Bamako, 17 mai (AMAP) Le Mali n’a pas eu d’autre choix que de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel y compris sa Force conjointe, a déclaré, lundi, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.
Dans un entretien accordé à la presse, le chef de la diplomatie malienne explique les faits qui ont conduit Bamako à du retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel y compris sa Force conjointe, comme annoncé dans un communiqué en date du 15 mai 2022.
Il a rappelé qu’en février 2021 s’est tenue à N’Djamena, au Tchad, la conférence des chefs d’État du G5 Sahel à l’issue de laquelle, il a été décidé d’organiser le prochain sommet (février 2022) à Bamako pour que le Mali assume la présidence conformément à la pratique de l’organisation basée sur une présidence tournante.
«Nous savions déjà, bien avant le mois de février 2022, qu’il y avait des manœuvres et des tentatives de certains pays pour empêcher le Mali à assumer la présidence. Nous sommes restés sereins jusqu’au mois de février et le Mali n’a pas eu d’indication par rapport à sa présidence », explique le ministre Diop.
Face à cette situation, le président de la Transition a écrit une première correspondance à son homologue tchadien pour lui rappeler cette décision et lui exprimer la volonté et la disponibilité du Mali à assumer sa présidence et à accueillir le sommet.
D’après Abdoulaye Diop, le chef de l’Etat a écrit une deuxième lettre car les réponses données n’étaient pas satisfaisantes.
Dans une troisième lettre, le président Goïta a indiqué qu’il était important et impérieux que la décision soit prise pour que le Mali assume la présidence, conformément aux textes du G5 Sahel. « Mieux, il a précisé dans cette lettre que s’il n’y avait pas d’évolution substantielle pour que le Mali assume cette présidence, notre pays n’aura d’autre choix que de suspendre sa participation de tous les organes et instances de l’organisation », a dit Abdoulaye Diop.
Selon lui, les autorités maliennes avaient donné la date du 15 mai pour prendre cette décision. Ce délai ayant expiré, le Mali qui n’a pas eu de réponse ne pouvait que s’assumer.
Le ministre a précisé que le G5 est une organisation basée sur des textes. Toutefois, il déplore que les textes et les décisions prises ne soient pas observés. « Le pire, a poursuivi le chef de la diplomatie malienne, est que la base sur laquelle, le Mali est empêché d’assumer la présidence ne tient pas, car certains mettent en avant sa situation politique interne avec la Transition en place ». Et Abdoulaye Diop de souligner qu’aucun texte du G5 Sahel ne se fonde sur des considérations politiques ou lié à des évolutions politiques à l’intérieur d’un pays.
TIRER LES FICELLES – Mieux, il a dit que le Tchad, qui assume la présidence, est conduit par une Transition comme au Mali. Egalement, M. Diop a tenu à préciser qu’aucun texte de l’organisation ne vise cela et ne prévoit qu’elle puisse endosser ou entériner des décisions car certains ont demandé que le G5 Sahel applique les décisions adoptées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Pour le chef de la diplomatie malienne, le pire, c’est un Etat non membre du G5 Sahel et extra-régional qui tire les ficelles et qui a mis un veto pour que le Mali ne puisse pas assumer la présidence du G5 Sahel.
« Nous trouvons que c’est une instrumentalisation et une ingérence inacceptables. Le Mali doit en tirer toutes les conséquences parce qu’il est un Etat membre et paye près de 400 millions de Fcfa de contribution annuelle », a souligné le ministre Diop.
À la question de savoir si ce n’est pas un risque pour le Mali de quitter cette organisation dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, Abdoulaye Diop répond que « notre pays est en mesure de continuer à assurer sa sécurité ».
Pour lui, le G5 Sahel avait un rôle qu’il n’a pas pu jouer entièrement. « Le Mali est parti parce que nous pensons que les principes cardinaux ne sont pas respectés », fait savoir Abdoulaye Diop. Il ajoute que le Mali quitte le G5 Sahel car « ce cadre régional ne nous permet plus de travailler mais il maintient ses relations amicales, de fraternité et de coopération avec la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ». Mieux, il œuvrera avec chacun de ces pays dans le cadre bilatéral ou dans d’autres cadres appropriés pour travailler sur les questions de développement, de coopération, d’intégration comme sur des questions de sécurité.
Le ministre Diop rassure les Maliens qu’il n’y a pas de vide particulier que le G5 Sahel laisse sur le terrain.
Selon lui, le travail qui doit être fait est en train de l’être par les Forces de défense et de sécurité du Mali. Il assure aussi que « nos Forces de défense et de sécurité ont, aujourd’hui, des moyens pour pouvoir sécuriser notre territoire national et prendre en charge les différents mécanismes de protection des populations ».
DD/MD (AMAP)