Tabaski à Bamako : Entre ferveur religieuse et vie chère

Par Souaré Coulibaly

Bamako, 02 juin (AMAP) À l’approche de la fête de Tabaski, Bamako s’anime dans une ambiance de préparatifs intenses. Entre les marchés bondés, la hausse des prix et le respect des obligations religieuses, les habitants jonglent avec leurs contraintes économiques pour célébrer cette fête majeure, symbole de sacrifice et de partage.

À quelques semaines de l’Aïd-El-Kebir (Tabaski), les marchés de Bamako, comme celui de Faladiè, l’un des plus grands de la capitale, grouillent d’activité. Sous les bêlements des moutons, éleveurs, revendeurs et clients négocient âprement les prix des bêtes, élément central du rituel de Tabaski. Les prix des moutons varient cette année entre 100 000 et 300 000 FCFA, selon l’embonpoint et la race. Seydou Traoré, éleveur, explique : « Les prix sont plus élevés cette année à cause du coût du transport et de l’alimentation des animaux. Ce bélier, je le vends à 250 000 FCFA. »

Dans les marchés de Médina-Coura et Dabanani, l’ambiance est tout aussi animée. Les clients affluent pour acheter vêtements, tissus, bazins, chaussures et accessoires. Certains achètent en gros pour revendre, tandis que les cris des vendeurs rythment les lieux.

VIE CHERE, L’OBSTACLE MAJEUR – La hausse des prix complique les préparatifs. Les commerçants, selon certains témoignages, profitent de l’approche de la fête pour augmenter les tarifs. Mamie Dabou, mère de trois enfants, déplore : « Les condiments coûtent 10 000 Fcfa pour une petite quantité. Je dois attendre avant d’acheter les accessoires pour mes enfants. »

Malgré ces difficultés, le devoir religieux reste prioritaire. Madou Coulibaly, père de famille, confie : « C’est cher, mais on ne peut pas fêter sans mouton. On économise des mois pour ce sacrifice. »

Les couturiers, comme Alassane Camara à Kalaban-Coura, sont débordés. « Pas de repos, on dort à peine. Ce moment est crucial pour notre chiffre d’affaires », explique-t-il, concentré sur ses boubous traditionnels. En cas de coupure d’électricité, certains utilisent des groupes électrogènes ou des machines manuelles pour honorer les commandes avant la fête.

Dans les mosquées et les foyers, l’esprit de Tabaski domine. Les imams appellent à la prière, au jeûne et à la générosité envers les plus démunis. Les femmes, quant à elles, planifient menus et courses, achetant condiments et accessoires pour leurs enfants, malgré les prix élevés.

À Bamako, la fête de Tabaski incarne un équilibre fragile entre contraintes économiques et ferveur religieuse. Malgré la vie chère, les habitants s’efforcent de préserver les traditions de sacrifice et de partage, faisant de cette célébration un moment de communion et de solidarité.

SC/OS/MD (AMAP)