Présence de souris : Petits rongeurs, grands dégâts

Pour limiter la cohabitation indésirable entre hommes et rats, certains choisissent d’élever des chats à domicile. Alliés sûrs dans la lutte contre les souris ?

Par Moussa M. DEMBELE

Bamako 02 juin (AMAP) On ne la voit pas deux fois avant qu’elle ne disparaisse sous un meuble ou dans un recoin ! Furtif, insaisissable, prompt, rapide comme l’éclair, ne comptez pas sur un chat pour l’attraper, Vous l’aurez deviné : Messi, pas le footballeur, mais la petite souris dotée d’autres talents de destruction, ceux-là, est devenu notre compagnon à la maison, au bureau et parfois dans la voiture ! Compte tenu des dégâts causés par ces rongeurs dans nos familles, la présence massive des souris dans les maisons doit être contenue.

À Tiéguena, dans la Commune rurale de Kalabancoro, sur la route de Ségou, les souris attendent seulement le coucher du soleil pour faire la navette entre les familles voisines Traoré et Diarra. D’habitude, elles se cachent au fond des chambres ou sous les sacs de céréales pour détruire leur contenu. Comme il y a le cousinage à plaisanterie entre ces familles, chacune profite de cette coutume ancestrale pour attribuer à l’autre, la paternité de ces petits rongeurs. « Hey ! Il faut bien garder vos souris. Il ne faut plus qu’elles viennent nous enquiquiner chez nous », plaisantent souvent les membres de ces familles.

En réalité, il y a deux espèces de souris qui perturbent, actuellement, le quotidien des habitants de Bamako et ses périphéries. Il s’agit de gros rats et de petites souris appelées « Messi » pour leur petite taille et leur rapidité a se faufiler.

Dans la périphérie de Tiéguena, ce sont de grosses souris qui font les dents en farfouillant dans les affaires des habitants. Parfois confondus à des rats, elles ne restent plus cachées dans les chambres ou sous les sacs de céréales, comme auparavant. Elles vivent, sans crainte, sous les pieds des personnes. Leur élimination/éradication en devient compliquée.

« Souvent, je me dis qu’il n y a pas de produits efficaces pour éliminer ces souris, car je passe tout mon temps à acheter des produits qui, ne les réduisent pas. Même les chats ont peur d’elles. En plus, elles sont trop intelligentes pour éviter les pièges que nous leur tendons », confie Mama Guindo.

Cette mère de famille, avoue que les petits rongeurs ont causé beaucoup de dégâts dans sa maison. Dans la même veine, Abdou Diarra, enseignant de formation, énumère les pertes qu’il a subies sur ses volailles à cause des grosses souris. « Contrairement aux souris habituelles que nous connaissons, celles-ci sont des mangeuses de poussins. Je possédais une importante quantité de poussins, les rongeurs ont tout dévoré jusqu’aux œufs », déplore-t-il. Cette perte a causé l’arrêt temporaire  de ses activités.

Les boutiques ne sont pas épargnées non plus. Les articles comme le sucre, le riz, les pâtes alimentaires et des farines sont les plus exposés. « Pour les protéger contre ces nuisibles, les boutiquiers élèvent des chats ou utilisent du poison qui les tue », renchérit, Amadou Doucouré, vendeur rencontré à Yirimadio. Il a été victime des souris, le poussant à prendre un chat. Et depuis, les petites souris se font rare dans sa boutique.

Contrairement aux habitants de Tiéguena où les grosses souris sont fréquentes, les étudiants du Campus universitaire de Badaladougou se plaignent des « Messi » (nom emprunté au célèbre joueur argentin de football). Ces petites souris se sont logées dans les armoires, valises et s’attaquent à des objets précieux des étudiants.

Ibrahim Diarra, étudiant à l’École normale supérieure de Bamako (ENSup) exprime sa désolation. Les dégâts de « Messis » ont transformé l’internat en un cauchemar pour l’étudiant. Elles ont grignoté ses cahiers et livres qu’il avait soigneusement rangés dans l’armoire. Lorsque qu’il s’en est rendu compte, il les a mis dans une valise. Malgré tout, les bestioles n’ont pas épargné ses documents.

Selon des spécialistes de la santé humaine notamment le médecin généraliste, Dr Bakary Dembélé et Sidi Coulibaly, agent vétérinaire, la cohabitation avec les souris est un danger permanant pour la santé publique, selon ces techniciens. Elles peuvent transmettre des maladies à l’homme, des maladies contagieuses, comme la salmonellose, qui se transmet quand le porteur est en contact direct avec ces bêtes. On peut attraper cette maladie par d’autres animaux aussi. Les souris peuvent vivre avec ces maladies sans les manifester. Elles infectent de passage les aliments.

Si les traitements ne sont pas faits à temps, cela peut créer un problème rénal ou encore l’hépatite. « Nous les appelons les porteurs sains. C’est à dire elles portent des bactéries et virus mais elles ne les manifestent pas. C’est bien d’utiliser des produits pour éliminer ces souris. Mais ce qui est encore mieux, c’est de rendre les lieux propres, car c’est la saleté qui les attire », prévient Sidi Coulibaly, agent vétérinaire.

Pour Dr Bakary Dembélé, médecin généraliste, beaucoup de personnes ont tendance à penser que ces animaux sont inoffensifs et sans impacts négatifs. Ce n’est pas toujours le cas, car les souris sont dangereuses pour l’homme et pour l’environnement. Leurs excréments peuvent nuire à la santé de l’homme au même titre que leur morsure. Selon le spécialiste, elles peuvent également êtres la source de pathologies comme la fièvre typhoïde et le ténia.

L’élimination des souris peut avoir des impacts négatifs comme positifs. « Cela dépendra du produit et de la méthode utilisés », explique Papa Namory Traore, spécialité hygiène et assainissement. « Même si les souris peuvent nous transmettre des maladies, leur élimination aussi peut apporter le déséquilibre alimentaire chez d’autres animaux, car elles sont la proie de ces derniers », explique M. Traoré.

« Ces animaux qui se nourrissent de la souris sont à leur tour la nourriture de l’homme. Donc, si les souris deviennent peu nombreuses, il y aura un petit chamboulement dans la chaîne alimentaire. Certains animaux vont devenir rares parce que leur proie, qui est la souris, a disparu », prévient l’ingénieur en environnement et santé publique.

Il ajoute que la méthode d’empoisonnement que les humains utilisent pour éliminer les souris est une menace pour l’homme, surtout les enfants. « Ces poisons peuvent polluer l’environnement. Il y a, aussi, un aspect rebond, c’est à dire quant on essaie d’éliminer les souris et que cela ne réussit pas, elles vont développer des résistances à ces produits utilisés pour revenir plus nombreuses », prévient Papa Namory Traoré.

MMD/MD (AMAP)