Envoyé spécial

Issa DEMBÉLÉ

Doha, 06 mar (AMAP) Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a reconnu, samedi, à Doha, au Qatar, que les solutions proposées jusque-là à la crise malienne ne « sont pas satisfaisantes».

M. Guterres a eu, en marge de la 5ème Conférence des Nations unies sur les Pays les moins avancés (PMA5, dans la capitale qatarie, des discussions avec le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et du représentant du Mali auprès de l’ONU, Issa Konfourou.

Selon le chef du gouvernement malien, Antonio Guterres est « convaincu que la situation actuelle ne donne pas les solutions satisfaisantes ».

« Les échanges ont été francs avec le secrétaire général des Nations unies qui a montré qu’il a une bonne connaissance de l’histoire et de la géographie du Mali. Et, surtout, des défis que le peuple malien a relevé dans le passé », a poursuivi Choguel Kokalla Maiga. « Ce qui conduit à une meilleure compréhension des tentatives de division du Mali et de soumission de l’Afrique », en déduit le Premier ministre malien.

Le chef du gouvernement a dit avoir rappelé à son interlocuteur que la priorité des autorités maliennes est la sécurité, avant d’insister sur le fait que le Mali tient au respect strict des trois principes servant désormais de boussole à l’action publique. «Tout ce qui peut être fait avec nous doit obéir au triptyque indiqué par notre président de la Transition», a-t-il déclaré.

Dans sa nouvelle posture, le Mali espère la compréhension de la communauté internationale, avec laquelle le dialogue doit être maintenu dans le cadre de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« Il faut un dialogue approfondi avec les ministères concernés, notamment en charge de la Défense et les Affaires étrangères pour ne pas laisser l’impression qu’un ami, qui est invité, peut aller où il veut ou qu’on lui fait des restrictions», a commenté le chef du gouvernement. Il s’est dit convaincu qu’en discutant, l’on peut toujours converger vers des voies qui conviennent aux uns et aux autres.

D’après Choguel Kokalla Maïga, la lutte contre le terrorisme doit se mener de façon efficace au niveau de chaque pays. Et pour cela, il faudra travailler à renforcer d’abord les Etats au plan bilatéral, de sorte que chacun d’entre eux puisse être suffisamment solide. «C’est bien d’avoir une force sous-régionale panafricaine, mais nous ne souhaitons pas attendre une aide qui vient de l’extérieure pouvant nous amener à assister à ce que nous avons vu dans certains pays où on a mis en place des organisations pendant des années, puis la communauté internationale a décidé, un jour, de tout arrêter. » « Et on a vu des citoyens de ces pays quitter leur nation en s’accrochant à des trains d’atterrissage des avions», a-t-il déclaré.

Le Premier ministre s’est, aussi, entretenu avec le vice-premier ministre du Qatar, Mohammed bin Abdulrahman Al- Thani. «Nos amis du Qatar sont dans de bonnes dispositions vis-à-vis du Mali », a déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga au sortir de l’audience.

Il a expliqué à son hôte que le terrorisme reste le principal défi auquel le Mali est confronté. Et que ce mal est en train d’être « vaincu sur tous les plans par les Forces de défense et de sécurité».

« Afin de maintenir cette dynamique, nous sommes preneur de tout ce qui peut renforcer cette lutte», a fait savoir Dr Choguel Kokalla Maïga qui a, aussi, évoqué la situation des réfugiés et des déplacés avec son hôte. Il a souligné que cette problématique préoccupe l’Etat malien au plus haut niveau.

En mission d’un pays à 95% musulmans, le chef du gouvernement a évoqué l’approche du mois de ramadan. Sur le sujet, il s’est agit de voir avec le vice-premier ministre comment est-ce que les Qataris pourraient appuyer leurs frères en religion.

Le chef du gouvernement a invité les autorités du Qatar à venir au Mali pour discuter et mieux cerner les priorités des Maliens. Ce qui permettra également d’identifier les cadres dans lesquels les deux pays peuvent travailler ensemble, dans le respect réciproque de leurs principes.

D’ores et déjà, le chef du gouvernement a rappelé les trois principes de l’action publique au Mali qui, heureusement, «correspondent à la façon dont le Qatar aussi voient les choses », s’est-il réjoui.

Recevant favorablement cette invitation, Mohammed bin Abdulrahman Al- Thani a instruit à la direction Afrique du ministère des Affaires étrangères d’entrer en contact avec l’ambassadeur du Mali au Qatar pour entreprendre les arrangements nécessaires.

ID/MD (AMAP)