
Les organisateurs de la 1ère édition de la SENARE, qui a pour objet de promouvoir la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble, pour un meilleur raffermissement des relations sociales, promettent de corriger les insuffisances.
Par Bembablin DOUMBIA
Bamako, 04 oct (AMAP) «C’est une très bonne initiative car, elle peut être un facteur d’appropriation du processus de paix par les communautés», estime Marcelin Guenguere, membre de l’association Gina Dogon. Comme lui, de nombreux compatriotes ont apprécié l’initiative de la célébration de la Semaine nationale de la réconciliation (SENARE), au Mali, du 15 au 21 septembre 2022, dont l’objectif général est de restaurer la paix, de renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Cette Semaine se tient à un moment où le Mali, depuis 2012, est confronté à une crise multidimensionnelle qui a sérieusement affecté le tissu social et bouleversé la cohabitation pacifique séculaire. Ainsi, les valeurs cardinales telles que le cousinage, le pardon mutuel et le vivre ensemble, qui étaient des vertus, cèdent devant la méfiance et le mépris.
Cependant, face à cette situation de nature à compromettre la cohésion sociale, les pouvoirs publics ont initié de nombreux mécanismes de résolution des crises d’où l’institution de la SENARE, demandée par les Maliens lors de la Conférence d’entente nationale, tenue il y a quelques années.
Cette volonté a été traduite par les dispositions de la Loi d’entente nationale à partir de laquelle l’arrêté n°2021-5480/MRPCN-SG du 27 décembre 2021 fixant la période allant du 15 au 21 septembre, de chaque année, comme la SENARE a été pris. Cette Semaine participe d’un esprit de promotion des valeurs fondatrices de notre vie sociale, notamment la solidarité, l’humilité et le pardon.
En instituant la SENARE, les autorités de la Transition donnent un écho favorable à une volonté du peuple de trouver des solutions endogènes aux problèmes nationaux. La Semaine constitue ainsi une opportunité pour «chasser les démons de la division et de la terreur afin que germent les perspectives de développement, facteur d’épanouissement collectif», a déclaré le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, lors du lancement de la 1ère édition de la Semaine. Elle offre, également, l’occasion de mobiliser tout le peuple malien, de l’intérieur comme de l’extérieur, autour du vivre ensemble et de la stabilité du pays.
Moment de communion, d’échanges, d’évaluation et de prospection, la SENARE pourra, à travers les activités programmées et les thèmes débattus, jouer en outre un rôle d’alerte pour prévenir et atténuer toutes formes de chocs susceptibles de fissurer le tissu social.
En promouvant le dialogue sincère, facteur du pardon et de cohésion, «nous ne faisons que revenir aux valeurs fondamentales que nous ont léguées nos aïeux», a poursuivi le colonel Goïta. Cela est d’autant plus important que les différentes initiatives prises par les autorités de la Transition s’inscrivent dans la droite ligne de la préservation des fondements de notre Nation, mise à rude épreuve par les réalités du moment.
Face à la flambée de la violence sur fond d’actions malsaines orchestrées par des aventuriers décidés à compromettre, par la discorde, la stabilité de notre pays, il est nécessaire d’envisager des solutions innovantes, à même d’obtenir l’adhésion des communautés, le plus souvent «instrumentalisées» dans des conflits, dont elles ignorent les vraies raisons. Mais aussi à poursuivre avec abnégation les actions prévues dans la Stratégie nationale de la réconciliation et son schéma directeur, a préconisé le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta.
AMÉLIORER L’EXERCICE – Toutefois, Marcelin Guenguere pense que l’initiative de la Semaine doit être améliorée. Appuyant ses propos, l’ancien député pointe du doigt le «manque d’implication des communautés à la base». «Il y a eu plus de communication au niveau national que local», regrette-t-il. Toutefois, dit le responsable de Gina Dogon, il est clair que «si la Semaine est bien organisée, la paix et la réconciliation seront une réalité».
