Bamako, 15 oct (AMAP) Dr Yacouba Togola, coordinateur médical du SAMU social-Mali explique que la prostitution anarchique des jeunes filles est un phénomène en croissance au Mali. « La majeure partie de ces filles sont en rupture partielle avec leur famille et elles viennent de divers horizons », précise-t-il. Dr Togola relève que le SAMU social s’occupe de ces jeunes filles travailleuses du sexe à Bamako et ses environs. Cette assistance se présente sur le plan médicale, psychosociale, éducatif de proximité et dans l’insertion socioprofessionnelle pour celles qui le souhaitent. Cependant pour le coordinateur médical, certaines de ces filles sont confrontées à d’énormes problèmes de santé.
« Lors de la campagne de dépistage de masse effectuée par le SAMU, en 2019, sur 101 filles dépistées, 29 cas séropositifs ont été détectés », a révélé le Dr Yacouba Togola. En plus, ajoute le médecin, 30 à 40 jeunes filles qui tombent dans la prostitution contractent des grossesses non désirées. Poursuivant, le médecin affirme qu’en 2020, le SAMU social a enregistré 14 décès de jeunes filles confrontées à la prostitution dont sept cas liés au VIH Sida.
Pour le coordinateur du SAMU social, il faut une sensibilisation de la population, pour un changement de comportement. « Ces enfants vivent dans d’énormes difficultés si l’on regarde les raisons de leur départ de la famille. Il faut une implication totale de l’État, pour renforcer la sensibilisation auprès de ces filles et des parents », a-t-il proposé avant de faire remarquer que c’est un chantier vaste pour Samu social. Le médecin estime que l’aide du gouvernement peut permettre au SAMU de faire beaucoup d’activités auprès de cette population.
Youssouf Diallo, médecin généraliste à la Mutuelle des travailleurs de l’éducation et de la culture du Mali (Mutec) signale que ces filles qui se prostituent anarchiquement, sont exposées à des grossesses non désirées, des infections et des MST, notamment le sida et l’hépatite.
Selon le praticien, les travailleuses du sexe sont aussi exposées à des maladies dermatologiques transmissibles par contact telles l’eczéma et l’anopie. A long terme, selon Dr Diallo, les conséquences sont, entre autres, la stérilité, le prolapsus vésicale, le relâchement de la peau, la fatigue, les problèmes d’accouchement, voire la mort prématurée.
Ainsi, le médecin généraliste exhorte les clients des prostituées à se protéger. « Quant aux filles, conseille-t-il, elles doivent faire des consultations médicales tous les mois ».
Pour sa part, le sociologue Faco Donko Diarra dira que ces actes que la société trouve choquants ont toujours existé au Mali. « Seulement, indique-t-il, c’était plus subtil et non à ciel ouvert ».
Selon lui, la principale cause de l’augmentation de la prostitution est la pauvreté du milieu familial et l’impact de ce qui se passe dans le monde, à travers les réseaux sociaux. Pour Faco Diarra, ce phénomène peut engendrer de nombreuses conséquences sur la fille et la société. Pour la fille, fait-il savoir, « il y a des difficultés de se marier, la déconsidération de la société, le rebondissement de l’égo de la déconsidération dans la famille d’origine de la fille ».
En ce qui concerne les conséquences sur la société, le spécialiste dira que la prostitution entraine la dépravation des mœurs, l’image négative sur le pays, le ralentissement du développement social.
« Ce n’est pas des textes de loi qui peuvent enrayer ce phénomène, car tous les pays du monde sont confrontés à la même problématique », signale-t-il. Il propose aux autorités maliennes d’approcher les familles de ces jeunes filles pour les aider. Le sociologue propose également une réglementation de la prostitution au Mali.
BT