Par Moussa M. DEMBELE
Bamako, 25 sept (AMAP) À quelques jours de la rentrée scolaire, les familles s’activent pour que leurs enfants retrouvent le chemin de l’école dans les meilleures conditions. Entre les listes de fournitures, les inscriptions scolaires, la rentrée est un véritable casse-tête pour acheter cartable, habits, manuels et transports : le coût de la rentrée reste élevé.
Mamadou Dembélé, la cinquantaine révolue. Il a cinq enfants, tous inscrits dans des écoles privées. Cette année, la situation socio-économique du pays fait que ce père de famille a des difficultés à joindre les deux bouts. « Les dépenses sont énormes pour cette rentrée scolaire. Rien que pour les inscriptions, je dois payer plus d’un million de Fcfa. Il y a les fournitures scolaires et le transport, après la reprise. Chaque année, c’est le même scénario. Je pense que c’est un moment qui doit être préparé en termes de dépenses », estime-t-il.
Même constat pour Mme Mariam Karo, qui reconnaît que la conjoncture économique est mondiale. « Ce n’est pas le Mali seulement qui traverse des moments difficiles. Je pense que c’est mondial. Mais, j’estime que la seule solution, c’est de se donner la main pour bâtir ensemble un Mali de paix et de cohésion », dit cette mère de foyer, rencontrée au marché Dabanani de Bamako.
Elle a acheté certaines fournitures, notamment des cahiers et des livres. « Je viens d’acheter des cahiers et des livres pour les classes de 7è et 8ème année. Pour ce qui est des sacs et autres effets, cela peut attendre, car les moyens ne sont suffisants », affirme-t-elle.
Contrairement à Mariam Karo, Salimata Traoré n’a rien acheté comme fournitures, pour le moment. Elle attend son époux qui doit envoyer de l’argent depuis l’étranger. Mais avant, la commerçante est venue se renseigner sur les prix auprès des vendeurs de sacs et de gourdes. « Le souhait de chaque parent est d’offrir tout le nécessaire aux apprenants pour le jour de la reprise des cours. Ce qui n’est pas commode cette année car les temps sont durs. « Les deux petites gourdes coûtent 7 000 Fcfa. Je vais y renoncer pour chercher le nécessaire », avance la femme au foyer, assise sur sa moto.
Abdoulaye Maïga, enseignant n’est pas encore prêt financièrement pour l’achat des fournitures scolaires mais, il espère une amélioration de sa situation financière d’ici la fin du mois. « Je me renseigne sur le prix de certains matériels didactiques. Je dois trouver des encadreurs pour les cours à domicile. La rentrée scolaire coûte très chère aux parents. »
Les écoles privées sont souvent les plus sollicitées pour l’éducation des enfants. Mais ce sont les moyens financiers qui font défaut. Chaque année, les frais d’inscription augmentent. Ce qui a poussé Kassim Coulibaly, ancien travailleur d’une ONG, d’inscrire ces enfants dans une école publique. « Cette année, je ne suis pas en mesure de faire face aux frais de scolarité de mes enfants. Ils sont au nombre de quatre, tous inscrit dans des écoles privées. Mais avec les difficultés financières, j’ai décidé de les inscrire dans une école publique. Même si cela pourrait affecter leur niveau d’études », a-t-il fait savoir, presque désespéré.
Des marchands de fournitures scolaires se plaignent du manque d’affluence aux lieux de vente. Si certains pensent que les clients viendront à la dernière minute, d’autres constatent que les parents d’élèves manquent d’argent. Il est 10h34, en mois de septembre au marché Dabanani de Bamako. Les vendeurs de fournitures scolaires ne sont pas nombreux. Les quelques rares qui y sont, déplorent également le manque d’affluence.
Bakary Dramé, jeune vendeur de cahiers et d’autres matériels didactiques, en est à sa première année, dans ce commerce. Mais, il risque d’abandonner car le marché n’est pas rentable. « Les clients se font rares. Ceux qui viennent, veulent juste prendre les prix de nos marchandises. La majorité se plaint du manque de d’agent », dit-il.
Siaka Boïté vit la même situation. Il affirme qu’il n’y a pas de marché. « L’année dernière, à la même période, nous n’avions même pas de temps pour discuter avec un journaliste. Cette année, c’est le contraire. À une semaine de la rentrée scolaire, nous avons l’impression que les parents ne sont pas prêts. Aucune vente depuis ce matin », se plaint-il.
En dépit de cette conjoncture économique, Kèlè Traoré, vendeur de fournitures scolaires à Sogoninko, en Commune VI du district de Bamako, reçoit des clients. Installé au bord de la route, il avoue que les clients sont fréquents chez lui. La preuve ? A 14 heure, son petit kiosque est débordé. « Je peux dire que les clients viennent. Même si d’autres attendent la dernière minute. Comparativement aux années précédentes, le marché est bon », ajoute, M. Traoré âgé d’une vingtaine d’années.
MMD/MD (AMAP)