
L’initiative est bien appréciée par nos compatriotes
Par Oumar SANKARE
Bamako, 14 juin (AMAP) Mercredi 13 juillet 2002, le soleil se lève doucement sur la gare ferroviaire de Bamako, la capitale malienne. C’est le grand jour pour les cheminots et l’ensemble des travailleurs des chemins de fer. Les préparatifs de la reprise du trafic ferroviaire arrivent, enfin, à une phase cruciale. La Société de patrimoine ferroviaire du Mali (SOPAFER) procède à « l’essai blanc » du train de transport-voyageurs entre Bamako et Kayes (Ouest). Le rêve est en passe de devenir réalité pour les travailleurs des chemins de fer, sans activité depuis belle lurette pour cause d’arrêt du trafic ferroviaire.
On peut aisément imaginer le soulagement des populations et localités riveraines du chemin de fer et les travailleurs de la SOPAFER.
L’événement ne passe pas inaperçu dans la capitale. Curieux, automobilistes et piétons sont alertés par le train qui se remet à siffler. Il faut dire que les Bamakois avaient perdu l’habitude d’entendre le sifflement des trains. Alors que la foule de curieux grossit, les cheminots s’affairent pour le lancement de « l’essai blanc ».
Pour l’occasion, du beau monde est réuni à la gare ferroviaire de Bamako. De la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, au directeur général de la SOPAFER, Ibrahim Maïga, en passant par plusieurs autres responsables des chemins de fer.
Makan Sissoko est électricien à bord du train. Sourire aux lèvres, il discute des derniers réglages avec d’autres agents, mécaniciens, maintenanciers, tous vêtus d’un uniforme bleu (chemise et pantalon). « Le train est à l’arrêt depuis 2018 et c’est avec un grand plaisir que nous reprenons le travail aujourd’hui », dit-il. Et d’ajouter que ce sont des emplois qui sont créés avec le redémarrage du train, en plus des recrutements et des formations à venir. « Le train a été remis sur pied grâce à l’expertise malienne, rien n’est venu de l’extérieur », se félicite notre interlocuteur.
Quant à Moussa Keita Yao, coordinateur des syndicats et associations des cheminots, il se dit satisfait des démarches entreprises par les autorités. « Après tant de détresse, nous sommes rentrés en possession de tous nos arriérés de salaire et un convoi de locomotive est mise en ligne même si c’est une phase d’essai », se réjouit-il.
NOUVELLES LOCOMOTIVES – Plusieurs activités ont déjà été réalisées pour la mise en marche du train. Il s’agit de la réhabilitation de 19 gares, de Bamako à Kayes, la réhabilitation des ateliers centraux de Korofina (dans la capitale malienne) et de Kayes, l’acquisition partielle d’équipements mécaniques et outillages pour les travaux de la voie, les travaux de traitement des points critiques de la voie entre Bamako et Kayes, la pose des traverses en bois sur les ouvrages d’art, de Bamako à Diboli (frontière avec le Sénégal) et les travaux de confortement des ponts de Galougo, Mahina et Toukoto.
Prenant la parole, la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, a expliqué que les essais en blanc au cours des semaines à venir avec les deux locomotives CC2205 et CC2207, réhabilitées par les techniciens maliens, « permettront de relever, entre autres, les anomalies sur le matériel roulant et sur la voie ferrée ». Après la relance du trafic ferroviaire, suivra l’exploitation commerciale avec des sources de financement déjà identifiées.
Mme Dembélé Madina Sissoko a ajouté : « En plus d’une voie métrique, nous disposerons d’une voie standard, entre Bamako et Kayes ainsi que l’acquisition de 3 locomotives avec la société russe STM ».
A cet effet, le gouvernement a signé un mémorandum d’entente avec la société russe STM pour réhabiliter d’autres locomotives se trouvant dans les ateliers centraux de Korofina. Les partenaires russes, qui sont attendus à Bamako dans les jours à venir, vont aider à réaliser l’étude de migration de la voie métrique vers la voie standard.
Concernant, l’aspect économique des chemins de fer, la ministre des Transports et des Infrastructures a dit : « ce sont des villes entières qui revivront grâce au train. Egalement, le Mali étant un pays enclavé, ceci est une aubaine pour le transport des marchandises ».
Aspect très important de la reprise du trafic ferroviaire : toutes les activités sont financées par le budget national. A cet égard, la ministre a salué l’engagement du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour la réalisation de la relance du trafic ferroviaire. Elle a indiqué que c’est grâce à l’engagement des plus hautes autorités que les techniciens maliens ont réparé entièrement deux locomotives et les voitures voyageurs.
Pour ce voyage d’essai, le train sera conduit par Mme Gouaillé Alima Coura Mariko, conductrice depuis 14 ans sur la ligne Bamako-Kayes. Elle sera assistée par d’autres cheminots qui font le voyage comme passagers.
C’est la locomotive CC-2207, avec 7 voitures-voyageurs, qui a pris le départ hier à 8h45 à la gare ferroviaire de Bamako à destination de Kayes. Le retour est prévu à Bamako aujourd’hui, jeudi.
OK/MD (AMAP)