
Le général Siaka Sangaré
Les préparatifs des élections législatives, l’audit du fichier électoral sont, entre autres, sujets sur lesquels se prononce le délégué général aux élections dans les lignes qui suivent. Il revient également sur les missions et attributions de la structure qu’il dirige.
Propos recueillis par
Massa SIDIBE
L’Essor :La Délégation générale aux élections (DGE) est un acteur incontournable des processus électoraux au Mali. Concrètement, quelles sont ses missions et attributions ?
Général S.S :Selon l’article 27 de la loi n° 2016-048/du 17 octobre 2016 portant loi électorale, la DGE est chargée de l’élaboration et la gestion du fichier électoral ; la gestion du financement public des partis politiques ; l’assistance à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à la demande de celle-ci.
L’Essor :A moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, où en est la DGE avec les préparatifs ?
Général S.S :La DGE est dans la dynamique de la mise en œuvre de son plan d’action en termes de préparatifs des élections législatives 2020, conformément à ses missions définies à l’article 27 de la loi électorale et conformément au chronogramme général. A cet effet, à la date d’aujourd’hui, les actions suivantes ont été déjà exécutées : la mise à jour du fichier électoral ; l’audit du fichier électoral sous la responsabilité de la CENI ; la confection et la personnalisation des cartes d’électeur (tâche confiée à la DGE en 2020 par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation), sous la supervision de la CENI. La distribution des cartes d’électeur est en cours depuis plus d’une semaine.
L’impression des documents électoraux relevant de la DGE (listes électorales de la commune, extraits de listes par bureaux de vote et listes d’émargement) ainsi que leur remise au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation sont en cours.
Les applications informatiques destinées à l’information des électeurs sur les centres et bureaux de vote sont en cours de test. J’avoue que nous sommes en retard dans ce domaine par rapport aux échéances électorales précédentes.
L’Essor :Le rapport d’audit du fichier électoral a été remis au Premier ministre il y a quelques jours avec, semble-t-il, une relative satisfaction. Qu’est-ce qui a concouru à ce résultat accepté par la quasi-totalité des acteurs politiques ?
Général S.S :Je dirais plutôt une réelle satisfaction et non une relative satisfaction des acteurs politiques et sociaux. Les facteurs ayant concouru à l’acceptation des résultats de l’audit du fichier électoral 2020 par la quasi-totalité de ces acteurs sont à rechercher dans l’approche inclusive, participative et transparente qui a fait appel à la classe politique dans sa diversité et à la société civile ; la participation d’experts nationaux librement désignés par ces acteurs politiques et sociaux et d’experts internationaux choisis par la CENI ou le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais surtout dans les travaux d’évaluation et de correction réalisés à l’interne par la DGE sur la base de données après la mise à jour du fichier électoral.
Vous avez dû constater que les résultats de ladite évaluation interne ont été intégralement confirmés par les travaux du Comité d’audit. Cela dénote dans une certaine mesure le sérieux et le professionnalisme des agents de la DGE.
L’Essor :Où en est-on avec le chronogramme de confection et de mise à disposition des documents électoraux (cartes d’électeurs biométriques, bulletins de vote…)
Général S.S :Sous la responsabilité de la DGE, les cartes d’électeur ont été confectionnées et personnalisées. Elles ont été livrées au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Les listes électorales (listes électorales de la commune, extraits de listes par bureaux de vote et listes d’émargement) sont en cours d’impression et seront remises au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation entre le 09 et 18 mars 2020. Les autres documents (bulletins de vote, procès verbaux, …) relèvent de la compétence du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
L’Essor :De plus en plus, des voix s’élèvent pour demander la mise en place d’un organe unique de gestion des élections. Qu’en pensez-vous ? Cette proposition est revenue sur la table lors du Dialogue national inclusif ?
Général S.S :Quand on fait la typologie des structures de gestion des élections dans le monde, on en trouve trois : les structures étatiques comme le bureau des élections en France directement rattaché au ministère de l’Intérieur ; les structures indépendantes (la CENI du Burkina Faso ou le directeur général des élections du Québec) ; les structures mixtes comme le cas du Sénégal où coexistent la CENA, la DGE…
En tout état de cause, la meilleure structure de gestion des élections est celle qui inspire confiance aux acteurs politiques comme le précise l’article 3 du Protocole additionnel de la Cedeao en ces termes : « les organes chargés des élections doivent être indépendants et/ou neutres et avoir la confiance des acteurs et des protagonistes de la vie politique. En cas de nécessité, une concertation nationale appropriée doit déterminer la nature et la forme desdits organes ».
C’est pour dire que si les acteurs politiques maliens doivent mettre en place une structure unique comme en 1997, je ne vois pas d’inconvénients. Mais il faut que cette structure unique inspire confiance à l’ensemble des acteurs politiques et ne soit pas budgétivore.
MS/MD (AMAP)