
Ambiance de de l’approche de la fête : vendeurs ambulants de bétail dans les rues de Ségou
Par Aminata Dindi SISSOKO
Ségou, 1er juil (AMAP) Le Mali, à l’instar de la communauté musulmane, s’apprête à fêter l’Aïd el-Kébir, l’une des plus importantes fête de l’islam. La présence de vendeurs ambulants de bétail dans les rues, fait sentir déjà l’atmosphère de fête dans la capitale des balanzans, Ségou. Certains vendeurs ont, simplement, assiégé les alentours de la route l’An 2000, attendant en vain des preneurs. A Ségou, les différents marchés à bétail que nous avons sillonnés, sont approvisionnés même si les clients se font toujours attendre, d’après plusieurs vendeurs.
En cette matinée peu ensoleillée, Oumar Diallo se promène dans les environs de l’hôpital Nianancoro Fomba avec une dizaine de béliers. Quelques bêtes récalcitrantes ne lui facilitent pas la tâche sur cette voie fréquentée par les charretiers. Notre véhicule de reportage se gare non loin du troupeau. Le quadragénaire se précipite vers nous, laissant le soin à son fils de surveiller ses bêtes. «Approchez, j’ai de gros béliers. Venez apprécier vous-mêmes. Celui-là, je le cède à 200 000 Fcfa mais on peut marchander. Si vous trouvez ce prix cher, il y en a également pour 160 000 Fcfa. Le dernier prix, c’est 125 000 Fcfa », dit-il en essayant de nous convaincre.
Nous jugeons ses prix élevés. Le vendeur estime que le mouton, cette année, est plus abordable que l’année dernière : « L’année dernière, en cette période, il fallait débourser plus pour trouver des béliers du même gabarit. Nous ne cherchons pas beaucoup de bénéfice cette année, vu la situation qui prévaut dans le pays », assure-t-il.
Un quinquagénaire de passage se joint à notre conversation. Il se renseigne sur les prix et n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Les moutons sont chers dans la ville de Ségou. Il faut aller dans les villages voisins pour acheter sa bête. C’est là-bas que ces vendeurs s’approvisionnent pour nous revendre plus chers. Chaque année, je vais au marché de Konodimini pour acheter mon mouton de sacrifice », explique cet enseignant.
Plus loin, Abdoulaye Konta, un vendeur de bétail a élu domicile aux alentours de la voie l’An 2000. Une manière d’attirer les usagers de cette voie principale. Il est occupé au téléphone. « Je t’envoies tout de suite les images. S’ils te conviennent ,dès demain je les envoies par le premier car à destination de Bamako », assure-t-il à un client de la capitale, au bout du fil.
A peine, a-t-il décroché qu’il se dirige vers nous. « Vous avez besoin de bélier ? Faites votre choix. On tombera d’accord sur le prix. Je cède mes bêtes entre 72 500 Fcfa et 252 500 Fcfa », nous informe-t-il. Konta fait ce commerce avec son grand frère depuis plus de 20 ans. « Nous achetons notre bétail lors des marchés hebdomadaires des villages environnants, notamment Niono, Dougabougou, Séribala, Boussain, Gara, Ntona, Konodimini », explique-t-il. Il juge que les prix ne sont pas trop élevés cette année. Mais se plaint de la rareté des clients. « Par jour, nous vendons une ou deux bêtes. Beaucoup de clients se limitent à se renseigner sur les prix. Mais l’espoir est permis. D’ici à la fin de la semaine, nous espérons faire beaucoup de ventes », dit-il.
Oumar Traoré, vendeur de bétails au marché à bétail de Médine, lui aussi, espère que la semaine prochaine, les ventes s’accéléreront. Se désolant de l’absence de clients, il soutient : « Souvent, on peut passer une journée sans vendre la moindre tête. Même hier ça a été mon cas ».
Cela est-il dû à la cherté des prix ? Pour lui, les prix ne sont pas élevés. Il explique que beaucoup de clients attendent la dernière minute pour acheter leur mouton de sacrifice. Egalement, avec la situation qui prévaut dans le pays, beaucoup n’ont pas d’argent.
Ici, au marché à bétail de Médine, les prix oscillent entre 65 000 et 125 000 Fcfa. Quelques rares béliers qui ont de l’embonpoint coûtent entre 300 000 et 350 000 Fcfa.
A côté de l’échangeur, se dresse le grand marché à bétail de Ségou. Le site compte plus d’une soixantaine de vendeurs. Samedi dernier, notre équipe de reportage y a fait un tour. Mamadou Tangara, un client se promenait d’un vendeur à un autre, pour se faire une idée des prix. Pendant que des vendeurs essaient de le convaincre à l’achat. « Vraiment, je trouve que les prix sont élevés. Les vendeurs parlent de 75 000 Fcfa mais je pense que pour avoir un bon bélier il faut débourser à partir de 125 000 Fcfa », nous a-t-il indiqué.
Aguibou Dagnon, un vendeur met en avant quelques difficultés auxquelles les vendeurs font face cette année, notamment le coût élevé de l’aliment bétail, l’insécurité, la hausse du prix du carburant : « Nous partons dans les différents marchés hebdomadaires à Fangasso, Dougabougou, Fatiéna, Gara pour acheter nos animaux. Les frais de transport d’une tête coûtait entre 250 et 500 Fcfa. Aujourd’hui, c’est entre 1 000 Fcfa et 1 500 Fcfa », dit notre interlocuteur. Il ajoute acheter le sac de 50kgs de tourteau à 175 000 Fcfa et le son à 8 000 Fcfa ». « Egalement, on a dû renoncer a nous rendre en certains endroits, à cause de l’insécurité. Or, on trouvait le bétail moins chers sur ces sites là », détaille-t-il. Et de souligner que nonobstant ces difficultés, les prix à leur niveau oscillent entre 75 000 Fcfa et 300 000 Fcfa. « Le marché est bien approvisionné, comme vous pouvez le constater. Les bêtes sont bien nourries. Mais, pour le moment il n’y a pas de vente. Les clients se font rares», déplore-t-il.
Lui et ses collègues misent sur la semaine de la fête pour écouler plus de bêtes.
ADS/MD (AMAP)