Semaine littéraire : « L’édition n’est pas faite absolument pour nourrir son homme tout de suite et maintenant » dixit Fatoumata Keita, écrivaine et éditrice

Bamako, 4 mars (AMAP) Passionnée de littérature depuis une trentaine d’années, promotrice d’une maison d’édition, Fatoumata Keita que nous avons rencontrée le 19 février 2025 à Muso Kunda, s’exprime sur l’état de la littérature au Mali, la situation de l’édition, les relations entre éditeurs et auteurs, le droit d’auteur et les perspectives d’avenir de ces secteurs, entre autres.

Comment se porte la littérature malienne ?

Pour Fatoumata Keita, « la littérature se porte au mal par faute de structures publiques qui encouragent la création, la production de la pensée écrite et l’insuffisance d’espaces de promotion et de diffusion du livre ». « Or, nous sommes en face d’une jeunesse en besoin d’informations, de formations pour être préparée à faire face aux défis et enjeux de développement de son pays. » poursuit-elle.

Figuira éditions a été créée pour donner une grande place à la production d’ouvrages de référence dans divers genres.  Elle a 108 ouvrages publié à travers six grandes collections : la collection les grandes Figures, la collection Contes et Légendes d’Afrique, la collection les grandes Voix d’Afrique, la collection Jigiya, la collection Les tout Petits, la collection Guide de décision en médecine en Afrique.

Figuira éditions envisage de créer en 2025 la collection Villes et villages du Mali.

« Nous avons également initié le concept de village de lecture-contes qui vise à créer des espaces de promotion de la lecture pour la diffusion de notre collection Contes et Légendes d’Afrique auprès des enfants dans les écoles » précise Fatoumata Keita. La collection contes et légendes enregistre 15 nouvelles parutions par an et compte à ce jour 60 ouvrages de littérature de jeunesse (sur les 108 publiés) dont des livres de contes, de légendes, de fiction et des livres factuels. Pour alimenter la collection Contes et légendes d’Afrique, Figura éditions fait des résidences d’auteurs et des ateliers d’écriture pour faciliter la création de textes de littérature de jeunesse aux auteurs et potentiels auteurs.

Bien que des initiatives se développent, le monde de l’édition rencontre des difficultés parmi lesquelles « le manque de soutien, le manque de réseau de diffusion, les difficultés d’avoir du personnel qualifié, les difficultés de maintenir ses employés, l’absence de culture de la lecture au Mali, la non valorisation du livre et de son contenu » a-t-elle déclaré. Et de préciser, que les gens préfèrent demander de leur offrir un livre que de l’acheter.

De plus, Fatoumata Keita déplore la mauvaise présentation d’un livre au public. En effet, elle soutient qu’au Mali « on présente un livre sans jamais mentionner ni la maison d’édition ni l’année et le pays d’édition, a fortiori la collection dans laquelle il est édité ».

Le monde de l’édition est lié aux auteurs. Ces derniers collaborent avec les maisons d’éditions.

Il y a 4 types de contrat présenté aux auteurs : les comptes éditeurs, les comptes auteurs, d’autres des comptes sponsoring le contrat mi- auteur mi- éditeur.

Combien coûte l’édition d’un livre de la conception à la publication ?

« Difficile à dire » soutient Fatoumata Keita. En effet, cela dépend de la maturité du texte à éditer, car c’est ce qui déterminera le volume du travail, du nombre de pages, du nombre d’exemplaires (on y applique l’économie d’échelle quand il ne s’agit pas de l’impression numérique), puis des spécifications de l’impression (type de papier : en couleur ou en noir et blanc?   type de finition: dos carré collé, dos carré collé et cousu ou piqué à cheval ?)

A titre d’exemple, elle rappelle « il m’est arrivé d’imprimer un de nos livres de la collection contes et légendes à 1100 fr/ l’unité chez l’imprimeur avec les spécifications suivantes : Nombre d’exemplaires 500 Nbre de pages : 48 pages intérieures en couleur, … »

« L’édition n’est pas faite absolument pour nourrir son homme tout de suite et maintenant » renchérit-elle.

L’éditrice a conclu en ces termes « C’est avec le temps et la mise en place d’un réseau de diffusion sûre, le soutien de l’état, la mise en valeur des productions de qualité, en les achetant pour les coins de lecture et en les mettant au programme d’enseignement, la mise en place d’espaces de promotion et la formation de lectorat que cela se fera ».

OS/KM (AMAP)