Sikasso, 13 mai (AMAP) Depuis la veille de la fête de ramadan, le prix de la baguette du pain a augmenté à Sikasso. La baguette qui était cédée aux consommateurs à 125F (125g) se vendait à 150F ; celle de 250g qui coûtait 250F est vendue à 300F. C’est suite à cette flambée que l’équipe de contrôle de la Direction régionale du commerce et de la concurrence (DRCC) a sillonné, mardi dernier, les différentes boulangeries afin d’y afficher de façon rigoureuse les prix plafonds du pain. C’est cette action qui a déclenché la grève illimitée des boulangers de la ville.
Il est 8 heures à la Boulangerie Hawa Sy (BHS). La cour, complètement vide, démontre l’engagement sans faille des boulangers à poursuivre leur mot d’ordre de grève. Pour ce premier jour de grève, on constatait seulement la moto du gérant adjoint de ladite boulangerie et des clients mécontents qui ne cessaient de faire des va-et-vient.
Selon l’adjoint du gérant de la boulangerie BHS Idrissa Berthé, la DRCC et les propriétaires des boulangeries sont en mésentente à cause de l’augmentation du prix du pain. « Hier soir, l’équipe de contrôle de la DRCC et la police sont venues s’imprégner du prix du pain de 125g. Quand on les a informés qu’on cédait à 150F, ils nous ont soulignés que cela n’était pas le prix de l’Etat. C’est après cela qu’ils ont affiché les prix plafonds du pain devant notre boulangerie », a affirmé M. Berthé avant de préciser que leur flambée est due à l’augmentation du prix du sac de 50 kg de la farine, 25 500F au lieu de 20 250F.
Au passage de notre équipe de reportage à la boulangerie moderne de Wayerma ou encore ‘’ Show ka boulangerie’’ c’était le scandale. La cliente qui n’a pas trouvé de pain s’exprimait ainsi à l’endroit des boulangers : « Walaye aw ya tognon bi dè, anw te yafama » signifiant en français « Vous nous avez vraiment fait du mal aujourd’hui, on ne vous pardonnera pas ». Les clients ont passé la journée à sillonner les boulangeries en quête du pain.
Du point de vue du président de l’Association des consommateurs de Sikasso (ASCOMA), Jean Louis Koné, les boulangers ont augmenté de façon unilatérale le prix du pain. « Ils n’ont même pas informé les consommateurs », a-t-il affirmé. Il soutient que face à la situation, l’ASCOMA a adressé une correspondance aux autorités régionales pour que la loi soit appliquée.
Pour le président du syndicat des boulangers de Sikasso,
Boubacar Yara, c’est compte tenu de l’augmentation du prix du sac de la farine que les boulangers ont décidé d’augmenter le prix du pain depuis la fête du ramadan. « On s’était entendu avec la DRCC que 15 jours après la fête, on allait s’entretenir avec les responsables impliqués afin de trouver la solution. C’est avant la fin de ce délai que le DRCC nous a convoqué mardi», c’est pour cela que les boulangers ont entamé une grève à partir du mardi (minuit) et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Le DRCC a apporté un démenti. Selon lui aucun accord ne s’était passé entre lui et le syndicat des boulangers sur une éventuelle augmentation du prix du pain.
Pour le directeur de la DRCC, Sekou Bougadar Fofana, les prix indicatifs plafonds de vente en gros et au détail sont fixés par l’arrêté n° 2022-0865/MIC-SG du 6 avril 2022. La miche de 250g ou encore le gros pain est vendu à 270F, miche de 125g ou encore le petit pain est cédé à 135F. M. Fofana a affirmé que c’est le dernier vendredi avant la fête qu’ils ont été informés de l’augmentation du prix chez un boulanger.
« Sur place, nous avons constaté la véracité des faits et l’intéressé avait même établi un acte pour contredire les prix indicatifs plafonds », a-t-il indiqué, ajoutant que cet acte va à l’encontre de l’arrêté du ministre. C’est une violation de la réglementation. C’est pour cela que nous avons ordonné de fermer la boulangerie de celui qui a signé l’acte. L’intéressé a brisé nos serrures. Nous avons rendu compte au gouverneur qui nous a dit d’attendre après la fête. Hier, c’est l’exécutif régional qui nous a donné le feu vert pour la poursuite des actions mais conformément à la réglementation.
Les pourparlers sont toujours en cours entre la DRCC et le syndicat des boulangers afin de trouver un terrain d’entente.
MD/KM (AMAP)


