Amadou Sanogo : Le peintre qui fait voyager le Mali

Récemment, Amadou Sanogo a exposé à New York dans l’une des plus grandes foires d’art au monde. Une reconnaissance internationale due à l’originalité de ses créations

Par Youssouf DOUMBIA

Bamako, 16 sept (AMAP) Le week-end dernier, du 9 au 12 septembre, la célèbre Foire internationale d’art de New York dénommée «Armory Show» a donné l’occasion au Malien Amadou Sanogo de présenter six de ses récentes œuvres au monde entier : Le voyage, Le boubou, Les charmeurs, Le flou, Le maître et Récoltes sombres. Toutes issues de la collection Courtesy Galerie Magnin-A de Paris.

« Malgré les rumeurs d’une récession imminente et l’anniversaire du 11 septembre 2001, un grand nombre d’exposants de cette foire ont affiché des résultats spectaculaires », indique Le Quotidien de l’art. Organisé dans le Javit Center, l’Armory Show, qui couvre un espace de 23 mille kilomètres carrés, a reçut  90 exposants de plus que l’an dernier. C’est l’une des plus grandes foires au monde avec plus de 250 mille visiteurs par jour.

Notre compatriote, le peintre Amadou Sanogo, dont les œuvres parcourent le monde et font connaître le Mali aux quatre coins de la planète, doit sa présence à cette foire importante à l’originalité de ses créations, à sa célébrité et, en partie à la Galerie Magnin-A de Paris. Une structure reconnue au niveau international. Cette forme de reconnaissance s’explique en partie, d’après l’artiste lui-même, par le fait que nombreuses de ses œuvres sont dans des collections américaines comme The West Collection de Pennsylvania et The Pizzuti Collection de l’Ohio. Et, de plus en plus de professionnels américains de l’art s’intéressent, depuis quelques temps, à son travail.

Amadou Sanogo est né au Mali, à Ségou (Centre) en 1977 et vit à Bamako. Il est diplômé de l’Institut national des arts (INA) à Bamako, une école des Beaux-Arts réputée en Afrique de l’Ouest. Dans ses œuvres, Amadou Sanogo raconte l’histoire du Mali, tout autant que des évènements plus récents ou ses expériences de vie. C’est un artiste qui s’exprime avec des symboles d’apparence simples mais qui évoquent des thèmes d’une grande profondeur comme les identités au sein de nos sociétés.

SINGULARITÉ – Amadou Sanogo a exposé dans diverses biennales dont Dak’art ainsi que dans de nombreuses foires dont 1.54, Foire d’art contemporain à Londres et à New York ou encore AKAA Foire d’art contemporain à Paris. Ses travaux ont voyagé à travers le monde (Portugal, Sénégal, Belgique, Côte d’Ivoire, France, Maroc, Burkina Faso, Grande-Bretagne). «Je me pose beaucoup de questions sur les paroles bambara, le système de fermeture social malien et même international qui sont des handicaps pour notre développement. Je me demande comment faire pour arrêter cette fermeture».

Amadou Sanogo évoque volontiers ses origines : « pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ». Il est l’héritier de cette terre d’histoire, symbole de résistance et dotée d’un riche patrimoine artistique.

Obstiné, Amadou Sanogo a trouvé sa voie en dehors de celles qu’on lui avait tracées. On le voulait ingénieur, il a préféré l’INA. Alors « qu’un noble ne doit pas se permettre des activités de griots », il se forme à la technique du Bogolan, tissu emblématique de la culture malienne, avant de se tourner vers la peinture.

Contrarié par l’enseignement académique, Amadou Sanogo décide de poursuivre ses recherches plastiques et développer son propre langage. Sa singularité l’amène à collaborer en 2006 avec Simon Njami et Pascale Marthine Tayou. L’artiste, Abdoulaye Konaté, ancien directeur du Conservatoire des arts et métiers, multimédia Balla Fassé Kouyaté (CAMM-BFK) lui apporte son soutien.

Humaniste et libre-penseur, il se nourrit également de la tradition qu’il utilise comme source de connaissances, de sagesse et d’inspiration. Il s’intéresse aux proverbes bambara qu’il considère comme essentiels à la compréhension de la culture malienne dans toute sa diversité.

Dès son plus jeune âge, il est respecté par tout son entourage pour sa capacité d’écoute et son objectivité. Engagé et fédérateur, il crée en 2014 l’Atelier Badialan où il accueille des jeunes artistes. Pour la première fois à Bamako, sans chercher d’aide, des artistes financent leur propre atelier, vivent et travaillent ensemble, créent dans l’émulation, en toute liberté et mettent leurs connaissances au service du public.

YD/MD (AMAP)