Maraîchage dans le Cercle de Diéma (Ouest) : Un tremplin pour les femmes

Si les femmes de Diéma consomment des légumes de leur production, elles réclament plus d’appuis matériels et financiers pour améliorer leur revenu tiré de la vente.

Diéma, 02 mar (AMAP) Le maraîchage est une culture de rente. Ces dernières années, il connaît de plus en plus un engouement dans le Cercle de Diéma. Il est surtout pratiqué par les femmes.

Selon les estimations, plus de 60% des femmes pratiquent cette activité lucrative qui contribue à renforcer l’autosuffisance alimentaire dans cette bande sahélienne où la réussite de la campagne agricole est souvent tributaire des aléas climatiques.

Après la période d’hivernage, ces braves femmes ne restent pas oisives, elles pratiquent le maraîchage. Avec les recettes générées, elles assurent leurs petits besoins et les charges de leurs enfants. D’autres encore constituent le trousseau de mariage de leurs filles. Celles qui participent aux tontines parviennent à honorer leurs engagements. Une partie de la production de légumes des femmes est aussi destinée à la préparation du repas familial, allégeant ainsi les frais.

Dans la plupart des cas, chaque femme dispose de son petit lopin de jardin localisé dans la cour de sa maison, avec une source d’approvisionnement en eau. Parallèlement, nombreuses d’elles sont membres d’associations ou groupements de femmes et de jeunes qui exploitent des périmètres collectifs. Peu d’espaces familiaux sont décongestionnées, au point d’y trouver un espace libre pour pratiquer le maraîchage.

Les parcelles, qui disposent de grands espaces, situées généralement au quartier Bamanaking, à l’Est de la ville, où le problème d’eau ne se pose pas, sont les plus verdoyantes.

En cette période de l’année, les marchés sont fournis. On y trouve des légumes de tout genre : laitue, choux, carotte, échalote, tomate, betterave, pomme de terre, céleri, etc. À entendre les populations de Diéma, aujourd’hui, elles n’envient pas les produits maraîchers provenant d’ailleurs.

Dans le Cercle de Diéma, les aides, en termes de renforcement de capacités, d’équipements, de semences, etc. émanant de l’État et de certaines ONG, n’atteignent pas toutes les femmes maraîchères. Certaines d’entre elles sont laissées pour compte.

Plusieurs difficultés assaillent le secteur du maraîchage dans le Cercle de Diéma. La plus contraignante demeure le manque ou l’insuffisance d’eau. Les quelques mares qui existent sont complètement asséchées et les puits ne fournissent plus la quantité d’eau nécessaire. D’ailleurs, ils commencent déjà à tarir. Pour ne rien arranger, les bornes fontaines qui fonctionnent à l’électricité subissent le régime des délestages, à cause du mauvais état du seul groupe électrogène de seconde main qui alimente cette ville carrefour.

Mme Assitan Diallo est maraîchère. Avec son puits à petit diamètre profond de quelques mètres, ses planches de légumes reçoivent quotidiennement de l’eau, par l’entremise d’un travailleur saisonnier qu’elle a engagé. Le céleri produit par Goundo Camara est très prisé par les consommatrices. Elle arrive, à cause de cet engouement pour sa production, à réaliser entre 5 000 et 7 500 Fcfa de recette par jour.

En bonne épouse, Mme Maïmouna Samaké utilise régulièrement les légumes de son jardin pour sa propre consommation. Elle ambitionne, avec ses maigres économies, de se procurer une pompe solaire pour assurer l’approvisionnement en eau de ses planches.

moyens – À Kasse-Kara, dans la Commune rurale de Groumera, une dame, qui a préféré garder l’anonymat, rapporte que le grillage qui clôturait le périmètre collectif des femmes, ne tient plus. Il a été fortement endommagé par la rouille, exposant ainsi le périmètre à la divagation des animaux. « Par méconnaissance, on a enfoncé le pourtour du grillage dans la terre. Le contact direct avec la terre a provoqué, au fil des ans, la rouille. Actuellement, chaque femme entretient sa petite parcelle », , poursuit la femme.

Notre interlocutrice cultive surtout du gombo, une plante qui, selon elle, résiste mieux à la chaleur et n’a pas besoin d’assez d’eau pour croître. Depuis que son mari a refusé de lui acheter une motopompe, en représailles, elle a décidé de ne plus utiliser ses légumes dans la préparation des repas de la famille. Elle estime, pour expliquer sa grogne, que son mari ne manque pas de moyens pour lui acheter cet équipement agricole.

Dans le jardin collectif d’un hectare et demi de l’association Benkady de Dioumara, dont Daly Cissé est la secrétaire administrative, sur les quatre puits existants, deux sont hors d’usage. Avec les recettes qu’elles engrangent avec la vente de légumes, ces femmes comptent refaire leurs puits et acheter du grillage pour réaménager la clôture de leur périmètre maraicher.

Un conseiller communal de Gomitradougou, Kantara Magassa, se réjoui des réalisations de sa sœur qui fait du maraîchage dans sa maison, aidée par ses enfants. Comme plusieurs femmes, elle achemine ses produits à la foire hebdomadaire de Sébabougou, à 10 km. Ici, en milieu bambara, la culture du tabac est l’une des activités principales des femmes en cette période.

Le premier adjoint au maire de la Commune, Modibo Sissoko, a regretté le manque de moyens de la collectivité qui ne peut pas aider les femmes maraîchères.

L’État et ses partenaires ont consenti de nombreux efforts pour soutenir les femmes et les jeunes dans leurs projets mais, les résultats restent mitigés. Pour lutter efficacement contre la pauvreté et réduire le flux migratoire dans le Cercle de Diéma, il faut, selon le président de la Chambre locale d’agriculture, accroître davantage les soutiens aux femmes et aux jeunes, en finançant leur projet de développement. Boubou Traoré propose d’organiser les femmes maraîchères en coopératives, afin qu’elles puissent bénéficier de plus d’avantages. Il a invité les femmes à persévérer dans l’effort pour leur plein épanouissement.

Les femmes maraîchères du Cercle de Diéma égrènent un chapelet de doléances. Elles ont besoin de forages, .’équipements, de semences et, surtout, de formation, pour plus de production, Pour cela, elles font appel à l’État, aux ONG, aux personnes de bonne volonté pour les aider à surmonter les difficultés auxquelles elles sont confrontées depuis belle lurette.

OB/MD (AMAP)