Mopti, 20 mars (AMAP) La région de Mopti est une zone d’élevage par excellence qui enregistre plus du tiers de l’effectif du cheptel national. Le mode de gestion de cet important potentiel de bétail est basé sur la transhumance mis à rude épreuve ces dernières années par les effets du changement climatique avec son corollaire de réduction drastique des pâturages et leurs accès difficile dû à l’insécurité. En plus de ces facteurs limitant, les populations font aussi face aux difficultés récurrents liés aux feux de brousse qui font beaucoup de ravages, a appris l’AMAP de source officielle.
En effet, les plaines rizicoles de la zone office riz Mopti qui constituent une principale réserve d’alimentation du bétail pour la période de soudure a connu durant la dernière décade du mois de février des cas de feux de brousse ayant ravagé des milliers d’hectares de fourrage et des cas sporadiques sont enregistrés. Ces feux de brousse constituent un véritable désastre pour les communautés de la zone à vocation essentiellement agro-pastorale.
Pour le chef de cantonnement des eaux et forêts de Mopti, le capitaine Abdoul Malick Ayouba Maiga, le feu de brousse constitue tos feux usncontrôlés en milieu rural quel que soit leur cause ou leur origine. Le comportement humain est la principale cause de ce drame qui dégrade les terres en accentuant l’érosion et la perte de fertilité des sols agricoles.
Selon le technicien, la combustion de la biomasse libère d’importantes quantités de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère qui contribue au réchauffement climatique. En plus de ses impacts sur la santé humaine les feux de brousse constituent une réelle menace pour l’élevage et la survie des éleveurs pasteurs.
A en croire le chef de cantonnement, les feux de brousse peuvent avoir plusieurs causes entre autres, les feux pour dégager les alentours des habitations, les chasseurs pour débusquer le gibier, le paysan pour nettoyer son champ, le berger (chevrier) pour accélérer la régénération et les mégots de cigarette.
Face aux enjeux, diverses stratégies sont mises en place afin de prévenir et de combattre les feux de brousse et de forêts parmi lesquels figurent en bonne place la sensibilisation et l’éducation des populations, les dispositions réglementaires notamment la loi n 10-28 du 12 juillet 2010 déterminant les principes de gestion des ressources du domaine forestier national. Cette loi fixe en son article 121 les sanctions en la matière. Les sanctions vont de 5000 F à 10 000 F pour les dégâts inférieurs à un hectare et 10000 F à 20 000 F par hectare pour les superficies dépassant 1ha. En cas d’incendie volontairement provoqué, les dispositions du code pénal s’applique a expliqué M. Maiga. Selon lui, malgré ces dispositions, la situation prend de l’ampleur et reste préoccupante avec de nouveaux cas dans d’autres zones.
« Le feu de brousse est le principal danger pour l’élevage. Parler de zones pastorales c’est enclin au fourrage et l’eau. Un éleveur dans une zone sans fourrage, sa survie est menacée. Le feu décime les pâturages et assèche les marres et rend l’élevage compliqué » a souligné Bara KOITA, le président de la filière bétail-viande-lait de Mopti. Il a ensuite indiqué que la subvention de l’aliment- bétail est une alternative crédible d’accompagnement de maintien du cheptel qui ne peut pas toutefois se substituer au biomasse dans le cadre de notre système d’élevage basé sur l’extensif. Il est alors nécessaire que des mesures rigoureuses soient prises dans les zones pastorales pour prévenir les feux de brousse dont les conséquences sont énormes, a –t-il souligné.
Les autorités régionales sont résolument engagées dans la lutte contre le fléau à travers la mise en place et la dynamisation des brigades de surveillance villageoises avec comme mission, l’alerte, les tentatives d’éteindre et l’identification des auteurs. En cette période, avec l’appui des ONG partenaires de la région, une campagne de sensibilisation et d’éducation est initiée sur les radios locales de la place sur le phénomène et les enjeux majeurs en lien avec le développement local.
DC/KM (AMAP)