Diéma : Gros porteurs, fossoyeurs des routes

Par Ouka BA

Diéma, 2 avr (AMAP) Stratégiquement, la ville de Diéma est située au cœur du Kaarta, à la jonction des routes internationales Diéma-Kayes-Diboli (RN1) et Bamako-Diéma- Nouakchott (RN3).

Durant ces dix dernières années, la ville a connu une démographie galopante avec l’arrivée massive d’étrangers en quête d’un mieux-être. Dans cette ville-carrefour, cohabitent, en symbiose, Soninkés, Bamanans,  Peuls,  Maures,  Diawambés et Kagoros. Les principales activités économiques reposent essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, le maraîchage, le commerce et l’artisanat. La pêche y est un secteur très peu développé.

Avec la construction de ces routes internationales, le commerce transfrontalier s’est renforcé au fil des ans. Ces voies sont régulièrement empruntées par des véhicules hors normes qui assurent le transport des marchandises, en provenance des ports de Dakar, au Sénégal et de Nouadhibou, en Mauritanie.

A cause de l’utilisation toujours grandissante de ces tronçons, force est de constater aujourd’hui, que l’état des infrastructures routières laisse à désirer. Ces routes sont parsemées de nids de poule, de « nids d’éléphant », traduisant un degré de dégradation plus avancé.

Cet état de fait occasionne souvent des accidents et accroît l’insécurité avec ses corollaires de braquages à main armée, de banditismes, de viols.

Suite au communiqué du ministère des Transports et des Infrastructures, engageant les administrations compétentes à assurer le respect des normes relatives aux gabarits,  aux poids et à la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises,  l’équipe de reportage de l’AMAP de Diéma, a pu établir le constat que les véhicules hors normes, de l’avis général, détruisent les routes et les rendent impraticables, surtout en période d’hivernage.

Le chef du service de la subdivision des routes de Diéma, Karamoko Diallo, salue l’initiative du département des Transports et des infrastructures du contrôle de la surcharge des gros porteurs.

Selon lui, plusieurs actes d’incivisme provoquent des déformations structurelles de la chaussée et la rendent difficilement carrossable. Il s’agit, notamment, de la surcharge, le fait aussi de freiner brusquement le véhicule et d’autres attitudes jugées incommodes. Toutes ces pratiques néfastes concourent à la détérioration des voies publiques, occasionnant souvent des accidents mortels. « Un chauffeur de remorque, poursuit notre interlocuteur, qui ne parvient pas à regarder dans les rétroviseurs de son véhicule à cause du volume des bagages que son camion transbahute, cause inévitablement des dégâts. »

Face à l’ampleur de la situation, M. Diallo invite les transporteurs au respect strict des textes en vigueur dans notre pays en matière de transport. Il fait remarquer que les autorités de la Transition sont à pied d’œuvre pour la réhabilitation des tronçons Diéma-Sandaré et Didiéni – Diéma, appelés corridor Bamako – Dakar par le Nord, afin de booster le secteur du transport dans notre pays.

Selon lui, les missions de suivi du réseau routier et la supervision des travaux d’entretien, qui incombent à sa structure, sont exécutées convenablement, malgré parfois le peu de moyens disponibles.

Faisant écho, le chef de la Brigade d’intervention mobile, Moussa Dabo a dit que les dispositions prises à l’encontre des véhicules hors normes sont salutaires à plus d’un titre.  Les routes, selon lui, constituent de véritables atouts pour le développement. C’est pourquoi les usagers doivent à tout prix en prendre soin. « Quand on limite la charge à l’essieu, cela permettra de donner plus de durabilité aux routes, dont la réalisation pèse lourdement sur le budget de l’Etat », conclut-il.

 

Rencontré dans son bureau, le commandant de la Brigade territoriale de gendarmerie de Diéma, Abdoulaye Amadou Diarra, s’est appesanti sur le respect des règles du transport. Il souligne que les accidents liés aux surcharges, sont fréquents.

Le premier adjoint au maire de la Commune rurale de Diéma, Abdoulaye Touré, laisse entendre qu’un pays, qui n’applique pas ses textes, ne peut prétendre au développement réel. L’élu encourage les démarches entreprises par les autorités du pays. Il préconise une plus large sensibilisation pour l’abandon total de cette pratique destructrice.

Le syndicat des transporteurs installé sur l’axe Diéma-Nioro, conduit par Badjiri Diakité, est catégorique, fustigeant les surcharges des gros porteurs. Badjiri déclare que les véhicules hors normes qui se renversent sur la route, barrent le passage durant des heures… empêchant jusqu’aux évacuations de malades et de femmes en travail.

Moussa Kanté, du Syndicat des transporteurs de Ségala, en séjour dans la localité, explique qu’en cas de crevaison, certains véhicules continuent de rouler sur le goudron. « Si un véhicule en surcharge, s’il passe sous des câbles électriques, il peut arriver causer un court-circuit en endommageant les fils », ajoute Djindé Konté qui qualifie de « nobles »  ces mesures du ministère des Transports et des infrastructures. « En cas de panne, certains chauffeurs creusent le bitume pour placer le cric. C’est inadmissible ! » s’emporte l’homme, en grinçant des dents.

Une vendeuse ambulante, Mariam Bathily, s’intéresse peu à l’état des routes. L’essentiel pour elle, c’est d’aller quotidiennement au Razel pour servir du dégué à ses clients.

En définitive, tous les acteurs interrogés sur le sujet, jugent anormales les surcharges des véhicules hors normes et demandent, par conséquent, l’application immédiate des mesures pour sauver le secteur du transport qui peine à se relever dans notre pays.

OB/MD (AMAP)