De son côté, le président de l’association Tabital Pulaaku, Abou Sow, il se réjouit de l’initiative des autorités. D’après M. Sow, aujourd’hui, le Mali a besoin de la réconciliation des esprits, des cœurs et de tous les Maliens. Selon lui, « le Mali est une nation : un pays dont les habitants forment une seule entité sociale. »
« De chaque coin du pays à l’autre, les populations se connaissent et ont entre elles des liens historiques et socio-culturels », ajoute le premier responsable de Tabital Pulaaku, estimant que « quelle que soit la gravité de la crise, ces liens finissent par prédominer ».
Dans le prolongement de la 1ère édition de la Semaine, Abou Sow a dit que son association organisera, le 23 octobre prochain, un meeting dont l’objectif est la réconciliation, la refondation et la stabilisation de notre pays.
«Quand il y a crise, il faut d’abord se parler. Le fait d’avoir organisé cette Semaine a été un déclic. Les gens se parlent et vont continuer à le faire. Du coup, le syndrome de méfiance va être progressivement entamé au point de disparaitre. Et, finalement, nous allons parvenir aux résultats escomptés, à savoir la réconciliation», se félicite Abou Sow. Pour lui, la réconciliation est un ensemble de comportements : « il faut s’abstenir de tenir des propos diffamatoires et inflammatoires, de poser certains actes et savoir pardonner et oublier. »
Pour sa part, le président de la Commission d’organisation, par ailleurs secrétaire général du département en charge de la Réconciliation, Sidy Camara, affirme que la 1ère édition de la SENARE s’est bien déroulée. « Même s’il y a des choses à parfaire pour les prochaines rencontres », il soutient, néanmoins, que dans l’essentiel, cette édition a été une réussite. D’après lui, sur les 24 activités prévues, ce sont seulement deux qui n’ont pu être réalisées, soit un taux de réalisation de plus de 90%. Ces activités sont, notamment celles sportives et les actions de solidarité (don de sang, don de céréales et de kits aux déplacés internes).
S’y ajoutent les activités religieuses. «Nous avons été impressionnés par la force des messages que les religieux ont passés auprès de l’opinion pour prouver que le Mali n’est qu’un et qu’on n’a pas d’autres intérêts que la paix », a dit Sidy Camara.
« Ils (Ndrl, les religieux) ont également fait savoir que notre ennemi est la fissure du tissu social», a ajouté le président de la Commission d’organisation. Il a annoncé qu’à la rentrée scolaire, une activité de sensibilisation sur des questions de paix, de cohésion sociale et de réconciliation est prévue dans les écoles.
Sidy Camara souligne, par ailleurs, que les communautés de base ont été associées à ces activités. «Ce qu’on peut regretter, c’est la non implication des autorités communales. Cela n’est pas forcément de leurs fautes ou responsabilités. Je crois que cette situation fait partie des points à améliorer dans les Semaines prochaines. Sinon, nous avons associé les communautés de base et les parties à conflits», explique-t-il. Étayant ses propos, le président de la Commission d’organisation a souligné le succès qui a consisté à mettre ensemble les Khassonkés, les Soninkés, les Touaregs, les Arabes, les Bobos, les Peuls et les Dogons, au Palais des sports. «Ils se sont tous mobilisés et ont même élu des quartiers généraux au cours de cette rencontre pour que l’on sente la diversité dans la salle», se réjouit M. Camara.
Il dit garder bon espoir pour la réconciliation des Maliens. « Toutefois, a-t-il précisé, il faut se garder de juger le niveau de réconciliation des Maliens à la suite de la 1ère édition ». Pour lui, la Semaine est un cadre de rappel et de sensibilisation « pour que nos compatriotes sachent qu’il y a encore des difficultés en matière de vivre ensemble. Et ce, afin d’y trouver des solutions idoines ».
BD/MD (AMAP)