
La transition a réussi le pari de relancer les activités du chemin de fer pour atténuer les souffrances des populations riveraines et donner un nouveau souffle à l’Economie de la Région
Par Bandé Moussa SISSOKO
Kayes, 10 juin (AMAP) Beaucoup de citoyens doutaient de la relance du train voyageur à cause de fausses promesses, de problèmes de gestion des marchés, de l’occupation des domaines ferroviaires et de la crise économique.
Grâce à la détermination des associations, des autorités et des populations, le train a sifflé à nouveau, ce 9 juin2023, dans la ville de Kayes, dans l’Ouest du Mali, marquant du coup la reprise des activités ferroviaires à la grande satisfaction des populations de cette ville affectueusement appelée « la Cité des Rails ».
Lorsque Kayes est devenue la capitale du Soudan-Français (l’actuel Mali), le colonisateur a également transféré la gare ferroviaire dans cette ville de l’ancien royaume du Khasso. Avant que la Régie des Chemins de Fer du Mali (RCFM) ne tombe en faillite victime de la mauvaise gestion et de la privatisation, beaucoup de gens enviaient les travailleurs de cette société. Dans certaines familles, notamment celles de Kayes-Khasso, Quinzambougou et Diabougou, les parents formulaient fréquemment ce vœu : « Que Dieu fasse de notre enfant un cheminot (Allah ka den kè cheminot ye » lors des baptêmes. Un vœu qui montre à quel point le train compte beaucoup dans la vie du Kayésien.
La preuve ? Le train a été salué à son départ de Kayes par une foule enthousiaste constituée d’autorités (administratives, politiques, élus locaux, légitimités traditionnelles, société civile), sans oublier les femmes et les enfants.
En plus du gouverneur de la Région de Kayes, le colonel Moussa Soumaré, les populations ont toutes tenu à être les témoins de la reprise du départ du train voyageur pour Bamako, après cinq années d’arrêt.
Après avoir entendu le signal à 07:45, les officiels, de même que les accompagnateurs et les autres visiteurs, des vendeurs et manœuvres, ont tous applaudi, en souhaitant « Bon voyage » aux passagers du train tiré par la locomotive CC 2207. Outre des voyageurs ordinaires, la rame avait à son bord un détachement de la Police nationale.
« Je voudrais d’abord rectifier que nous sommes venus assister au départ du 1er train voyageur, symbolisant la reprise effective du trafic ferroviaire. Quant à la cérémonie de lancement officiel, ce sera un autre jour, en présence des plus hautes autorités du pays », a déclaré le colonel Moussa Soumaré, peu avant que le train ne s’ébranle.
Le gouverneur a salué l’ensemble des travailleurs de la Société du patrimoine ferroviaire du Mali
(SOPAFER) pour leur patience et le travail remarquable realisé. « Pendant tout ce temps-là (période d’arrêt du train), ils ne se sont pas découragés. Ils ont continué à travailler, à espérer afin que ce jour-là soit », a-t-il souligné.
Le gouverneur Soumaré a aussi a dit merci à l’ensemble des populations riveraines du chemin de fer pour leur « patience, compréhension, sacrifice et esprit de patriotisme. »
« Ce n’était pas facile : pendant cinq ans, le trafic ferroviaire était arrêté et les populations en ont beaucoup souffert parce qu’il y a des endroits vraiment enclavés et le seul moyen de déplacement était le train », a dit le gouverneur Moussa Soumaré.
Parmi les passagers à bord, nous avons approché une dame qui partait à Bamako pour affaires. Cette dame qui a préféré garder l’anonymat, était très contente d’emprunter le train à nouveau. Même si elle estime que les frais de transport de certaines marchandises sont élevés. D’après cette passagère, une de ses voisines a payé 3 000 FCFA pour le transport de deux bidons de 20 litres d’huile.
Certains accompagnateurs étaient en colère lorsque des agents ont refusé l’accès du train à un de leurs proches qui n’avait certainement pas de ticket.
Vers 6 heures, des policiers, munis de leurs sacs, sont devant l’entrée de la gare. La veille, la vente des billets a débuté à 14 heures et en moins de 4 heures, le stock était déjà fini, provoquant des frustrations chez certains passagers qui n’ont pas pu s’en procurer.
Lors d’une rencontre dans l’après-midi du 8 Juin 2023 avec les travailleurs de ;a société, le directeur général de la SOPAFER, Ibrahima Maïga, a demandé aux populations de bien s’occuper de ces machines et d’éviter certaines pratiques qui peuvent compromettre la bonne marche de l’activité ferroviaire. Selon lui, l’Etat a investi au moins huit milliards de Fcfa pour la relance du train.
Le directeur Ibrahim Maïga a assuré les travailleurs, ainsi que les populations, que des dispositions seront prises pour corriger, au fur et à mesure, les défaillances constatées lors de la relance.
Les trois syndicats des travailleurs de la SOPAFER ont promis d’œuvrer pour que ce service puisse fonctionner durablement et ont insisté sur le changement de comportement.
Des prières et bénédictions ont été formulées pour la pérennisation de l’activité ferroviaire et la réussite de la transition.
BMS/MD (AMAP)


