
La chute de la production n’a pas altéré l’embellie des prix sur le marché de l’oignon.
Par Korotoumou TOGOLA
Bamako, 24 mar (AMAP) Malgré les nombreuses contraintes qui ont impacté la production d’oignons, on assiste à une baisse drastique des prix de cette denrée de première nécessité, au grand bonheur des ménages en ce début du mois de Ramadan.
Ainsi, le kilogramme d’oignon qui, au mois de décembre, était vendu entre 600 et 750 Fcfa, est maintenant cédé entre 200 et 250 Fcfa. La gare routière «Niono place», située au Grand marché de Bamako, est la plaque tournante du marché de l’oignon dans la capitale malienne, Bamako. En se rendant là-bas, notre équipe est tombée dans un tohu-bohu indescriptible, rythmé par les mouvements des camions qui déchargent des sacs d’oignons, les négociants et les revendeurs discutant la marchandise.
Le ballet incessant des «pousse-pousse» et tricycles remplis du légume garnit le décor. À cet endroit, on trouve de toutes les qualités, déversées à même le sol, en tas ou des stocks de sacs superposés auprès de leurs propriétaires et dans les magasins.
Ousmane Sangaré nous accueille agréablement. Chez lui, le kilo est vendu à 225 Fcfa et le sac est cédé entre 10 500 à 12 000 Fcfa. Avec une vente journalière estimée, en moyenne, à 100 sacs d’oignons de 50 kg, Ousmane se frotte les mains. Il confirme que le marché est très florissant en ce moment.
À sa gauche, se trouve Amadou Touré, vendeur de gros oignon. Chez lui, le sac est vendu entre 8 000 et 9 000 Fcfa.
À quelques pas de ces derniers, Abou Traoré. Il est marchant d’oignon depuis 12 ans. Dans son magasin, il dispose de plusieurs variétés. Et, les prix varient en fonction de la qualité, la variété et la taille du légume. Le prix du kilogramme du petit oignon par exemple, varie entre 175 et 200 Fcfa, et le gros oignon, entre 200 et 250 Fcfa.
Une cliente, Assétou Diallo, vient d’acheter 7 kg de gros oignon au prix de 275 Fcfa le kilo. Elle se réjouit de cette baisse du pr,ix, car elle aura besoin de cette denrée pendant tout le mois du Ramadan, pendant lequel la consommation devient forte chez elle.
Il y a juste un mois, le kilogramme du même oignon qu’elle vient d’acheter, coûtait 400 Fcfa. Une véritable aubaine pour les consommateurs.
Au Mali, l’oignon est généralement produit en contre saison, c’est-à-dire entre les mois de novembre et mars. Les meilleurs rendements sont obtenus par ceux qui parviennent à semer pendant les mois de novembre et décembre, explique Amadou Koné, chargé de statistique suivie et évaluation à la Direction nationale de l’Agriculture (DNA).
Le rendement dépend aussi du niveau de fertilité des sols. « Les producteurs qui apportent plus de fumiers organiques associés à un peu d’engrais chimiques, parviennent à faire de bonnes productions », assure M. Koné, qui estime que dans certaines localités, les producteurs peuvent faire un rendement de 30 à 35 tonnes par hectare.
L’oignon est cultivé dans la plupart des localités du Mali, avec de grands bassins de production comme Kayes (Ouest), Koulikoro (Centre ouest), Mopti, Ségou (Centre) et Sikasso (Sud).
L’oignon, qui est utilisé dans presque toutes les cuisines du monde comme aromate universel, est un légume à part entière. Il est riche en composés antioxydants. Lorsqu’il est consommé régulièrement et en quantité suffisante, ces composés peuvent aider à protéger l’homme contre des maladies chroniques telles que le cancer et le diabète. Parmi ses multiples propriétés, l’oignon a des vertus antiseptiques et antibactériennes.
Le Mali est l’un des plus grands producteurs d’oignons de la sous-région. Selon les statistiques de la DNA, le pays a produit 844. 621 tonnes d’oignons en 2021, contre 610 575 tonnes l’année dernière. « Cette chute de production de la campagne 2022 est due à plusieurs facteurs », souligne Amadou Koné. Parmi ceux-ci, il y a la hausse des prix des intrants et des semences auxquels s’ajoutent des problèmes techniques d’aménagement, tel que le système d’irrigation.
« Le conflit entre la Russie et l’Ukraine qui a exacerbé la crise économique mondiale avec la flambée du prix du carburant, n’est pas en reste », analyse le technicien.
KT/MD (AMAP)