
Loués à des prix relativement abordables, ces endroits accueillent généralement des touristes, des vacanciers, des amoureux voire de jeunes fêtards.
Fadi CISSÉ
Bamako, 23 aout (AMAP) Il est 16 heures, un vendredi. La semaine de travail s’achève. Adama Traoré alias Noss est tout joyeux et excité de passer le week-end en galante compagnie dans un appartement meublé, à Faladiè (Commune VI de Bamako). Il compte bien prendre du bon temps, après une semaine de labeur. À l’en croire, les appartements sont des endroits appropriés pour se relaxer en toute discrétion, accompagné ou pas, car l’intimité est aussi garantie. Et les frais de location ne coûtent pas une fortune. Avec 20.000 Fcfa, un tarif que notre interlocuteur estime abordable, on peut séjourner dans un cadre et calme.
Depuis quelques années, beaucoup de citadins font comme Adama et louent des appartements destinés à l’origine à servir d’alternative à l’hôtel, pour les touristes et autres vacanciers.
Un samedi matin du mois de juillet, aux environs de 9 heures, sous un ciel qui tarde à se débarrasser de ses nuages, la circulation est intense devant un immeuble imposant, situé à Hamdallaye ACI 2000 en Commune IV. Le ballet des voitures est très évocateur quant à la fréquentation des lieux.
Généralement, ceux qui se donnent rendez-vous ici n’arrivent pas ensemble. Manifestement, il y a une volonté de passer incognito. Et d’éviter d’afficher des relations pas très catholiques. Il vaut mieux éviter des regards indiscrets lorsque l’on est homme ou femme marié et que l’on entretient une relation extra-conjugale.
Bien souvent, les réservations sont faites à l’avance. Et certains débarquent avec des ustensiles de cuisine pour préparer à manger. Une manière de vivre tranquillement en couple, le temps d’un week-end.
Comme les lieux sont bien fréquentés, les vendeurs à la sauvette ne se font pas prier pour venir proposer des objets. C’est ainsi que la clientèle des appartements attirent près de l’immeuble divers commerces comme de petits restaurants, des vendeurs de crédits téléphoniques, d’objets de décoration de chambre et, hivernage oblige, de parapluies et imperméables.
VIOL COLLECTIF – L’éventail de la clientèle des appartements est très large. Il y a aussi des jeunes filles et garçons qui les louent pour des fêtes d’anniversaire ou pour célébrer la fin de la vie de célibataire. Alima Tounkara aime y fêter ses anniversaires. Pour la circonstance, cette benjamine de famille aisée dit louer l’appartement à 50.000 Fcfa pour une journée. «On peut faire plus de choses entre filles qu’en présence de la famille. En plus, un appartement quand c’est très joli et bien décoré, on y fait de belles photos. Et c’est pratique, toutes les provisions sont sur place. On n’est pas obligé d’aller ailleurs», précise la jeune fille d’une vingtaine d’années.
À l’occasion de l’enterrement de sa vie de jeune fille, Aminata Touré a loué un appartement pour une journée à 35.000 Fcfa. « L’idée, dit-elle, était juste de trouver un endroit chic pour fêter avec ses amies avant la célébration de son mariage ».
Les réseaux sociaux fourmillent d’offres de location d’appartements. Localisation, tarifs et autres services disponibles sont présentés aux clients potentiels. Le phénomène compte donc beaucoup de partisans mais, aussi, des adversaires comme Saliou Kalapo. Ce chef de famille fait partie des parents qui dénoncent la location des appartements par les jeunes pour des pratiques mondaines. D’abord pour des raisons de sécurité car un participant peut avoir de mauvaises intentions à l’égard d’un des membres du groupe. Le sexagénaire propose donc de réglementer la location de ces appartements de loisirs en réservant leur accès aux adultes.
Les craintes de Saliou Kalapo ne sont pas sans fondement car ces festivités en cercle privé peuvent déraper. Une jeune fille a été violée, le 12 juillet dernier, lors de la célébration d’un anniversaire, dans un appartement. Il s’agissait de l’anniversaire du copain de la victime. Celle-ci avait été invitée par son petit ami à prendre part à cette fête nocturne dans un appartement loué à Baco-Djicoroni Golf, en Commune V de Bamako. Durant la soirée, la jeune fêtarde a été victime d’un viol collectif, abusée jusqu’au petit matin.
Ce drame souligne la nécessité d’encadrer et de sécuriser une pratique locative qui gagne en ampleur. Le phénomène, aujourd’hui bon enfant, pourrait finir par échapper à tout contrôle et fournir une couverture à des activités prédatrices et criminelles.
FC/MD (AMAP)