4è Conférence internationale sur le financement du développement : Faire de la dette souveraine un facteur de développement

Envoyé spécial

Cheick M. TRAORÉ  

Séville, 2 juil (AMAP) La problématique de la dette souveraine a été débattue, mercredi, par les décideurs, patrons d’institutions de financement et experts… à la 4è Conférence internationale sur le financement du développement. Ils ont tous convenu de l’urgence de réformer l’architecture de la dette souveraine et de la suspension du service de la dette en cas de crise.

La dette souveraine des pays en développement préoccupe les bailleurs de fonds : bilatéraux comme multilatéraux. Cette problématique était au cœur de la 4è Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4). La table ronde a lieu sur « mettre en place une architecture de dette souveraine axée sur le développement. » Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a participé à ce débat co-présidé par le Chef d’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. C’était en présence des patrons de la Banque mondiale et d’autres organisations œuvrant pour la prospérité de l’humanité.

Les causes du surendettement sont multiples. Elles s’expliquent, selon le ministre Alousséni Sanou, par une diminution des ressources concessionnelles et l’application de conditionnalités non économiques souvent imposées pour l’accès au financement par certains partenaires, obligeant nos États à recourir à une dette commerciale plus chère, cherté souvent sans lien avec l’environnement économique régional. Aussi a-t-il dénoncé le non respect de l’engagement des pays développés d’affecter 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. S’y ajoute le poids du service de la dette qui réduit l’espace budgétaire des États et diminue leur capacité à faire face aux dépenses stratégiques comme la défense, les secteurs à forte croissance et le développement humain.

ENDETTEMENT PRUDENT –  En dépit de ce contexte défavorable et des défis qui l’assaillent, le Mali fait des efforts énormes pour maintenir son endettement à un niveau acceptable. « Au Mali, l’encours de la dette représente 49,7% du PIB et le service de la dette vaut 33% des recettes fiscales. La part des partenaires bi et multilatéraux diminue de plus en plus et s’établit à 51,6% des dettes », s’est réjoui le patron de l’hôtel des Finances. Niveau qui est loin des 70% fixés par les normes communautaires.

Malgré cet embelli, le gouvernement accroît les efforts en faveur d’une « gestion rigoureuse et transparente de la dette publique tout en s’inscrivant dans une vision à long terme Mali 2063 ». Cette vision, selon lui, s’appuie sur les principes de souveraineté, de bonne gouvernance et définit les réformes nécessaires au développement des ressources internes (digitalisation, relecture des différents codes). Sa mise en œuvre, a assuré le ministre Sanou, continue d’assurer au Mali un risque de surendettement modéré et une viabilité de sa dette comme le témoignent les rapports 2024 de la Banque mondiale et 2025 du Fonds monétaire international (FMI).

Comme stratégie pour assurer une autonomie financière, le ministre Sanou a indiqué que l’État priorise le financement des secteurs stratégiques porteurs de croissance durable, impactant positivement les populations, les investissements dans la sécurité et dans la lutte contre les effets du changement climatique.

Pour consolider ces acquis, Alousséni Sanou prône une réforme de l’architecture financière internationale en renforçant et en rendant flexible les mécanismes de financement pour les pays fragiles (zones de conflit). Il préconise une innovation dans les mécanismes permettant d’éviter une accumulation des arriérés de paiement. Invitant à prendre en compte les spécificités et les visions des pays à travers des mécanismes d’allocation adaptés et, au-delà des secteurs classiques, stratégiques comme l’énergie, les infrastructures, il est important d’orienter l’endettement vers le financement des projets créateurs d’emplois et à forte valeur ajouté.

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, avait, en introduction, rappelé que nos pays font face à un dilemme : rembourser leur dette ou investir dans le développement pour améliorer durablement les conditions de vie des populations

. Cette torture peut être évitée en acceptant une réforme profonde de l’architecture financière internationale et de la dette. Cela nécessite beaucoup de transparence, une révision des critères des agences de notation qui constituent une entrave à l’accès des pays au financement, tout en augmentant le taux de remboursement.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a plaidé pour la « création de clause de suspension du service de la dette en cas de crise ». Insistant sur l’importance de la collecte d’impôts en fixant des seuils minimums de collecte de mobilisation des ressources internes, il a demandé de mettre un terme aux paradis fiscaux qui facilitent l’évasion fiscale pendant que des milliards de personnes n’ont pas accès aux services sociaux de base.

Pour un expert intervenant lors du panel, le financement du développement nécessite une vision globale. Pour ce faire, insiste le spécialiste, il importe de passer des flux spéculatifs à long terme qui déstabilisent les pays pauvres aux flux transparents et positifs à court terme. Il propose à cet effet de modifier la législation dans les pays emprunteurs afin d’empêcher les institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) à changer de comportement.

L’accès à des prêts adaptés et à faible coût, est un levier indispensable pour un développement humain durable afin de prévenir les conflits. Sur la question la ministre chargée de l’Environnement participait au même moment à un événement spécial sur « financement de l’environnement dans les zones de conflits ».

Interrogée, Mme Doumbia Mariam Tangara a insisté sur un engagement commun de nos États à faire face à ces changements globaux notamment les effets néfastes du changement climatique.

CMT/MD AMAP)