Par Fadi CISSE
Niafunké, 16 janvier (AMAP) A Niafunké, localité située dans la Région de Tombouctou, le froid bat son plein actuellement, comme un partout au Mali. Ce vendredi matin, il est 8 heures à Djoulabougou, un des quartiers les plus peuplés de la ville. Les rues et ruelles sont vides. Or, en période de chaleur, elles sont grouillantes de monde dès 6 heures du matin. Un grand froid accompagné de vent glacial et poussiéreux balaie la ville, depuis quelques jours. Obligeant ainsi les familles à trouver des astuces pour s’en prévenir.
Dans la famille Maiga, le petit garçon Abdoulaye Maiga vient de se réveiller. Il a à ses côtés unebouilloirecontenant de l’eau pour se laver le visage. Mais, par ces temps (frais) qui courent, il semble manquer de courage pour faire le geste. « J’ai peur de la fraîcheur de l’eau. Si je pouvais, je ne me laverais pas le visage jusqu’à la fin du froid. Ainsi, je n’aurai plus à avoir peur du froid et de l’eau fraîche et ma maman ne me gronderait plus pour que je me lave le visage tous les jours », pleurniche le petit garçon.
Non loin de chez les Maïga, dans la famille Dicko, la doyenne Ténin est accroupie dans la cuisine près d’un foyer amélioré. La veille femme de près 90 ans donne l’impression de surveiller une grosse marmite remplie d’eau posée sur le feu. « Comme je n’ai rien à faire, j’aide mes belles-filles à chauffer de l’eau dont se serviront mes enfants et petits enfants pour faire leur bain matinal, en cette période de grand froid », explique la nonagénaire. Selon elle, il est des jours où la marmite reste poser sur le feu jusqu’au petit soir.
L’eau chaude est utilisée, non seulement, par les membres de la famille Maïga mais, aussi, par des voisins qui ont la paresse de chauffer de l’eau. A peine la conversation terminée, son fils ainé, tenant une bouilloire et une brosse à dents, se dirige vers la cuisine. Visiblement assailli par le froid, il remplit son récipient d’eau chaude pour faire son entretien du matin.
Pendant ce temps, les élèves, portant des tenues lourdes et bien chaudes contre le froid, prennent le chemin de l’école. En route, filles et garçons grelottent de froid, malgré leurs habits chauds et lourds. Certains portent même des chapeaux ou des écharpes pour se protéger la tête et le cou. D’autres, par contre, préfèrent sécher les cours, en restant à la maison. La petite Aïssata est l’une d’elles. Un fouet à la main, sa mère la menace au motif qu’elle refuse de sortir du lit, le matin, pour se rendre à l’école.
La nuit, la température baisse encore plus. Au niveau du quartier Haousankorè, il est 20 heures. Les rues sont désertes. Quelques rares boutiquiers ont ouvert leurs portes. Les jeunes, eux, préfèrent former maintenant les « grins » dans un coin de leur chambre, autour du feu et du thé. « Mes amis et moi, nous remplissons chaque soir un petit foyer de feu pour nous chauffer et lutter contre ce froid perçant», explique Garba Touré. « Une autre astuce, ajoute-t-il, est de se remplir le ventre de nourritures consistantes et chaudes, avant s’enturbanner le visage pour le protéger du vent ».
En la matière, le Dr Daouda Touma Koné, directeur technique du Centre de santé communautaire (CSCOM) central de Niafunké, explique qu’on a froid lorsque la température ambiante est plus basse que la température corporelle qui est estimée entre 36/1 et 37/5.
Pour le médecin généraliste, le froid peut engendrer des maladies telles que le rhume, le desséchement de la peau, des problèmes oculaires dus à la poussière provoquées par le vent sec, l’épitaxie (le saignement du nez), les angines de gorge… Pour éviter ces problèmes de santé, conseille-t-il, il faut se protéger en portant des habits épais. Dr Koné suggère aussi de boire constamment d’eau même quand on n’a pas soif, de se laver régulièrement avec de l’eau tiède et non fraiche, de réduire l’exposition à la poussière, de se couvrir le nez ainsi que les yeux et la bouche. « Il faut s’appliquer les émollientstel que le beurre de karité, boire des boissons chaudes comme le thé, le lait et faire des activités physiques légères et régulières », préconise la praticien qui invite les parents à prendre suffisamment soin des enfants, en leur faisant porter des habits chauds et en mettant du beurre de karité dans leur nez.
FC/MD (AMAP)