répondre à ces attentes légitimes des consommateurs.

Hélène N’diaye, chargée de la communication du Réseau solidaire en agro-écologie paysanne et citoyenne (RESAPAC) créé en 2019, explique l’objectif de son organisation qui est « de structurer le marché agricole bio de Bamako. »

Ce réseau a été créé pour aider les producteurs à se développer en attendant qu’une norme étatique se mette en place.

Pour le professeur d’économie, Dr Abdoudramane Coulibaly, « dans un contexte de mondialisation accélérée, contrariée par la montée en puissance de la contrefaçon, tout pays qui veut sauvegarder sa souveraineté économique et son identité culturelle doit disposer d’une marque distinctive connue sous un label. »

Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, basée à Genève, 10 % du trafic mondial est constitués de la contrefaçon. Un rapport conjoint de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), publié en 2019, révèle que « la contrefaçon fait perdre en moyenne 10 milliards de Fcfa par an aux Etats ouest-africains, à l’exception du Nigéria. »

FORMER, INFORMER ET SENSIBILISER – Le CEMAPI s’est engagé, durant ces trois dernières années, dans une dynamique de labellisation des produits locaux, à travers les IG et MC, à réaliser diverses actions de formation, d’information et de sensibilisation sur le processus de labélisation, d’accompagnement et de structuration des acteurs et producteurs, notamment l’échalote de Bandiagara (Centre), le bogolan fini du Mali, le sel gemme de Taoudénit (Nord).

Dans ce cadre, le Centre, avec l’appui du Programme d’appui à la compétitivité en Afrique de l’ouest (PACAO) a initié une série d’activités en faveur des acteurs d’un certain nombre de filières. Il est prévu de renforcer les capacités des acteurs des filières mangue et karité ainsi que des membres du Comité national de labélisation des produits locaux en Indications géographiques et en Marques collectives (CIGMAC-Mali) sur les concepts et l’importance de la MC et de l’IG dans le développement d’un pays.

Dans le cadre de l’établissement d’un cadre légal et institutionnel en matière de propriété intellectuelle, apte à soutenir les démarches de qualité liée à l’origine des produits locaux, le Mali, à l’instar de certains pays de l’espace de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), a créé le Comité national des indications géographiques (CNIG),en juillet 2014.

Pour prendre en charge les nouveaux enjeux liés à la nécessité de renforcer la dynamique nationale de labélisation des produits locaux, les textes portant création de ce Comité ont été révisés en octobre 2021 pour donner naissance au CIGMAC-Ma1i.

AC/MD (AMAP)