Lycée Dougoukolo Konaré de Kayes : Geste d’apaisement du Directeur régional de la police

Il a présenté ses excuses à la Synergie des syndicats signataires de l’éducation du 15 Octobre 2016 de la Région de Kayes (Ouest) à la suite de la violation du domaine scolaire par la police.

Kayes, 29 avr (AMAP) La Synergie des syndicats signataires de l’éducation du 15 Octobre 2016 de la Région de Kayes a ordonné la reprise des cours mercredi 30 avril 2025 au Lycée Dougoukolo Konaré de Kayes (LDKK) et dans d’autres établissements scolaires de la Cité des rails, après les excuses, la veille, du Directeur régional de la police, Issa Traoré domt le service est accusé de « violation du domaine scolaire. »

Cette synergie qui regroupe le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivité (SYPESCO), le Syndicat national des enseignants du Mali (SYNEM), le Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNEFCT), le Syndicat libre de l’enseignement fondamental (SYLBEF )et le Syndicat national des enseignants secondaire de l’état et des collectivités (SYNESEC), avait invité mardi ses militants à une Assemblée générale (AG) dans l’enceinte du LDKK pour parler de la « violation du domaine scolaire par la police ».

Les deux lycées publics de la ville (Lycée Dougoukolo Konaré et Lycée de Kayes N’Di) sont secoués par des histoires de violences perpétrées par des individus incontrôlés. Le cas le plus récent est survenu au LDKK, qui compte plus de 3 000 élèves et est situé sur la rive gauche du fleuve Sénégal, celui de Kayes N’Di étant sur la rive droite de ce cours d’eau qui divise la ville de Kayes en deux (Kayes-ba et Kayes N’Di). \

« L’incident qui nous a réuni ce matin, s’est déroulé samedi 19 avril 2025, aux environs de 17 heures. Un individu armé s’est introduit dans l’enceinte du lycée, à l’étage. Le gardien, ayant constaté qu’après 30 minutes, personne n’est ressortie, s’est rendu sur les lieux pour voir ce qui s’est passé. A sa grande surprise, il a trouvé les deux malfrats. Il a réagi et s’est retrouvé sous leur contrôle », raconte Bakary Sissoko, professeur de français au Lycée Dougoukolo Konaré, également secrétaire général de la SYPRESCO.

Le gardien a fait savoir aux inconnus que de telles actions ne doivent pas se dérouler dans une école. Ne se limitant pas à cette remontrance, il a invité les assaillants à sortir. « La personne a réagi violemment, en insultant le gardien. Elle a porté un coup au cou de sa victime, qui est tombée. N’eut été l’intervention des personnes présentes, l’incident aurait pris une tournure dramatique », souligne le leader syndical.

Les syndicalistes ont mis fin à leur arrêt de travail

Entre-temps, les gardiens ont confisqué la moto de l’intéressé pour la mettre à la disposition de l’administration scolaire. Ainsi, ils envisageaient d’entamer les négociations avec les assaillants afin de situer les responsabilités si ces derniers revenaient le lendemain.

A la grande surprise des travailleurs du Lycée Dougoukolo Konaré, la personne qui a violé l’espace scolaire est allée porter plainte contre le gardien au Commissariat spécial de police. Alors qu’auparavant, la victime s’était rendue au niveau de la gendarmerie pour porter plainte contre son agresseur.

« Sans chercher à comprendre le fond de l’histoire, les policiers (deux) sont venus, dans un pick-up, pour interpeller le gardien dans l’enceinte du lycée. Ce qui constitue une violation du domaine scolaire », déclare Bakary Sissoko du SYPESCO.

Selon lui, le syndicat a suivi l’affaire jusqu’au niveau du parquet où il y a eu un non-lieu. « Pour nous, même si l’action judiciaire est terminée, il faut que le syndicat engage d’autres actions pour éviter que de telles choses ne se répètent », souligne-t-il.

De ce fait, la branche syndicale de la Synergie a rencontré le proviseur du LDKK, le Comité de gestion scolaire (CGS). Ensuite, elle a convoqué une AG pour manifester son mécontentement et décréter un arrêt de travail de 48 heures qui a été bien suivi.

Apparemment, ces actions n’ont pas porté les fruits escomptés. C’est pourquoi, le syndicat a déposé des lettres à l’administration scolaire, avec ampliation à la Mairie, l’Académie d’enseignement et le gouvernorat. Malheureusement, les syndicalistes déplorent le fait que ces lettres soient restées sans effet.

« Mais quand la Synergie a pris l’affaire en main, on a mis une note sur les réseaux sociaux pour dire qu’il y aura une Assemblée générale, suivie d’un arrêt de travail. Les autorités scolaires, inquiétées d’une éventuelle grève, se sont précipitées pour nous rencontrer à l’Académie d’enseignement de Kayes pour éviter ce mouvement », explique le secrétaire général du SYPESCO.

Soucieuse de maintenir la quiétude à l’école à moins d’un mois des examens de fin d’année, les autorités ont invité la Synergie des syndicats signataires de l’éducation du 15 Octobre 2016 de la Région de Kayes à des pourparlers au gouvernorat.

« Le gouverneur a fait savoir qu’il va prendre le dossier en main et nous a demandé d’œuvrer dans le sens de l’apaisement. Ce qui relève du ressort de l’Assemblée générale, notre instance de prise de décision », lâche Bakary Sissoko, à l’issue de l’AG de mardi.

Selon lui, le chef de l’exécutif régional avait prévu une réunion du Conseil régional de sécurité pour donner « des instructions fermes » au Directeur régional de la police par rapport à la violation du domaine scolaire.

La Synergie des syndicats signataires de l’éducation du 15 Octobre 2016 de la Région de Kayes avait donné ces informations à sa base. Certains enseignants avaient pris la parole pour demander le départ du Commissaire chargé des enquêtes et de ses éléments du Commissariat spécial de police de Kayes. Les enseignants s’étaient indignés du fait qu’on leur avait suggéré de transférer l’affaire à la police, même si la ville est de son ressort.

Mais, l’assemblée a vite pris fin quand un orateur a, sous le coup de l’émotion, demandé aux enseignants de reprendre les cours dès le lendemain, sans attendre les recommandations et la décision finale, créant du coup un sentiment de frustration chez certains participants qui avaient commencé à vider les lieux.

Les syndicats avaient envisagé d’accorder un temps au gouverneur pour la gestion de leurs doléances. Les choses sont allées plus vite que prévues. En optant pour l’apaisement, le Directeur régional de la police s’est rendu dans l’établissement scolaire, juste après l’AG, pour présenter ses excuses au nom de ses éléments.

Un geste qui a été fortement salué par les syndicalistes qui ont ainsi mis fin à l’arrêt de travail et renoncé au départ des policiers cités ci-hauts..

BMS/MD (AMAP)