Le voyage de Lamine Zeine Ali Mahaman a permis aux autorités du Mali et du Niger d’aborder des questions essentielles à leurs relations et pour faire face aux défis communs

Bamako, 06 oct (AMAP) Le Premier ministre du Niger, Lamine Zeine Ali Mahaman, a effectué une visite, jeudi, à Bamako qui a permis aux autorités du Mali et du Niger d’aborder des questions essentielles pour mieux raffermir leurs liens et faire face aux défis communs, notamment la lutte contre le terrorisme.

Après une séance de travail, le Premier ministre nigérien a été reçu à Koulouba par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. À sa sortie d’audience, Lamine Zeine Ali Mahaman a indiqué qu’il était porteur d’un message du président de la Transition du Niger, le général Abdourahamane Tchiani, à son homologue malien.

Selon Lamine Zeine Ali Mahaman, la rencontre a permis de rendre compte au chef de l’État des échanges de sa délégation avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga sur trois points essentiels. “Il s’agit d’abord, a-t-il poursuivi, de mettre en route très rapidement les moyens nécessaires à la tenue de la grande commission-mixte nigéro-malienne de coopération.”

Ensuite, a ajouté le visiteur de marque, “les échanges ont permis de partager des préoccupations communes qui sont liées au terrorisme qui affecte nos États avec le soutien de certaines puissances étrangères. Le troisième point a porté sur les questions d’ordre économique dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel qui vient d’être créée entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et à laquelle il faut donner une forme.

Le chef du gouvernement nigérien a saisi l’occasion pour dénoncer les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la Cédéao auxquelles le peuple nigérien est déterminé à faire face avec l’appui et le soutien de Bamako.

C’est précisément à 12h40mn que l’avion transportant le Premier ministre du Niger, Lamine Zeine Ali Mahaman, a atterri à l’aéroport international président Modibo Kéita Sénou. Il a été accueilli à sa descente d’avion par son homologue malien, Choguel Kokalla Maïga, accompagné des membres du gouvernement.

Après un court entretien élargi au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et au ministre d’État, ministre de l’Administration et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, les deux délégations se sont rendues à la Primature où elles ont tenu la séance de travail.

Plusieurs ministres, dont le ministre d’État, ministre de l’Administration et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, ceux en charge de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Sadio Camara, de la Sécurité et de la Protection civile, le général Daoud Aly Mohammedine, de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop y ont pris part. Lamine Zeine Ali Mahaman était également accompagné par des ministres occupant des postes clés dans son pays.

SITUATION AU NIGER – «Je voudrais remercier le Mali pour son soutien sans ambages lorsque la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé de nous sanctionner avec des mesures sans précédent, inhumaines», a dit le Premier ministre du Niger, se réjouissant, aussi, de l’appui du Burkina Faso. «Cela nous donne beaucoup d’énergie dans notre résistance et résilience», a-t-il ajouté.

Lamine Zeine Ali Mahaman a expliqué, ensuite, que des accords ont été trouvés avec le Burkina Faso pour que l’approvisionnement du Niger se fasse en produits de première nécessité. «Nous poursuivons cela avec l’appui de l’État, de notre armée. Nous arrivons tant bien que mal à assurer l’approvisionnement en denrées et produits pharmaceutiques», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre nigérien est revenue, également, sur l’interruption du circuit financier dont son pays a été victime de la part des institutions économiques et monétaires de la sous-région. «Nous essayons, tant bien que mal, de subvenir aux dépenses de souveraineté», a assuré l’hôte le Premier ministre du Niger, ajoutant que son ministre délégué en charge des Finances développera cet aspect avec son homologue malien lors de la séance de travail.

Comme annoncé dans les médias, l’Algérie, pays frontalier du Niger, entend jouer sa partition dans les négociations en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal. Selon Lamine Zeine Ali Mahaman, les autorités nigériennes ont reçu de la part du voisin algérien la proposition de négociations. “Mais, a-t-il révélé, les deux parties ne se sont pas comprises dans la précipitation.”

Le Niger a posé ses conditions qui se résument à “l’opposition de l’Algérie à toute intervention de forces sur son territoire ; la reconnaisse de sa souveraineté par l’Algérie et, enfin, l’ouverture des échanges commerciaux entre les deux pays.”

Le Premier ministre nigérien a insisté sur le fait que l’Algérie doit d’abord réaffirmer sa position d’éviter que la CEDEAO ou tout autre fasse usage de la force contre son pays. “Nous voudrions, a-t-il continué, que l’Algérie soutienne notre pays dans l’affirmation de sa souveraineté.” «Il ne sera plus question qu’un pays vienne chez nous et exiger telle ou telle chose», a-t-il averti.

Les échanges commerciaux entre les deux pays viennent sont la troisième condition du Niger pour que Alger puisse mener les négociations. Les domaines de ces échanges concernent, notamment, les infrastructures routières transsahariennes, la fibre optique pour l’internet, puis l’accès au port.

Selon lui, il était bon que les autorités de la Transition au Mali soient informées de cette situation.

GAGNANT-GAGNANT – La raison principale de la visite du Premier ministre nigérien demeure le renforcement de la coopération entre les deux pays. C’est pourquoi, il était fait accompagné par des ministres en charge des départements clés, comme les Hydrocarbures.

À ce propos, Il a évoqué qu’il s’agit “de voir ce que les deux pays peuvent faire ensemble dans ce domaine.” Surtout que le Niger exporte son pétrole “et la solidarité voudrait que les deux nations analysent ensemble comment se soutenir sur ce plan.”

Lamine Zeine Ali Mahaman a, enfin, suggéré une rencontre, dans un bref délai, de la Commission mixte de coopération nigéro-malienne afin d’approfondir les domaines de coopération. «Il faudrait très rapidement qu’on se réunisse pour voir comment toutes ces questions puissent être élucidées», a-t-il souhaité.

Il a, également, parlé des projets de développement entre le Noger et le Mali, prenant l’exemple sur l’accord dans le cadre deu Liptako-Gourma qui concerne, au-delà des questions de défense, la problématique de croissance économique.

Selon lui, il existe un très vaste projet de production de charbon qui verra très rapidement jour dans cette zone. “La production de cette matière contribuera énormément à combler le déficit énergique dans nos pays”,a-t-il espéré

Son homologue malien, Dr Choguel Kokalla Maïga, a signalé que cette visite de travail était attendue avec beaucoup d’impatience par les Maliens. “Cette phase sensible, a-t-il soutenu, que traverse votre pays mérite de bénéficier de l’expérience du frère Mali.”

Pour lui, la nouvelle situation géostratégique et géopolitique doit pousser les deux pays à consolider davantage leur coopération dans des différents domaines clés de la vie des deux nations, “avec à la clé, la solidarité, l’intégration, entre autres.”

Le chef du gouvernement malien a assuré la délégation nigérienne de l’accompagnement de Bamako. Comme en témoigne la présence de plusieurs ministres à la séance de travail. Selon Dr Choguel Kokalla Maïga, “les Maliens qui sont au Niger constituent une grande richesse dans le domaine du renforcement de la coopération entre les deux pays.”

Il a, aussi, rappelé l’histoire qui lie les deux pays. Et de déclarer : « Nous sommes disposés à soutenir le Niger pour lui permettre de traverser cette phase critique avec succès».

OD/AT/MD (AMAP)