Le champ de riz de Mamadou Diarra présente  un aspect végétatif satisfaisant

Par Aminata Dindi SISSOKO

Ségou, 26 sept (AMAP) Une délégation de l’Office du Niger 9ON) a effectué, du 16 au 18 septembre dernier une visite de terrain dans les sept zones de production, à savoir Ké Macina, Kolongo, M’Bewani, Kouroumari, N’Débougou, Molodo et Niono, dans le cadre de la supervision de la campagne agricole 2022-2023 afin d’apprécier la physionomie de la campagne, de s’imprégner de l’état d’approvisionnement des engrais (chimique et organique) et des efforts fournis par les producteurs.

Les trois jours de tournée ont permis à l’équipe de supervision, avec à sa tête, le chargé de communication de l’ON, Moulaye Alassane Diarra de s’enquérir de la situation sécuritaire dans les différentes zones de production. Elle s’est assurée du bon déroulement des travaux d’entretien effectués au début de la campagne et de la disponibilité des producteurs.

La mission, lors de son passage, a pu constater un grand engouement dans les différents magasins de vente d’intrants après les efforts du gouvernement d’augmenter et d’ouvrir la livraison aux gros fournisseurs traditionnels. Des camions déchargeaient des stocks d’engrais dans les différents magasins à Ké-Macina et Kolongo.

La campagne agricole 2022-2023 dans les zones de production de l’ON, d’une manière générale s’annonce prometteuse. La physionomie des champs est satisfaisante dans l’ensemble, comme a pu constater l’équipe de reportage de l’AMAP. Malgré le retard dans la disponibilité de la subvention du gouvernement en intrants et l’insécurité dans certaines zones, les producteurs espèrent une bonne campagne.

Mamadou Diarra est un producteur de riz que nous renncontré dans son champ situé dans la zone de production de Ké-macina. «Nous remercions Dieu. Au début, nous avons eu des difficultés liées l’engrais. Le DAP était cédé à 39.000 Fcfa, l’urée 35.000 Fcfa. Pour mes premiers travaux, j’ai dû vendre des stocks de riz pour acheter de l’engrais. Mais, récemment j’ai reçu la subvention de l’Etat à raison de deux sacs par hectare. Cela a été un bol d’air. A l’heure actuelle, mon champ a reçu tout l’engrais dont il a besoin » a-t-il indiqué.

Mamadou Diarra, qui espère une grosse production, cette année par rapport à l’année précédente, salue les autorités pour leur engagement dans le cadre de la sécurisation de leur zone et remercie la direction de l’Office du Niger pour avoir réhabilité le canal et le distributeur de Ké-Macina qui a réglé le problème d’eau dans leur zone.

Dans la zone de production de Kolongo, Souleymane Coulibaly dit Koblen, un producteur de riz a pu exploiter une superficie de huit ha et demie cette année. Son champ que nous avons visité, présente une bonne physionomie et est rassurant quant à une bonne récolte. Son secret : la fumure organique. « Je n’ai pas eu de difficulté par rapport à la campagne. J’ai commencé mes premiers travaux avec la fumure organique que je prépare moi-même. Appréciez, vous même, le résultat » s’est-il exclamé. Le vieux producteur salue la présence des forces de l’ordre qui font des patrouilles. « La zone s’est beaucoup stabilisée. Cette année je compte sur 100 à 120 sacs à l’ha » a-t-il confié.

De vendeuse de son, Maïmouna Coulibaly dite Bou Maï est aujourd’hui productrice de riz. Dans la zone de production de l’Office du Niger à Molodo, elle exploite une superficie de quatre ha. Bou Maï cultive du riz, du maïs, du haricot et fait du maraîchage en contre saison. Pour la campagne en cours,, elle espère un bon rendement : « Les superficies cultivées nous donnent espoir. La difficulté majeure a été l’engrais. Les sacs que j’ai reçus n’ont pas été donnés à temps. Il y a une période pour mettre l’engrais. Passé ce délai, cela peut avoir un impact sur la production ». a-t-elle expliqué. Tout comme Koblen, elle a d’abord utilisé la fumure organique.

Bou Maï estime que la sécurité s’est beaucoup améliorée. «J’ai pu travailler sans contrainte aucune grâce à la présence des forces de l’ordre», a-t-elle dit.

