Sikasso, 25 janvier (AMAP) Une vive tension a éclaté dimanche dans la capitale du Kénédougou entre la population et les travailleurs de la société Quick net qui seraient à la base de plusieurs tueries d’enfants. A l’origine des accrochages meurtriers, la disparition mystérieuse de plusieurs enfants retrouvés sans vie, a appris l’AMAP de source locale.
Depuis près d’une quinzaine de jours, la population de la ville du Kénédougou ne dort plus que d’un œil à cause de la présence des individus mal intentionnés qui s’adonneraient à égorger les enfants et recueillir leur sang.
La pratique est dite plus fréquente dans les quartiers de Mamassoni et de Wayerma II. Il faut signaler que depuis la diffusion de la nouvelle (de bouche à oreille), la population vit désormais dans la panique. Dans les marchés, en famille ou encore dans les lieux de causerie, c’est l’histoire de ces malfaiteurs qui est sur toutes lèvres. Les parents, particulièrement les mamans n’ont désormais qu’un refrain pour leurs enfants : « Il ne faut jamais aller répondre à l’appel d’un inconnu. Pis, ne les regarde même pas. Si des inconnus t’appellent, il faut courir vers la maison, s’ils tentent de te toucher, n’hésite pas à crier car ils font du mal aux enfants. S’ils t’amènent, tu ne verras plus papa ni maman ».
Selon des rumeurs, près de 5 à 6 enfants auraient perdu la vie les deux dernières semaines à cause de ces malfaiteurs. C’est dans une touffe de pieds de cajou de Mamassoni communément appelée par les autochtones « somotou » que ces présumés tueurs d’enfants commettent leur forfait. Là-bas, ils coupent, soit la tête des enfants, des parties de leurs corps ou bien ils récupèrent leur sang avant de les laisser mourir. Ces malfaiteurs seraient des Nigérians, des burkinabé ou des agents de la société Quick-Net.
Face à la situation, la population est sortie dimanche soir pour manifester son désarroi, son mécontentement. A cet effet, des manifestants ont brûlé des pneus sur les goudrons. Ils auraient également brûlé près de cinq présumés ‘’coupeurs de tête’’ d’enfants. La nuit passée aux environs de 19 heures, la population aurait découvert l’un des bâtiments de ces présumés malfaiteurs à Wayerma II (un bâtiment qui serait loué par les agents de Quick-Net). Elle aurait saccagé ledit bâtiment avant d’y mettre le feu. Il y’avait un individu dans la maison. Voulant fuir le feu, l’individu aurait été battu à mort par la population. D’autres sources avancent que dans le même quartier, aux environs de 21 heures, la population aurait saisi un homme et une femme enceinte dans les alentours du même bâtiment. Le jeune homme grièvement blessé par la population et la femme enceinte ont été amenés au centre de santé par la protection civile.
Selon les informations du commissaire du 1er arrondissement de Sikasso, Koniba Tièla, la semaine surpassée, son commissariat a été informé de la présence du corps sans vie d’un enfant de 1 an et 7 mois à Mamassoni. « Nous avons dépêché une équipe sur les lieux. Sur place, visiblement le bébé avait une mâchoire endommagée. Les diagnostics du médecin ont révélé que la mort de l’enfant serait due à un traumatisme crânien », explique-t-elle. Mme Tièla évoquera un deuxième cas qui a également eu lieu à Mamassoni la semaine dernière. « Nous avons trouvé le corps de l’enfant dans la rivière de Mamassoni », indique-t-elle.
Par ailleurs, le commissaire du 1er arrondissement de Sikasso, Koniba Tièla affirmera qu’elle a été informée de la manifestation de la population face au bâtiment appartenant à Q-Net au quartier de Mamassoni hier dans l’après-midi. « Nous avons envoyé une équipe mais celle-ci n’a pas pu accéder au bâtiment à cause de la foule. L’équipe est retournée pour chercher du renfort en vue de faire face à cette grande foule, mais peine perdue ! Les manifestants avaient déjà commencé à incendier la maison et à tuer les occupants s’y trouvant », détaille-t-elle. Le bilan total de la manifestation est de 9 morts et de 5 blessés.
En outre, Koniba Tièla avait rappelé que dimanche dans la matinée, son commissariat a reçu l’information de la présence de 18 présumés suspects. Ces suspects, selon elle, sont des agents de Q-Net. Ils sont actuellement en garde-à-vue au commissariat du 1er arrondissement avant leur transfert au tribunal afin qu’ils soient jugés. Lundi 24 janvier, aux environs de 11 heures, il y ’avait une manifestation en face du commissariat du 1er arrondissement en question pour la même affaire.
Koniba Tièla profitera de l’occasion pour inviter la population à saisir les autorités dans ces genres de circonstances. « On est là pour la population, nous devons collaborer afin de mettre le grappin sur les malfrats », affirme-t-elle, invitant la population à faire confiance à la police. « Les enquêtes sont ouvertes pour traquer ces malfaiteurs », conclut le commissaire.
MD/KM (AMAP)