Par Yama Traoré
AMAP-Ségou
Ségou, 06 décembre (AMAP) La sardine d’eau douce, « tinèni » est très prisée par la population. Ce petit poisson à la couleur argentée, rutilant quand c’est frais, croustillant et savoureux, après la friture, est facile à écouler sur le marché et à conserver par les ménagères.
La sardine d’eau douce bat, actuellement, tous les records de vente sur les marchés de Ségou. L’engouement autour est visible partout dans la Cité des Balanzans. Elle est bon marché. Elle se vend dans les maisons et dans les rues. Impossible de sortir de chez-soi sans être attiré par les étals de distribution ou de friture du « tinèni ». Les vendeuses au détail sont en pleine activité sur les trottoirs, de jour comme de nuit. Les petits poissons deviennent très croustillants et savoureux, après leur passage dans l’huile bouillante.
Tous les pêcheurs, grossistes et détaillants se frottent, actuellement, les mains. Les petits poissons sont à la portée de tous. Au grand plaisir des consommateurs qui en raffolent. Plusieurs espèces écument les cours d’eau africains. Mais la variété « Alestes leuciscus » est abondante dans les eaux du fleuve Niger. Le « tinèni » est pêché à Ségou-ville. Mais un fort quota vient de Markala. Sa grande disponibilité dans les eaux, selon une croyance commune chez les pêcheurs, dépend de la position de la lune. Pleine lune. Demi lune. Quart de lune. Du coup, le prix de gros varie, naturellement, selon l’offre et la demande.
Le « tinèni » est très lucratif. Il est facile à conserver après la friture par les ménagères. Les consommateurs et les commerçants y trouvent, tous, leur compte. Malheureusement, la campagne dure, selon les ans, un mois, moins d’un mois, rarement plus d’un mois. Cette année, contrairement aux autres, le « tinèni » s’est fait désirer. La faiblesse de l’offre a joué sur le prix. Le prix, le plus bas, du kilogramme est 750 Fcfa contre 400 à 350 Fcfa, l’année dernière. A retenir que le prix maximum a été de 1000 Fcfa. Le prix de cession du panier des fretins dépend des négociations entre les parties. Le prix minimum est de 50.000 Fcfa, cette année.
Le pêcheur, Seydou Djiré de Ségou, explique comment la campagne du « tinèni » booste ses chiffres d’affaires. Ce chef de famille, père de quatre enfants, indique avoir gagné beaucoup d’argent lors des campagnes passées. « Les petits poissons sont prisés. Nous n’avons pas de problème à les écouler. J’en pêche, suffisamment, pour avoir de quoi subvenir à mes besoins et économiser un bon paquet sur mes gains.», dit-il.
En effet, Seydou Djiré révèle que, pendant la période de pêche du « tinèni », il double les bénéfices tirés, habituellement, de son activité quotidienne. Il devient facile de planifier et financer beaucoup de choses au profit de sa famille. Il s’équipe mieux, en matériel, pour mieux tirer profit de son activité de pêche. Il s’acquitte des frais de scolarité de ses enfants. Il achète et stocke des denrées de première nécessité, notamment, le riz.
Le marché est bien fourni en ce moment. Notre pêcheur est satisfait des ressources financières tirées de la campagne en cours. Il affirme que le « tineni » est la seule marchandise, en matière de poisson, qui récompense, en fin de journée, à hauteur de souhait, l’argent investi dans l’effort de pêche. Habituellement, avant la saison des fretins d’eau douce, « souvent, nous attendions que les vendeuses endettées finissent d’écouler la marchandise pour récupérer notre argent. Ce délai variait entre 2 ou 3 jours ». Ce n’est pas le cas du « tinèni » qui se vend facilement.
Au marché de Médine, à Ségou, les accès aux étals de poisson sont engorgés de véhicules frigorifiques qui viennent de Markala et de Mopti pour approvisionner le marché. Ces camionnettes proposent un fort tonnage de fretins. Du coup les marchés de Ségou sont bien fournis. La grossiste, Mme Kadiatiou Djiré, trône au milieu de plusieurs grands paniers remplis de petits poissons. Elle a déposé des blocs de glaces au dessus de son stock pour conserver la fraicheur des poissons. Elle est envahie par les clientes. Une ambiance assourdissante animée par des commerçantes détaillantes, des ménagères et de quelques pères de famille.
Cependant, la femme d’affaires accorde la priorité aux détaillantes. EIles sont attendues ailleurs par d’autres clients. Notre commerçante propose la tasse à soupe entre 350 et 400 Fcfa . « Il n’y a pas un prix fixe. Tout dépend de la disponibilité de la marchandise. Hier, par exemple, j’ai vendu à 350 Fcfa mais, aujourd’hui, j’écoule la même quantité à 400 Fcfa, le kilogramme», explique Kadiatou Djiré. Mais quand l’offre diminue, elle cède le kilogramme de « tinèni » à 700 Fcfa aux clients particuliers et un peu moins pour les revendeuses au détail.
Notre équipe de reportage a rencontré Mme Mariam à Angoulème, revendeuse de poisson. Elle ne propose que le « tinèni ». Elle déambule dans ce quartier populaire de Ségou, pour approvisionner des vendeuses de friture. Après les salutations d’usage, Mariam dépose un recipient bien rempli de « tinèni » sur l’étal de sa cliente. Elle nous annonce que les prix ont fortement augmenté cette semaine, sans donner de précision. Gagne-t-elle suffisamment ? Elle répond, dans un éclat de rire, que si ce n’était pas le cas elle n’allait pas se dédier corps et âme au commerce du petit poisson pendant un mois. « J’ai d’autre choix vous savez ? Mon choix n’est pas fortuit, pendant cette période, de vendre uniquement le « tinèni ».
Mariam tourne le dos pour enfourcher sa moto transportant son panier rempli de marchandise. Avant de mettre le moteur en marche, elle nous annonce qu’elle vient de commencer sa ronde journalière. Elle la conduira dans tous les quartiers de Ségou.
Contrairement aux vendeuses de poisson frais, Mme Fatoumata Koné est installée près du grand marché de Ségou. Elle propose du « tinèni » frit. Elle nous confie qu’elle peut vendre, par jour, le contenu d’un panier moyen. Ici, le prix variable, est aujourd’hui de 25 Fcfa, le tas. Mais elle cède le kilogramme de friture à 775 Fcfa. « Comme vous pouvez le constater, ma clientèle est variée. Les enfants sont majoritaires », dit-elle. Elle, aussi, soutient qu’elle fait de bonnes affaires pendant cette période des petits poissons.
Le mois du « Tinèni » est mis à profit par les ménagères pour stocker les petits poissons fumés ou frits. Ces poissons à bon prix ont une grande valeur nutritive.
A longueur de journée, le « tinèni » es, actuellement, est un régal dans les familles de Ségou. Frits ou en soupe, les fretins sont mangés avec ou sans pain. Ils couronnent les plats de salade qui est bon marché en ce moment. L’abondance du « tinèni » fait l’affaire des cordons bleus dans la préparation de quelques variétés de sauce.
YT/MD (AMAP)


