Par Mohamed D. DIAWARA
Bamako, 13 Nov (AMAP) Le 12 novembre est consacré Journée mondiale de lutte contre la pneumonie. A en croire les spécialistes, cette pathologie tue, chaque année, dans le monde, plus que le Sida, le paludisme et la rougeole réunis. Sur le plan mondial, plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans décèdent, par an, de cette maladie infectieuse. Pour attirer l’attention de l’opinion internationale et des décideurs du monde sur ces chiffres qui font froid dans le dos, la Coalition mondiale contre la pneumonie de l’enfant a initié, depuis 2009, la Journée internationale de la pneumonie pour sensibiliser sur l’urgence d’agir pour circonscrire ce fléau.
Aujourd’hui, le monde célèbre cette journée. Nos reporters se sont intéressés à la question pour rappeler les défis à relever dans la lutte contre cette pathologie. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en France précise que, l’année dernière, la pneumonie a tué un enfant toutes les 39 secondes. La même organisation révèle, sur son site, que les décès d’enfants imputables à la pneumonie se concentrent dans les pays, les plus pauvres du monde, où les premières victimes sont les enfants les plus démunis et les plus marginalisés.
Selon les prévisions des chercheurs, 6,3 millions d’enfants de moins de 5 ans risquent de mourir des suites d’une pneumonie, entre 2020 et 2030, si les tendances actuelles de la maladie ne s’inversent pas.
Selon une modélisation réalisée par l’Université Johns-Hopkins (États-Unis), le renforcement des services de traitement et de prévention de la pneumonie pourrait sauver la vie de 3,2 millions d’enfants de moins de 5 ans.
Une nouvelle analyse publiée en amont du premier Forum mondial consacré à la pneumonie de l’enfant, tenu à Barcelone (Espagne), du 29 au 31 janvier, souligne que l’intensification des efforts visant à lutter contre la pneumonie pourrait éviter près de 9 millions de décès d’enfants liés à cette maladie et à d’autres pathologies majeures.
A l’occasion de la Journée mondiale de la pneumonie, le Pr Yacouba Toloba, chef du service pneumo-phtisiologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G, a défini la pneumonie comme une affection du poumon, causée par une bactérie. Le pneumo-phtisiologue et allergologue, explique que les symptômes de la pneumonie sont caractérisés par la dyspnée (difficulté respiratoire), la toux et la douleur thoracique. S’y ajoutent des signes généraux marqués, notamment par la fièvre aiguë, la courbature et la fatigabilité. « Ces symptômes évoluent de façon aiguë et brutale », précise le spécialiste.
Il a, aussi, relevé que les pneumonies bactériennes sont de véritables problèmes de santé publique que les statistiques enregistrées dans les consultations au niveau de son service prouvent suffisamment. «Les infections respiratoires, y compris la pneumonie représentaient 52% des activités de consultations et de soins», à la veille de la Journée mondiale de la pneumonie.
Cependant, le spécialiste reconnaît que ce n’était pas le cas, il y a 3 mois. Pour lui, nous entrons dans une période propice à la pneumonie et il faut espérer en sortir jusqu’en février prochain.
Le Pr Toloba conseille de lutter contre la pollution du poumon en utilisant la bavette et en portant des vêtements chauds pour contrôler la température ambiante, mais aussi de vacciner les enfants et les personnes âgées qui développent une co-morbidité.
Pour lui, la Covid-19 étant une pneumonie virale, ses symptômes peuvent se superposer à ceux de la pneumonie bactérienne. Par conséquent, il faut préciser que les symptômes de gêne respiratoire, de douleur thoracique et de toux associées à une infection ne renvoient pas forcément au coronavirus.
Concernant l’introduction du vaccin contre le pneumocoque (agent pathogène de la maladie) dans le Programme élargi de vaccination du Mali, il affirme que cela a permis de réduire la contraction de la pneumonie, notamment celle à méningocoque. «Quand on vaccine les enfants, il y a un impact positif sur l’infection bactérienne chez eux», dit le Pr Toloba. Il saisit l’opportunité pour exhorter la population à la prévention contre la pneumonie en évitant l’agression de l’appareil respiratoire. « Il faut éviter de fumer la cigarette et de polluer l’environnement », conseille-t-il.
Il invite les autorités à faciliter davantage l’accès aux soins primaires car, argumente-t-il, « le tiers des demandes dans les établissements de soins primaires sont des pathologies respiratoires ». Un grief du spécialiste a trait à l’existence au Mali que d’un seul service de pneumologie au Point G, construit depuis 1964. Il évoque, aussi, une insuffisance de ressources humaines (parce que notre pays compte 6 pneumologues pour 20 millions d’âmes) et la faible qualité du plateau technique qui restent des défis à relever.
MDD/MD (AMAP)