Décès de Victor Sy : Tiébilé Dramé salue la mémoire du «grand combattant»

Victor Sy (d) lors de la Conféreence nationale de 1991

Bamako, 23 mar (AMAP) L’ancien ministre, Tiébilé Dramé, dit avoir ressenti un immense choc proportionnel à la qualité et à l’ancienneté de ses relations avec Victor, en apprenant le décès, lundi dernier, de son compagnon de lutte pour la démocratie.

Pour le président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), Victor Sy fut un grand homme qui a consacré toute sa vie à lutter d’abord pour l’indépendance et la souveraineté nationale du Mali. Ensuite, quand il y a eu le coup d’Etat de 1968, qui a renversé le régime du président Modibo Keïta, « le défenseur des causes nobles n’a cessé de se battre pour restaurer la démocratie et la liberté, a rappelé le leader politique.

«Victor Sy est resté foncièrement un militant de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA)», témoigne Tiébilé Dramé, soutenant que ce «Modibiste» s’était fortement opposé au coup de force de 1968. D’où ses multiples arrestations ; la torture, les traitements inhumains et dégradants infligés à lui.

«Il a su faire preuve, tout au long de sa vie, d’un extraordinaire don de soi, d’une capacité de résistance et de sacrifice pour défendre sa conviction», relève celui qui a, aussi, combattu le régime de Moussa Traoré.

Selon son témoignage, cette conviction était basée sur la démocratie, la liberté et le bien-être du peuple malien. «Victor Sy a payé un très lourd tribut pour son engagement… C’est un homme qui n’a jamais accepté de courber l’échine. Il a connu les pires prisons du Mali, telles le bagne de Taoudénit de sinistre réputation. Il a fait, auparavant ,le Camp para, Kidal et le poste militaire de Boureïssa», témoigne Tiébilé Dramé.

Le décès de celui que la presse qualifie de «Combattant suprême », a ému plus d’un. L’illustre homme sera accompagné ce jeudi par ses proches, camarades de lutte, collègues et amis à sa dernière demeure après la messe de requiem à la Cathédrale de Bamako.

Né en 1936 à Tombouctou, Victor Borion Sy, muni de son baccalauréat scientifique en 1956, poursuivit ses études supérieures de sciences physiques et de chimie au Sénégal puis en France. Combattant politique, il enseigna au lycée de Badalabougou, à l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI), à l’Ecole militaire inter armes (EMIA) et à l’Ecole secondaire de la santé.

Pour mieux connaître le parcours de l’illustre disparu, nous avons approché d’un de ses compagnons de lutte, l’ancien ministre Tiébilé Dramé.

En effet après la mort du leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral, le 17 mars 1980 au Camp para de Djicoroni, Tiébilé Dramé et Victor Sy, qui étaient, aussi, en détention, furent transférés le lendemain à Kidal puis à Boureïssa.

Libérés en avril 1980, les deux hommes seront arrêtés ,de nouveau, en juillet de la même année pour «opposition à autorité légitime». Les infortunés seront condamnés à trois mois de prison et rejoindront dans les geôles Dioncounda Traoré, ancien président de la Transition du Mali.

EXIL – Après sa détention à Ménaka, la résidence surveillée à N’Tilit, Victor Sy, s’est exilé au Niger où il a été accueilli par son professeur, Abdou Moumini Djioffo. « Il s’est exilé parce qu’il était nommé chef d’arrondissement de Razelma, la limite la plus avancée dans le désert du Lac Faguibine, situé dans le Cercle de Goundam (Nord). Il a dit qu’il était formé pour enseigner et non pour faire l’administrateur. Il a été arrêté à Bamako et mis dans un avion pour Gao (Nord) où il est arrivé menottes aux poings pour rejoindre son poste de chef d’arrondissement de Razelma», se souvient l’ancien chef de la diplomatie malienne.

Le président du PARENA précise que du Niger, Victor Sy s’est rendu au Sénégal, grâce à son professeur. La gorge nouée par l’émotion, il déplore le fait que son compagnon d’infortune a passé 10 longues années en exil à Dakar.

« Victor Sy n’est venu au Mali qu’après le succès de la révolution démocratique de mars 1991. Il a été désigné vice-président de la Conférence nationale souveraine», se souvient Tiébilé Dramé. « Pour Victor Sy, sa personne ne comptait pas, c’était le Mali. Il voulait que notre pays soit sur les rails, qu’il assure à ses fils les meilleures conditions de santé et d’éducation», témoigne le compagnon de lutte du « grand combattant ».

NK/MD (AMAP)