Par Bréhima DOUMBIA
Certains établissements de formation universitaire représentent un motif de satisfaction. La qualité des produits qu’ils déversent sur le marché de l’emploi, atteste du large crédit qu’on leur accorde. Contre les établissements qui font un enseignement au rabais, l’état dispose d’une structure d’assurance qualité
Pendant trop longtemps, notre pays a souffert de la comparaison avec certains pays voisins en termes d’opportunités et de diversification des formations universitaires. On en était réduit aux seules universités publiques qui ne pouvaient absorber tous les postulants à une formation universitaire, si bien que certains ont cru ne jamais voir l’espoir pointer à l’horizon universitaire.
Aujourd’hui, la tendance est inversée avec la création de plusieurs universités privées. Et nos compatriotes ont la possibilité de suivre des formations universitaires dans divers domaines, notamment la médecine, l’informatique, la communication, l’ingénierie, l’urbanisme et l’architecture, entre autres. Certaines universités privées sortent du lot. C’est le cas de l’Université Kankou Moussa, dirigée de main de maitre par le Pr Sinè Bayo, une tête couronnée de la médecine au Mali. La parole de cet homme à «l’intégrité sereine» respire la sincérité et la détermination à n’admettre aucun compromis, aucune compromission dans la formation des ressources humaines de qualité.
Le recteur de l’Université Kankou Moussa admet qu’il y a toujours la nécessité de créer des structures privées dans le domaine de l’éducation et de la santé pour ne citer que ces deux secteurs. Il estime que c’est une question de développement que de diversifier les formations universitaires avec un pan pour le public et l’autre pour le privé.
RENOMMÉE – Le Pr Siné Bayo justifie les textes portant statut de l’enseignement privé au Mali par la nécessité d’encadrer et d’organiser ce secteur d’enseignement. Il explique qu’il ne sert à rien d’élaborer les textes si on ne peut pas les appliquer. La renommée de son université va au-delà de nos frontières. Il s’en réjouit, mais explique surtout qu’il n’y pas de recette miracle. Il faut simplement rester universitaire, c’est-à-dire avoir des enseignants qui répondent au statut et à la qualité d’enseignants de l’université, des infrastructures aux standards internationaux et avoir un programme conforme. Il explique être dans la rigueur en permanence et ne se voit pas changer même pour tout l’or du monde. Son université enseigne le programme harmonisé de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), conformément au système LMD (Licence-Master-Doctorat). Et le parchemin qu’il délivre est aussi homologué par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES).
L’Ecole supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme (ESIAU) forme aussi en licence et en master. Le diplôme de l’établissement a été contesté par l’Ordre des architectes du Mali qui refuse d’inscrire ses sortants au tableau de l’Ordre des ingénieurs. Mais la section administrative de la Cour suprême a tranché le différend en faveur de l’établissement universitaire dans son arrêt n°160 du 5 mars 2020. Mais jusque-là l’Ordre refuse d’enregistrer les diplômés de l’ESIAU. Le directeur de l’établissement, Youssouf Déyoko, explique que c’est le statu quo. Mais il espère aller à un dénouement avec la commission BTP du Conseil national de Transition qui a proposé ses bons offices.
Il y a également l’Institut supérieur d’informatique et de management (ISIM) qui ambitionne de former un vivier de cadres au quotient intellectuel (QI) largement au-dessus de la moyenne dans le domaine de l’informatique et du management.
FORMATION AU RABAIS – Le directeur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr Bakari Camara, apprécie la diversification de la formation universitaire et pense que cela permet de désengorger les structures publiques. L’universitaire s’insurge contre la formation au rabais qui est favorisé par l’esprit mercantiliste de certains promoteurs d’établissements universitaires privés qui s’asseyent sur les textes.
à ce propos, il invite la tutelle à s’assumer en obligeant les promoteurs d’établissements privés à se conformer à la législation. Il pense même qu’on peut aller à la sanction en retirant les agréments de ceux qui ne se conforment pas aux textes ou révoquer les administrateurs en cas de fautes graves pour les établissements publics.
Pr Bakari Camara explique aussi que la baisse de niveau se fait sentir dans tous les ordres d’enseignement du fait de la forte politisation de l’éducation et du désengagement des politiques et de l’état. Il déplore également l’insuffisance de financement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique par l’état.
Le directeur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique se réjouit de l’évolution des choses, notamment de la mise en place de l’Agence malienne d’assurance qualité (AMAQ-SUP) pour le contrôle de qualité. La structure a été créée en 2018, mais son cahier des charges a été signé cette année. Il est aussi bon de préciser que les autorités de la Transition ne cessent de pousser les feux en faveur de la qualité.
BD (AMAP)