Sikasso : Démantèlement de plusieurs dragues à Misseni sur le fleuve Bagoé

Par Mariam F. DIABATE

Sikasso, 07 juin (AMAP) Une mission des directions régionales de l’Assainissement, de la Géologie et des Mines, de l’Environnement, des Eaux et Forêts et de l’Hydraulique s’est rendue, le 28 mai dernier,  à Misséni, dans la Commune rurale de Fourou, dans le Sud du Mali pour une identification des dragues à Kadiolo, avant de procéder à leur démantèlement.

Ces interventions en application des dispositions de la loi 2023-040 du 29 août 2023 portant Code minier, vise à contrecarrer la destruction des cours d’eaux et de l’écosystème (flore et faune) dans les zones minières. Toute chose qui contribuera au bien-être de la population, à la protection de l’environnement et de l’écosystème.

Au passage de la délégation régionale dans la Commune rurale de Fourou, le chef de village de Alhamdoulilaye, Hamidou Coulibaly, a affirmé que le phénomène les a causés énormément d’ennuis. Dans cette zone aurifère où le dragage est pratiqué, il a confié que leurs animaux sont confrontés à un problème d’abreuvement et de nourriture. L’eau du cours d’eau est devenue impropre à la consommation pour les êtres humains. « Aujourd’hui, nous craignons de consommer l’eau de nos puits car ceux-ci peuvent être contaminés par l’eau souillée de ce cours d’eau », a-t-il indiqué avant d’ajouter qu’ils ont, une fois, brulé trois dragues…

Pour sa part, le directeur régional de l’Assainissement, du contrôle des pollutions et des nuisances (DRACPN) de Sikasso, Moussa Ballo, a mis un accent particulier « sur l’impact du dragage sur le fleuve et sur la qualité de l’eau. » « La pratique impacte négativement les berges du fleuve, la consommation de l’eau, le mouvement des pirogues et la vie des animaux aquatiques », a-t-il expliqué, soulignant l’importance de préserver le cours d’eau.

Moussa Ballo a dit que les services techniques ont besoin d’équipements adaptés pour la réussite de cette activité. Il a surtout insisté sur la sensibilisation des communautés. De son point de vue, « il faut donner le pouvoir aux autorités locales pour qu’elles puissent saisir toutes les dragues. »

« Nous sommes sérieusement engagés à combattre le dragage », a-t-il affirmé avant d’appeler toutes les régions, où les cours d’eaux sont utilisés pour la recherche de l’or, à imiter l’initiative des autorités régionales de Sikasso. « S’il y’a une synergie d’action entre les régions, on pourra belle et bien circonscrire ce fléau », a-t-il indiqué. Le code minier, selon lui, condamne formellement la pratique.

Selon le conseiller à la sécurité et à la protection civile de la gouverneure, le contrôleur général-major de police Tiantio Diarra, la pollution et la dégradation de la nature au Mali « sont devenues des dangers pour la vie de la population et celle des animaux aquatiques. » C’est la raison pour laquelle. la mission a été initiée par la gouverneure de la région.

Selon lui, une première mission a été effectuée en février passé pour identifier les points qui ont le maximum de dragues. C’est à la suite de cela que le site de Kadiolo a été détecté. « Cette opération doit être dissuasive pour tous ceux qui ont des dragues. Ils doivent comprendre que l’activité est illicite et qu’il faut l’abandonner… », a indiqué le contrôleur général-major de police. Il a souligné que l’opération se poursuivra « car le fleuve Bagoé constitue une ressource naturelle appartenant à nos ancêtres et il doit être préservé. »

En outre, Tiantio Diarra a dit que cette initiative est l’illustration de la détermination des autorités du Mali « pour le bien-être de la population. » Ainsi, les dragues extraites du fleuve Bagoé dans la localité de Misseni seront amenées au gouvernorat de Sikasso. « L’équipe de démantèlement a pu saisir 16 dragues. Il y reste une centaine », a affirmé la gouverneure de la Région, Mme Kanté Marie Claire Dembélé. Elle a révélé que la mission n’avait pas de moyen adéquat, sinon les machines « costaud » pour extraire le reste des dragues.

A cet effet, la cheffe de l’exécutif régional a saisi l’opportunité pour saluer la CMDT et les autres partenaires qui ont facilité la réalisation de l’opération de démantèlement. Pour l’heure, les 16 dragues sont gardées au gouvernorat de la 3ème région. Par ailleurs, elle a sollicité le soutien de tous car seules, les autorités régionales ne peuvent pas mener cette lutte. « Il faut une conjugaison des efforts de différents départements ministériels, dont ceux chargés de l’Environnement et de la s\Sécurité », a-t-elle insisté. Et de préciser que ceci appuiera l’équipe régionale quant à l’extraction et la sécurisation des dragues.

« Nous allons poursuivre l’opération dans d’autres localités et instruire à tous les préfets de prendre des dispositions pour éviter la réinstallation des dragues extraites », a-t-elle promis. Elle a assuré que des mesures seront prises contre ceux qui s’adonnent à la pratique. Elle a remercié le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et le ministre de l’Economie et des Finances qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour soutenir la mission de démantèlement.

Le dragage consiste à extraire des matériaux qui se trouvent en profondeur de l’eau. Le cas du fleuve Bagoé consiste à extraire de l’or dans les fin fonds du fleuve.

MFD/MD (AMAP)