
© OUMAR DIOP, AMAP, MINISTERE DE LA FAMILLE DES FEMMES ET ENFANTS, JOURNEE PANAFRICAINE DES FEMMES, MAISON DE LA FEMMES ET DE L’ENFANT DE SABALIBOUOU, LE 31/07/2012.
Par Mariam A. TRAORE
Elles sont jeunes dynamiques et très engagées pour se faire une place au soleil sur l’échiquier politique. Pour y arriver, elles n’ignorent pas que la gent féminine ne doit plus se contenter d’applaudir les hommes
Les Maliennes ont une présence remarquable dans la vie politique. Mais généralement, elles sont sollicitées pour leur capacité de mobilisation. Et rarement pour jouer les premiers rôles. Voilà pourquoi, les femmes sont faiblement représentées dans les instances de décision. Pendant longtemps, la gent féminine était cantonnée dans le rôle de « bétail électoral ».
Une nouvelle génération de femmes politiques est résolument décidée à changer cette situation. Ces jeunes femmes aux ambitions bien affichées, ne veulent plus se contenter d’applaudir des hommes politiques lors des échéances électorales. Elles comptent se tailler une place au soleil sur l’échiquier politique. Nullement inhibées par leur condition de femme dans une société qui leur fait peser de nombreuses pesanteurs, elles sont cheffes de partis ou cadres des regroupements politiques.
La nouvelle race de femmes politiques aux dents longues illustre bien les mutations sur la scène politique. La nouvelle tendance se traduit par une prise de conscience due aux différentes stratégies mises en place par les autorités et leurs partenaires pour plus de représentativité des femmes aux postes électifs et nominatifs. En la matière si la loi sur la promotion du genre adoptée en 2015 représente un espoir, sa mise en œuvre et la détermination des femmes sont les principaux gages de leur réussite politique.
L’un des résultats visibles de cet engagement est l’augmentation du nombre d’élues communales, qui est passé de 900 à plus de 2000 de 2009 à 2016. Même si ce chiffre reste en deçà des attentes des femmes, cela démontre un changement positif vers l’amélioration de la représentativité des Maliennes dans les postes électifs.
Mme Zeïnab Eveline Jacques : «Mon ambition est d’accéder à la magistrature suprême»
La présidente de l’Alliance vision d’avenir est aussi vice-présidente du regroupement Action républicaine pour le progrès (APR). D’une voix bien assurée, elle affiche clairement son ambition. « Mon ambition en tant que femme politique, c’est d’accéder dans les années à venir à la magistrature suprême. Je travaille pour cela », révèle-t-elle fièrement. Candidate malheureuse lors des législatives de 2020, notre chef de parti assure qu’elle répondra présente lors des échéances électorales prochaines.
Son engagement et sa détermination ne lui font pas oublier les défis auxquels les femmes politiques font face dans notre pays. Selon elle, ces contraintes ne sont pas nouvelles. « C’est à nous d’inverser la tendance, de nous battre pour avoir notre mot à dire lors de l’élaboration des listes électorales », souligne celle qui a une claire conscience des nombreux défis à relever. En terme de défis, elle cite en premier lieu le fait que nos réalités culturelles mettent la femme au-dessous de l’homme. Donc, en tant que femme politique, il faut travailler deux fois plus pour arriver à un résultat honorable. Notre interlocutrice évoque également les harcèlements.
Mme Zeïnab Eveline Jacques invite les femmes à s’armer de courage et de détermination si elles ambitionnent de se faire de une place dans le domaine politique. Notre leader politique compte sur la sensibilisation pour faire comprendre aux femmes qu’elles ont leur mot à dire et un rôle primordial dans la construction et le développement de leur pays. Pour elle, les femmes doivent avoir du cran pour se mettre au devant de la scène politique.
Celle qui envisage de se porter candidate lors des élections prochaines, assure qu’elle compte faire en sorte que dans son parti et regroupement politique il y ait beaucoup de femmes candidates. A défaut d’un consensus, notre interlocutrice fonde l’espoir sur l’application stricte de la loi n° 052 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans les fonctions nominatives et électives.
Mme Diakité Djegué Kane Diallo : «Les femmes doivent être beaucoup plus solidaires»
La présidente du parti Alliance malienne pour le développement durable en Afrique (AMADA-ECOLO) évoque d’entrée de jeu les problèmes auxquels les femmes politiques font face dans notre pays. Pour elle, les contraintes sont sociales, financières et un manque de leadership des femmes. Les femmes qui réussissent à surmonter les pesanteurs socio-culturelles voient généralement leur élan brisé par le problème du financement, souligne notre interlocutrice. Qui estime que même si la loi sur le genre garantit aux femmes une meilleure représentativité sur les listes de candidature, la réalité est loin d’être reluisante. Il y a des conduites contraires à ses dispositions. Ainsi, pour bénéficier d’une bonne place sur la liste, les partis exigent une certaine capacité financière. « Et le faible pouvoir d’achat des femmes les empêche d’y prétendre », déplore-t-elle. C’est pourquoi lors des élections à venir, Mme Diakité entend mettre en avant son expérience afin de sensibiliser les femmes au sujet des candidatures féminines.
Notre leader politique estime qu’il y a un besoin de sensibilisation contre la propension des femmes à se mobiliser contre les candidatures féminines. « Nous devons être plus solidaires, unies pour contraindre les hommes à nous faire de la place », préconise celle qui demande à toutes les femmes politiques du Mali à ne pas se laisser influencer par les hommes. « Nous devrions nous battre pour défendre nos idéaux dans la paix et dans la cohésion sociale », a conclu Mme Diakité Djegué Kane Diallo.
MAT (AMAP)


