
Le président de la Transition du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré (c) entouré des deux PM, Choguel Kokalla Maiga (g) et Appolinaire Joachim Kyelem de Tambela (d)
Envoyé spécial
Massa SIDIBÉ
Ouagadougou, 27 fév (AMAP) La visite du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, à Ouagadougou, au Burkina Faso, a été l’occasion d’explorer les pistes pour un idéal panafricaniste pour lequel les autorités du Mali et du Burkina affichent une volonté commune de concrétiser le projet d’intégration des pères des indépendances.
Les premiers responsables des deux pays ne font pas mystère de leur détermination à rendre irréversible le processus de construction de la fédération Mali-Burkina Faso au terme des processus de transition.
Les deux parties estiment que réaliser ce projet ne doit pas, en principe, être un chantier impossible pour le Mali et le Burkina Faso qui partagent une frontière de près de 1300 km et sont assez proches culturellement ainsi que sur d’autres plans. La manifestation de cette ambition a été abordée lors de la visite de travail et d’amitié que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a effectuée, la semaine dernière, au Burkina Faso.
Cette visite intervient dans un contexte où les deux pays ont une convergence de vues sur de nombreuses questions et font, surtout, face à des défis identiques notamment terroriste. Pour venir à bout de ce fléau, les armées des deux pays collaborent déjà efficacement. Comme l’a fait le Mali, le Burkina Faso semble avoir opté pour le changement de paradigme concernant la conduite de son processus de transition. La diversification de son partenariat, le départ des militaires français du territoire burkinabé sont autant de points sur lesquels Maliens et Burkinabé ont la même grille de lecture.
Ces décisions ont, semble-t-il, favorisé le rapprochement entre les dirigeants des deux pays. L’on garde, en effet, en mémoire les visites que le président Ibrahim Traoré et son Premier ministre ont effectuées au Mali. Sur le même registre, le chef de la diplomatie malienne a, récemment, séjourné à Ouagadougou pour raffermir cette coopération.
Dans la même dynamique, Dr Choguel Kokalla Maïga a été reçu en audience, vendredi dernier,dans l’après-midi, par le président de la Transition du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. L’audience, qui s’est déroulée au palais présidentiel, a enregistré la présence des ministres maliens et burkinabé.
Au terme de l’entrevue, qui a duré environ une heure, le Premier ministre du Burkina Faso, Appolinaire Joachim Kyelem de Tambela, a souligné que sur les instructions des présidents Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, les deux gouvernements ont entrepris de baliser le terrain en vue de réaliser les rêves des populations.
Il s’agit de voir comment le Mali et le Burkina Faso peuvent poser les jalons de la fédération des deux pays. Signe concret de cette volonté, au pays des « Hommes intègres », une commission spéciale a été installée au sein du ministère des Affaires étrangères. Le Mali dispose, quant à lui, de suffisamment de documentations en rapport avec cette initiative.
« Les deux peuples sont déjà fédérés, ce sont les artifices administratifs et politiques qui les séparent », a affirmé Appolinaire Joachim Kyelem de Tambela. En vue de la concrétisation de cette ambition, une Grande commission mixte Mali-Burkina Faso se réunira très bientôt à Bamako. Avant, les ministres des Finances des deux pays vont se réunir.
CONSEIL DES MINISTRES CONJOINT – Peu de temps avant cette audience, les deux Premiers ministres ont co-présidé un Conseil des ministres conjoint dans les locaux de la Présidence du Faso. Cette réunion a porté sur l’ensemble des sujets qui intéressent les deux gouvernements, en particulier les questions sécuritaires, la lutte contre le terrorisme, les questions humanitaires, les processus de transition. Mais, aussi, les sanctions contre lesquelles les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée mènent une offensive diplomatique. Toutes ces questions seront abordées lors de la prochaine réunion de la Grande commission mixte.
« Tous les secteurs de développement ont été touchés », a résumé le Premier ministre au sortir de la rencontre. Dr Choguel Kokalla Maïga a rappelé, à ce propos, que les deux pays coopèrent déjà sur le militaire et, aussi, en matière de formation, et de partage de renseignements…
« Nous n’avons pas de problème communautaire, c’est fabriqué ailleurs et des hommes sont instrumentalisés, tantôt au nom de l’Islam, tantôt au nom des ethnies. pour nous distraire… », a insisté le chef du gouvernement malien, rejetant l’idée de réduire la crise sécuritaire à des conflits intercommunautaire.
Il a soutenu à ce sujet que les autorités maliennes et burkinabè sont occupées à créer les conditions de paix, de sécurité physique et alimentaire, d’éducation et de santé. « Les deux pays vont se donner la main, soutenir les armées afin qu’elles puissent restaurer la souveraineté », a dit M. Maiga, ajoutant que « sans sécurité, pas de démocratie. »
Dans la matinée de vendredi, le Premier ministre et son homologue burkinabè ont eu, à la Primature, une séance de travail en prélude au Conseil des ministres conjoint. Rien n’a filtré de cette rencontre. Presqu’au même moment, les ministres du Burkina Faso recevaient leurs homologues du Mali pour le même exercice.
La délégation du Premier ministre était composée de plusieurs ministres : Ibrahim Ikassa Maïga (Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions), le général Daouda Aly Mohammedine (Sécurité et Protection civile), Mme Dembélé Madina Sissoko (Transports et Infrastructures), Lamine Seydou Traoré (Mines, Énergie et Eau), Mme Diéminatou Sangaré (Santé et Développement social), Alhamdou Ag Ilyene (Maliens établis à l’Extérieur et Intégration africaine), Modibo Keïta (Développement rural), Andogoly Guindo (Artisanat, Culture, Industrie hôtelière et Tourisme).
MS/MD (AMAP)
UN DÎNER POUR FETER L’AMITIÉ ENTRE LES DEUX PAYS
Vendredi soir, le Premier ministre du Faso, Appolinaire Joachim Kyelem de Tambela a offert un dîner à son homologue malien Choguel Kokalla Maïga, dans le jardin de la Primature. La question de réaliser la fédération entre les deux pays a constitué « le plat de résistance » des interventions qui ont meublé ce cadre convivial. Se voyant comme les précurseurs de cet idéal panafricaniste, les deux chefs de gouvernement ont à ce propos réaffirmé la volonté des peuples du Mali et du Burkina de cheminer ensemble. « L’élite dirigeante politique et militaire doit aller dans le sens des peuples », a exhorté Choguel Kokalla Maïga qui est revenu sur les acquisitions récentes d’équipements militaires ayant permis aux FAMa de porter un sérieux coup aux capacités de nuisance des groupes armés terroristes. « Aujourd’hui, la peur a changé de camp, ce sont les terroristes qui se cachent et attaquent lâchement », a-t-il soutenu, avant de rappeler les principes qui guident désormais l’action des autorités de la Transition à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et le choix des partenaires du Mali ainsi que la prise en compte des intérêts du peuple malien.
De son côté, le Premier ministre du Faso dira qu’avec le Mali, il ne doit plus y avoir de différence. « Nous sommes engagés pour la fédération, pour la victoire ou la mort… Je pense que nous saurons relever le défi, car il s’agit de prendre sa place dans l’histoire », a-t-il assuré, avant de déclarer qu’il y a lieu de poser les jalons qui feront de sorte que le recul devienne impossible.
M.S.