Réconcilier les Maliens : La nouvelle mission que se donne l’imam Mahmoud Dicko

L’Imam Mahmoud Dicko s’est donné une nouvelle mission : la réconciliation (Photo AMAP)

Par Issa DEMBELE

Bamako, 24 août (AMAP) L’autorité morale du mouvement de contestation qui a fini par avoir raison du régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, l’Imam Mahmoud Dicko, se donne un nouveau challenge : prêcher la réconciliation des cœurs et des esprits des Maliens.

Lors du meeting du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), pour remercier le peuple et célébrer la victoire sur le régime déchu », vendredi après-midi, lors d’un meeting à Bamako, l’Imam Dicko, devant une foule immense massée à la Place de l’Indépendance et après plusieurs allocutions de responsables du M5-RFP, a annoncé qu’il « retourne dans sa mosquée », où il dirige les prières quotidiennes et d’où il pèsera de tout son poids pour réconcilier les Maliens. Pour la caution morale de l’opposition à l’ancien pouvoir, sa mission est finie.

Pour cet imam, qui, bille en tête, avait attaqué le régime de l’ex président, Ibrahim Boubacar Keita, (IBK), le nouveau challenge est d’éteindre le feu qui décime les Régions de Mopti et de Ségou, dans le Centre du Mali. Une course de vitesse sur le long terme alors que la maison brûle.

A propos de cette crise sécuritaire dans le Centre du Mali, il a lancé « un appel à tous les Peuhls ayant pris les armes, quelles que soient les raisons, de les déposer ». « Je demande la même chose aux Dogons, à la CMA (Ndlr, Coordination des mouvements de l’Azawad, ex rébellion touarègue), entre autres…Il faut qu’on s’entende pour l’intérêt de notre Nation. Ce pays appartient à nous tous  », a-t-il dit. Un message qu’il souhaite porter dans les jours à venir sur le terrain, en compagnie des leaders de toutes les confessions religieuses du Mali.

L’imam Dicko a, aussi, révélé qu’il nourrit l’ambition de mener une médiation à l’intérieur du Mali pour que la paix revienne. « Je me propose, avec mon jeune frère Chérif Ousmane Madani, mon frère Cardinal Jean Zerbo et d’autres personnalités du Mali, sous la bénédiction du Chérif de Nioro, de faire une tournée dans le Nord et le Centre du pays et partout ailleurs au Mali pour la cause de la paix », a-t-il dit.

Il a demandé au peuple malien de pardonner à l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita (IBK). « Je voudrais vous dire de pardonner à mon grand frère », a déclaré Dicko. Selon lui, le Mali est une Nation de non-violence et pas de vengeance. « Je souhaite qu’on mette de côté le bâton de la vengeance au profit de celui de l’entraide, du travail. Nous devons nous donner la main dans notre fraternité exemplaire », a prêché l’Imam.

« On est tous des Maliens. On doit se pardonner, se donner la main, chasser les démons de la division… », a-t-il plaidé, avant de dénoncer les actes de pillages de biens publics et privés lors des manifestations du 18 août dernier.

Ce n’est pas la première fois que Mahmoud Dicko met un pied dans le champ politique. Celui qui apparaît désormais comme l’homme du recours face aux échecs des gouvernants, avait, il y a une dizaine d’années, fait capoter un projet de réforme du Code de la famille. En 2019, il a mis la pression sur le gouvernement, qui a abandonné son projet de manuel scolaire d’éducation sexuelle.

L’imam Mahmoud Dicko a annoncé qu’il s’investira désormais sur le terrain de la réconciliation des cœurs et des esprits, avec en ligne de mire, juguler la crise sécuritaire qui menace l’existence même du Mali, depuis longtemps.

ID/MD (AMAP)