Par Youssouf DOUMBIA
Ségou, 08 fév (AMAP) Expositions d’art, concerts, foire, conférences-débats, la 19è édition de Ségou’Art Festival sur le Niger clôturée, dimanche dernier, a tenu toutes ses promesses. L’une des grandes attractions était les expositions d’art visuel. Plus de 10 expositions ont permis d’étaler toute la créativité des artistes du Mali, d’Afrique et d’Amérique latine. La principale exposition était celle dénommé «Bi Mali» ou le Mali contemporain. Une vingtaine d’artistes, de peintres, photographes, sculpteurs et vidéastes y ont exposé leurs œuvres. Le jury était composé de professionnels comme Abdoulaye Konaté, Ky Siriki, Bathélemy Togue, Ousseynou Wade et le Pr Yacouba Konaté.
Après délibération, le jury dans lequel figurent quelques-unes des 50 personnalités les plus importantes du monde de la culture, a porté son choix sur les œuvres de trois artistes. Le 1er prix est allé à Mohamed Bomboly Keita (sculpteur). Il a empoché 1 million de Fcfa. Sidiki Haidara (photographe) a remporté le 2è prix et le 3è prix est revenu à Dramane Toloba (artiste-peintre). Ceux derniers ont remporté, respectivement, 750.000 et 500.000 Fcfa. Pour le président du jury, loin de démériter, les autres artistes ont fait un travail remarquable.
SONORITÉS ENVOUTANTES – Concernant la musique, le premier concert géant, sur la grande scène du village de Festival, dénommée Soirée nomade, a eu lieu, dans la nuit du vendredi 3 février. Abdoulaye Diarra, Hawa Maïga, le Groupe Amar de Kidal, Bassékou Kouyaté et Abdoulaye Diabaté ont fait danser des milliers de spectateurs venus célébrer la musique sous toutes ses couleurs.
Drapé dans un boubou blanc trois pièces, Bassékou Kouyaté a émerveillé le public. Le son magique se son N’goni (guitare traditionnelle), entremêlé à ceux du Tamani, de la calebasse et d’autres instruments traditionnels, donnait une sonorité époustouflante. Ces instruments étaient accompagnés de la voix grave de la chanteuse Ami Sacko. Ce mélange harmonieux perçait les flots du Djoliba pour se réfugier dans les cœurs des amoureux de la musique malienne. Sous les sonorités du Bamanan djourou (rythme musical bambara), le public et les artistes chantaient en chœur.
De nombreux thèmes ont été débattus lors du colloque. C’est celui sur la mobilité des professionnels de l’art et de la culture qui a retenu l’attention. En effet, l’idée de regroupement des grands festivals pour traiter des problèmes liés aux questions de culture est une des fortes recommandations de la table ronde tenue lors de cette édition de Ségou’Art Festival sur le Niger.
Il portait sur le thème : «Mobilité des artistes et de leurs œuvres». Un problème qui hante les artistes africains avant, pendant et après la Covid-19. L’insécurité qui sévit dans la région ouest africaine est venue s’ajouter au lot de problèmes. La mobilité des artistes et de leurs œuvres est devenue un casse-tête. Qu’est ce qui «bloque» les artistes et leurs œuvres ? Quels sont les impacts et quelles solutions ou pistes de solutions proposées ? Ce sont entre autres questions qui ont été soulevées.
DIFFICULTÉS DES ARTISTES – Le célèbre plasticien malien, Abdoulaye Konaté, membre fondateur du Fonds africain pour la culture et Luc Mayintoukou, musicien et expert culturel, deux spécialistes des questions de culture, étaient les panélistes d’une table ronde tenue au Centre korè à Ségou.
Ils ont parlé des contraintes et difficultés de la mobilité des artistes et de leurs œuvres. Selon les deux conférenciers, ces difficultés ont pour noms, contraintes administratives pour obtenir le visa, le problème de financement, de transports, l’insécurité, la Covid-19, la méconnaissance des textes et conventions nationaux et internationaux par la douane, la mauvaise organisation des professionnels de la culture.
Les panélistes ont, aussi, évoqué les problèmes de formation, les échanges entre professionnels, les partages, la participation aux festivals et autres rencontres. Outre le problème de délivrance de visa, Abdoulaye Konaté a mis l’accent sur celui du transport.
Selon lui, lorsque l’artiste parvient à décrocher son visa, c’est le transport de ses œuvres qui pose problème. « Le transport coûte extrêmement cher », a-t-il fait remarquer.
Un autre gros problème soulevé par l’artiste-peintre a trait à la rétention des œuvres par la douane. À l’en croire, certains douaniers bloquent les œuvres à l’aéroport de Bamako parfois par méconnaissance des textes.
Sur les difficultés d’accès aux financements, le plasticien a reconnu que les artistes ont du mal à y accéder. « Toute chose qui a motivé la création du Fonds africain pour a culture », renchérit-il.
« Le Fonds permet aux jeunes de recevoir des aides des plus anciens qui le financent, en donnant une ou deux œuvres », a indiqué Abdoulaye Konaté. Pour maintenir et encourager une diversité culturelle plus que jamais nécessaire, il a été proposé un traitement des demandes de visas spécialement adapté aux usages professionnels propres à la filière culturelle.
Puisque la mobilité des œuvres est une question de réglementation dans certains pays, les participants ont formulé des recommandations, entre autres, un plaidoyer sur les textes et accords bilatéraux entre les Etats (à faire de manière spécifique), la formation des douaniers sur les questions de mobilité, l’idée de regroupement des grands festivals pour traiter les problèmes liés aux questions de culture.
À la faveur de ses études, l’ONG Art mov africa (AMA) a contribué au développement de connaissances, d’initiatives et de politiques ayant pour objectif de soutenir la mobilité en Afrique. De fait, les statistiques de AMA témoignent du renforcement de la mobilité en Afrique de l’Est et du Centre, suite à la publication des études axées sur ces régions
YD/MD (AMAP)