Par Boubacar THIERO
Construite dans les années 1946-1947, l’arène abrite aujourd’hui 35 écuries. On y trouve toutes les races chevalines et tout un monde de jokeys, d’entraineurs, de personnel d’entretien. L’écurie Chelsea Barouéli est la plus grande et elle domine les courses
Depuis des siècles, le cheval occupe une place dans la culture des différentes ethnies du Mali en raison du rapport de cet animal avec nos populations. Dans les Cercles de Bankass, Koro (Région de Bandiagara) qui sont des terroirs d’élevage de chevaux, on utilisait cet animal lors des grandes manifestations culturelles populaires. Montés par de jeunes jockeys, les chevaux faisaient des parades et exécutaient des figures avec une dextérité époustouflante qui émerveillait le public. Il arrive souvent que ces chevaux spécialement dressés pour les exhibitions se déplacent à la demande d’autres localités. C’est dans ce cadre que la première réunion hippique moderne a été organisée en 1902 à Bamako sous l’égide du Gouverneur du Soudan, Vincent Auriol. C’était à Balassoko au pied de la colline de Koulouba.
Dans les années 1946-1947 avec la construction du Champ hippique, le monde du cheval a quitté Koulouba, direction le quartier Hippodrome. La construction du Champ hippique et la délocalisation des courses sur ce site, marqueront le début de la création des premières écuries. Au début, on pouvait compter ces écuries sur le bout des doigts, mais aujourd’hui, le Champ hippique abrite 35 écuries et on y trouve toutes les races chevalines. La plus grande est l’Ecurie Chelsea qui appartient à Mamadou N’Diaye dit Madoufing. «Pour créer une écurie, il faut avoir au minimum cinq chevaux coursiers qui participent aux différentes courses de l’année. L’obtention de la licence de propriétaire majeur délivrée par la Fédération malienne des sports équestres fait également partie des critères de création d’une écurie», indique le commissaire général des sports équestres, Mamoutou Diarrah dit «Thoune».
La plupart des entraîneurs et des jockeys vivent au Champ hippique avec leurs familles. Ainsi, ils passent toute la journée en compagnie des chevaux. Tous les jours, les entraîneurs et les jockeys font marcher les chevaux, s’occupent de leur entretien et de leur nourriture. Au Champ hippique, on trouve également des mulets et d’autres animaux comme les chèvres et les moutons.
L’écurie Chelsea Barouéli, la plus grande du Champ hippique, a été créée en 2006 par Mamadou N’Diaye. Aujourd’hui, elle emploie une vingtaine de personnes, composées d’entraîneurs, de jockeys et de personnel d’entretien des chevaux. « J’ai commencé avec un cheval mais au jour d’aujourd’hui, l’écurie compte plus d’une trentaine de chevaux. Nous avons plusieurs races de chevaux, dont quatre pur-sang, cinq demi-sang», indique Mamadou N’Diaye dit Madoufing. Et de poursuivre, « mes chevaux mangent du mil, du tourteau et des feuilles sèches d’arachide et d’haricot. Presque toute la nourriture vient de mon champ. Un cheval coursier a besoin au moins de deux sacs de mil par mois sans compter les feuilles d’haricot, d’arachide et de tourteau. Quand on sait que le sac de mil coûte aujourd’hui plus de 40.000 Fcfa, il faut débourser environ 100.000 Fcfa par mois ».
Le propriétaire de l’écurie Chelsea de Barouéli précisera qu’il a signé un contrat avec un vétérinaire pour s’occuper de ses chevaux. Cette année, l’écurie Chelsea de Barouéli a raflé presque tous les prix (meilleur entraîneur, meilleur jockey et meilleur cheval), ne laissant que des miettes aux autres écuries. Selon Madoufing, ce résultat est simplement le fruit du travail effectué par l’ensemble du personnel de l’écurie. «Le secret de la réussite de l’écurie Chelsea de Barouéli, c’est le travail. Le début n’a pas été facile, mes chevaux avaient du mal à s’imposer, avoue-t-il. Mais nous avons eu de bons entraîneurs et de bons jockeys et avec le travail, l’engagement et la solidarité nous sommes parvenus à faire la différence».
Ces dernières années, l’écurie Chelsea de Barouéli a participé à quelques compétitions africaines, avec ses pur et demi-sang. Une campagne couronnée par le sacre à la Coupe d’Afrique qui s’est déroulée en 2020 au Burkina Faso. Au total, huit pays étaient en lice pour la conquête du prestigieux trophée, à savoir le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Soudan et le Cameroun.
Parmi les autres écuries qui animent le temple du cheval malien, on peut citer l’Ecurie Sylla Transit (25 chevaux), l’Ecurie Amadou Diatigui Diarra (15 chevaux), l’Ecurie Fidjira, l’Ecurie Sékou Djigué, l’Ecurie Iba Diallo. Toutes ces écuries travaillent, main dans la main sous l’égide du président de la Fédération malienne des sports équestres (FMSE), Mohamed Haïdara et des propriétaires d’écurie qui ont une passion commune : l’amour du cheval. C’est ce qui fait avancer les sports équestres du Mali, souligne Mamoutou Diarrah. Selon le commissaire général des sports équestres, non seulement le nombre d’écuries a considérablement augmenté, mais celles-ci disposent également de toutes les races de chevaux. Et de conclure : «les sports équestres ont aujourd’hui la deuxième plus grande audience au Mali après le football et le monde du cheval grandit tous les jours».
BT (AMAP)