Envoyé spécial
Issa DEMBÉLÉ
Abidjan, 18 mars (AMAP) La Côte d’Ivoire a rendu hommage, mercredi, à Abidjan, à son défunt Premier ministre, Hamed Bakayoko, au cours des funérailles nationales auxquelles a pris part le Premier ministre malien Moctar Ouane, aux côtés de plusieurs personnalités, notamment des chefs d’État et des chefs de gouvernements étrangers.
Sur l’esplanade du Palais présidentiel, le président Alassane Dramane Ouattara et ses homologues Roch Christian Kaboré du Burkina Faso, Alpha Condé de la Guinée-Conakry, Umaro Sissoco de la Guinée-Bissau et Nana Akufo-Addo du Ghana. On pouvait également distinguer des figures connues de la classe politique ivoirienne, des compagnons de lutte ou membres de la grande famille Bakayoko, tous venus saluer la mémoire d’un grand serviteur de l’État.
Hamed Bakayoko est décédé, mercredi 10 mars, d’un «cancer fulgurant» dans un hôpital de Fribourg, en Allemagne, quelques jours après avoir été transféré de Paris, où il était soigné, depuis le 18 février. Il venait de fêter, le 8 mars, ses 56 ans. Une semaine après son décès, de nombreux Ivoiriens peinent à se rendre à l’évidence et s’interrogent jusque-là sur ce qui a bien pu se passer pour que leur pays perde un autre Premier ministre un peu plus de sept mois après le décès du précédent.
C’est sous un immense chapiteau dressé pour l’occasion, qu’a été rendu le dernier hommage de la Nation à Hamed Bakayoko, affectueusement appelé «HamBak» ou «Golden Boy». Un parterre de personnalités a, ainsi, assisté à l’arrivée du cercueil, porté par des colonels de l’Armée ivoirienne. Le couple présidentiel de la Côte d’Ivoire s’est incliné devant la dépouille mortelle, suivi par les chefs d’État étrangers présents, puis par le Premier ministre Moctar Ouane qui a accompli le rituel en même temps que ses homologues du Gabon et du Niger.
Après les témoignages de plusieurs personnalités, le président Alassane Dramane Ouattara a élevé l’ancien Premier ministre, à titre posthume, à la dignité de GrandCroix de l’Ordre national de Côte d’Ivoire. Un moment plein d’émotion qui sera suivi de l’oraison funèbre, prononcée par le Médiateur de la République. Adama Toungara, que le défunt appelait «Tonton», a eu des mots poignants : «Hamed était d’une sympathie touchante. Il était un trait d’union entre le gouvernement et l’opposition, un pont entre les générations…».
Après l’oraison funèbre, la sonnerie en hommage aux morts a résonné sur l’esplanade du Palais présidentiel, avant que les sections des forces de défense et de sécurité de la Côté d’Ivoire ne rendent à travers un défilé l’ultime hommage à l’illustre disparu. Ensuite la veuve Yolande Bakayoko, entourée de ses quatre enfants, a reçu, des mains du président, le drapeau et les insignes de la Grand-Croix décerné à son défunt mari.
PARCOURS ATYPIQUE- En ce jour d’hommage, tous les Ivoiriens louaient Hamed Bakayogo pour « son amour, sa simplicité, son humilité, son courage ». Dans le microcosme dirigeant de la Côte d’Ivoire, il faisait de la politique comme nul autre. «HamBak» était devenu l’enfant du peuple qui, par son abnégation et une fidélité sans faille à son mentor, a su gravir presque toutes les marches du pouvoir.
Né le 8 mars 1965 dans la Commune d’Adjamé (Abidjan), dans une famille de la classe moyenne, Hamed s’était intéressé, dès sa jeunesse, au journalisme et à la politique. Parti dès la fin du lycée pour le Burkina Faso afin d’y étudier la médecine, il n’ira pas au bout. À son retour à Abidjan, il fonde, dans les années 1990, le Mouvement de la jeunesse estudiantine et scolaire du PDCI (JESPDCI). Et à 25 ans, il a lancé le journal Le Patriote, devenu l’organe du Rassemblement des républicains (RDR). Il avait, ensuite, en 1993, pris les commandes de la Radio Nostalgie Côte d’Ivoire. Ce qui l’avait davantage rapproché du milieu de la musique et du show-business, avec lequel il aimait s’afficher.
Son ascension politique avait vraiment commencé en 2003 quand, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des Nouvelles technologies. Avec l’arrivée au pouvoir de Alassane Ouattara en 2011, il a hérité du ministère de l’Intérieur. Poste qu’il a conservé jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix.
Puis en juillet 2017, HamBak avait été nommé ministre d’État, ministre de la Défense, et il avait eu la lourde tâche de gérer plusieurs mutineries dans l’armée. En 2018, il a été élu maire d’Abobo. En 2020, Hamed Bakayoko est nommé Premier ministre après le décès d’Amadou Gon Coulibaly. Quatre jours avant sa mort, il a été réélu député dans son fief de Séguéla aux législatives du 6 mars.
Sans doute, la Côte d’Ivoire, particulièrement le parti RHDP, perd un leader. Vendredi, Hamed Bakayoko sera inhumé «dans la stricte intimité familiale» à Séguéla, dans le Centre-Ouest.
IS (AMAP)