Ségou, 2 oct (AMAP) L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a organisé, mardi, un atelier de sensibilisation au profit d’une cinquantaine de cadres de l’administration générale, financière et de la justice de la région de Ségou (Centre).
L’objectif général était d’informer et de sensibiliser les différents acteurs de la haute Administration sur la lutte contre la corruption et ses conséquences néfastes sur l’atteinte des objectifs de développement socio-économique.
Citant une étude de l’OCLEI de 2021, sur les « Techniques d’enrichissement illicite dans l’administration publique au Mali », le gouverneur de la Région de Ségou, le contrôleur général de police Alassane Traoré, a indiqué que le niveau de perception de l’amplitude de l’enrichissement illicite est le plus élevé à Kayes avec 50,70%, suivi de Ségou et de Bamako qui font respectivement 41,80% et 40,90%.
Le gouverneur, qui a présidé la rencontre, a souligné que ce score de deuxième place n’est pas reluisant pour qui Ségou doit faire mieux. “ Ségou est une région d’agriculture et un carrefour commercial par excellence, d’où les risques élevés de corruption. A cet effet, il est important pour nous de mettre en place des moyens de nous éloigner de ce cancer qui gangrène notre société et d’accompagner l’OCLEI dans ses actions de tous les jours pour une gouvernance vertueuse de nos maigres ressources”, a-t-il-dit.
Pour ce faire, le Contrôleur général de police Alassane Traoré a souligné le rôle et la place déterminants des cadres de l’Administration « dans son entièreté et de les inviter à accorder toute leur attention à l’atelier. »
Dans son allocution le représentant du président de l’OCLEI, Seïdina Oumar Diarra, Seïdina Oumar Diarra, affirmé que la corruption affecte considérablement notre pays et impacte négativement la qualité des prestations de service de l’Administration dans son entièreté. Cet état de fait est corroboré par des études dontune enquête d’opinion publique conduite par la Fondation Friedrich-Ebert, datant de 2021, qui « révèle que la Police, la Justice et la Santé font partie des secteurs les plus touchés par la corruption au Mali. »
Par ailleurs, il ressort des rapports des structures de contrôle que, « de 2005 à 2019, l’Etat du Mali a perdu 1 266 milliards de Fcfa des suites de détournements de deniers publics, de fraudes aux marchés publics, de gaspillages et de détournements de biens de l’Etat ».
« Il est estimé que ces moyens financiers spoliés à l’Etat pouvaient lui suffire pour construire 264 hôpitaux de haut standing, 1 767 centres de santé de référence, etc », a-t-il dit.
Il a réitéré l’engagement de l’OCLEI à jouer « toute sa partition, dans ce combat des plus nobles. »
Dans son exposé, qui a marqué la journée, le président du pôle prévention et déclaration de biens à l’OCLEI, Dr Djibril Coulibaly, a présenté la struture et s’est appesanti sur son rôle dans l’architecture institutionnelle de la lutte contre corruption. Il a, aussi, présenté le cadre juridique de la lutte contre la corruption et les conséquences socio-économiques néfastes de ce fléau.
L’atelier d’une journée entre dans le cadre des traditionnelles activités d’information, d’éducation et de sensibilisation, initiées par l’OCLEI à travers son pôle « Prévention et Déclaration de biens », en partenariat avec le Projet d’appui à la lutte contre la corruption pour et par l’égalité des genres (LUCEG).
Le phénomène de la corruption, devenu systémique au Mali, selon un rapport de la Banque mondiale, se manifeste sous plusieurs formes. Il peut s’agir, selon le mode d’action, de pots-de-vin, d’extorsion, de trafic d’influence, de népotisme, de fraude, de détournement de fonds, d’abus de biens ou de deniers publics, d’enrichissement illicite entre autres. Les conséquences de ce fléau sont dévastatrices pour nos populations qui, de ce fait, ont un accès limité aux services sociaux de base telles que l’éducation, la formation, la santé, la justice, l’eau, l’électricité, etc.
La rencontre a noté la présence du représentant du maire de la Commune urbaine de Ségou, Mamadou Sylla.
ADS/MD (AMAP)