Par Oumar DIAKITE

Bamako, 30 Janv (AMAP) Aux fausses allures de psychologues, des thérapeutes gagnent de l’argent, en vendant leurs produits de médecine traditionnelle dans des bus de transport inter urbain, entre Bamako et Bougouni, sur le tronçon Bamako-Sikasso.

Pour avoir raté notre convoi d’une mission officielle à Sikasso, le 27 janvier dernier, nous avons été contraint d’emprunter un bus d’une compagnie de transport inter urbain. La réalité dans ce bus est stupéfiante !!! Notamment pour celui dont c’est la première fois de se rendre dans une localité, sur ce tronçon, à bord d’un véhicule de transport collectif.

Une fois à l’auto gare, on nous fait savoir qu’il fallait attendre le bus de 14 heures. Nous sommes arrivés aux environs de 11h30, croyant obtenir une place dans le véhicule de midi.

Nous avons réussi à s’infiltrer dans le bus de 12 heures puisque, il nous fallait impérativement arriver à Sikasso, avant la nuit, ne connaissant pas la ville et ayant appris d’un responsable de la compagnie de cars qu’il faut six heures de route pour être à destination.

Dans le bus, deux minutes plus tard, deux hommes, en uniforme, se tiennent debout dans le bus. Subitement, ils s’engagent dans un jeu d’humour. Pour attirer l’attention des passagers. Ensuite, l’un des deux se présente comme étant un certain Amadou Maïga, avant de se lancer dans un commentaire de ses produits. « Je suis Dr. Amadou Maïga, domicilié à Magnambougou, qui vous parle. Le médicament que nous vous proposons s’appelle Sabu Gnuma, en gélules », annonce-t-il de go.

Amadou Maïga commence par un jeu de questions aux passagers sur une mauvaise pratique dont 95% des pratiquants seraient des femmes. Il promet de donner une poudre magique à la personne qui donnera la bonne réponse. Deux passagers se lèvent pour dire que c’est la sorcellerie. Exact.

Ainsi, après leur avoir offert le produit, comme prévu, Maïga s’est mis à « révéler et démystifier les secrets de la sorcellerie » tout en vantant les propriétés de ses produits, selon lui, « efficaces » contre le mauvais sort et plusieurs maladies courantes dans notre pays.

« Au-delà des produits contre la sorcellerie et le mauvais sort, nous avons des médicaments contre des maladies de l’estomac, les hémorroïdes, les coulées blanches de l’homme, l’impuissance sexuelle, la stérilité des femmes, les difficultés urinaires, les saignées provenant du sexe qui font mal, la fièvre, les infections oculaires », énumère-t-il.

Et de lancer, sur un ton convainquant, comme pour interpeller un auditeur précis : « Ne cache pas ton mal, car j’ai le médicament contre plusieurs maladies ». Séduits, plusieurs passagers se sont rués sur ces produits. Le sachet est vendu à 1.000 Fcfa.

Nos deux « vendeurs de miracles» descendent au poste de Sénou, à la sortie de Bamako. Quelques minutes après, un autre thérapeute monte dans le bus, pour prendre le relais. Lui, se fait passer pour un Traoré et commence par s’attaquer aux Diarra, qu’il dit être ses cousins à plaisanterie, selon la multiséculaire coutume d’ici.

Il n’en oublie pas de faire la promotion de ses produits. Entre temps, nous avons somnolé. Tout d’un coup, un jeune homme, assis à côté, nous réveille pour goûter une poudre du vendeur censé guérir de l’ulcère. Quelques usagers ont vite fait provision de ces médicaments « à base de plantes », soutient le vendeur. Notre tradipraticien ambulant descend, à son tour, à Ouélessébougou, près de 80 km de Bamako.

Arrivée au village de Sido, un autre s’invite dans le bus. Il s’appellerait N’Tjiba Koné. Il ne présente aux passagers qu’un seul produit en poudre de couleur noire qu’il appelle ‘’Furudimi Fura’’ (Contre les maux de ventre). Cependant, il explique que ce seul produit soigne plusieurs maladies connues et inconnues !!!

« Que celui qui veut acheter achète, celui qui ne veut pas ne l’achète pas… », lance N’Tjiba Koné pour avoir l’attention de la clientèle.

Selon certains passagers, il est un doyen du métier. « Il le fait depuis plus de 10 ans. Sa potion est mystique », nous dit un passager. Témoignage que semble confirmer la ruée des passagers sur son produit. Les sachets sont cédés à 500 et 1000 Fcfa. « Cette poudre est exceptionnelle. Elle soigne l’ulcère, les hémorroïdes, le diabète, les kystes, fibromes, pertes blanche, l’asthme, les infections urinaire, la fièvre typhoïde, le paludisme, la tension, les insuffisances ou faiblesses sexuelles, entre autres », criait le « thérapeute » avant de disparaitre du bus, à Bougouni.

Aux dires de plusieurs passagers, ces pratiques sont courantes dans les bus de transport inter urbain sur le tronçon Bamako-Sikasso.

Ces produits, supposés à base d’arbres provenant de la nature, sont-ils certifiés sans conséquence sur la santé humaine ? Un autre grand débat. En tout cas, certains voyageurs reconnaissent leurs effets positifs.

OD/MD (AMAP)