Gaoussou Traoré, producteur de riz à Dogofry, souhaite plus de sécurité dans sa zone. « La campagne se déroule bien même si on a été confronté à des difficultés liées à la sécurité et à l’engrais. J’ai dû faire des manœuvres pour acheter la quantité nécessaire pour mon champ. Mais il y a trois jours, j’ai bénéficié de la subvention », a-t-il dit. Il a expliqué que là où se trouve son champ à Dogofry, la situation s’est améliorée. « Cependant, a-t-il indiqué, les producteurs à cause de l’insécurité, n’arrivent pas à accéder à leurs champs situés sur la ligne de Farabougou. »

EFFORTS CONTINUS – Dans les zones de production de l’Office du Niger, les directeurs ont bon espoir quant à l’atteinte des objectifs. Ils souhaitent que les efforts se poursuivent sur le plan sécuritaire afin que l’espoir ne s’effrite au moment des récoltes. Le directeur de la zone de production de Ké Macina, Daouda Diarra, a précisé que sa zone compte sur un rendement de 6 tonnes à l’hectare, cette année. «Sur une prévision de 10.352 ha en casier, nous avons tout cultivé soit 100%. La sécurité est assurée dans nos trois casiers. Il n’y a pas d’endroit où nos producteurs ne peuvent se rendre. Les travaux d’entretien ont, aussi, été faits à cent pour cent. C’est ce qui nous a permis cet bon résultat», a-t-il expliqué.

A Niono, le directeur, qui se veut rassurant,  est convaincu que sa zone fera une campagne exceptionnelle cette année. « La physionomie est satisfaisante. Sur une prévision de 14.346 ha, nous avons pu mettre en valeur 14.145 soit 98,60%. Un taux record cette année », a-t-il indiqué, soulignant que la situation sécuritaire s’est beaucoup améliorée cette année par rapport à l’année dernière.

Le directeur de la zone de production de M’bewani, Auguste Drago, espère sur une production de 149.890 tonnes. Dans sa zone, sur une prévision de  23 060 ha en casier, environ 19.500 ha ont été mis en valeur soit un taux de réalisation de 81%. « Les terres aménagées et réceptionnées de l’Union européenne (UE) et de la Banque mondiale, d’une superficie de 3.000 ha n’ont pas été exploitées à cause de l’insécurité. Les préparatifs sont en cours pour les exploiter en contre saison » a-t-il expliqué.

De son côté, le directeur de la zone de production de N’débougou, Cheickna Kampo, a souligné que sur une précision de 20.000 ha en casiers dans sa zone, 17.436 qui ont été exploités cette année. « Pendant l’installation, l’insécurité s’était accentuée. Les paysans non-résidents n’ont pas eu accès à leur champ. Mais à l’heure actuelle, il y a une accalmie. J’espère que cette situation va continuer pour nous permettre de faire une bonne récolte et atteindre les objectifs » a-t-il dit.

Le directeur de la zone de production de Kouroumari, Salif Ouédrago, a estimé, pour sa part, que sur une prévision de 27.307,74 ha, sa zone a pu réaliser 25.000 soit 83% contre 71 % l’année dernière, à cause de l’insécurité dans la zone de Farabougou et environs. « Qu’à cela ne tienne, a-t-il assuré, la campagne est prometteuse ».

« La campagne se déroule normalement dans les casiers de Boky-Wère et Kokry A. Mais timidement dans le casier de Niaro à cause de la situation sécuritaire qui prévaut. La mise en culture en casier est de 10. 956,00ha soit un taux de 98,73 % »,  a confié de son côté Brahima Dembélé, directeur de la zone de production de  Kolongo.

Le directeur de zone de Molodo a précisé que sur une prévision de 12.600 ha prévue en casiers 2.346 ha n’ont pas été mis en valeur à cause de l’insécurité. Il est à une réalisation de 81 % en casier.

Cette année, les objectifs de production de l’ON se chiffrent à 905 410,38 tonnes de riz Paddy, 410 278,14 tonnes de produits maraîchers et 124 401,91 tonnes de produits de diversification. Au cours d’une interview, le PDG, Abdel Karim Konaté, nous a souligné que la campagne 2022-2023 se déroule bien. « Les champs présentent une bonne physionomie et la pluviométrie a été au rendez-vous » s’est il réjoui.

« Au total, a précisé le PDG, 112.725 ha ont été mis en valeur cette année ». A cet effet, il a salué les autorités de la transition pour la prise en charge des doléances de l’ON et de ses producteurs.

Il a particulièrement remercié le président de la Transition pour la présence massive des forces de l’ordre dans les zones de production qui a permis de faire les cultures. M. Konaté a, également, salué des dispositions prises pour le décaissement du Contrat plan. En ce qui concerne l’engrais, il a tenu à préciser que l’ON a reçu sa subvention. 80% ont été déjà livrés. «Le problème lié à la subvention de l’engrais ne sera plus qu’un mauvais souvenir très bientôt», a-t-il dit, avant de remercier les producteurs des sept zones de production pour leurs efforts.

AD/MD (AMAP)