Par Amadou SOW
Envoyé spécial
Kita, 23 Nov (AMAP) Des milliers de fidèles chrétiens ont convergé vers Kita, du 21 et 22 novembre, pour effectuer le 49è pèlerinage national de l’église catholique sur le thème : «Avec Marie, tous débout pour un Mali réconcilié», à la faveur de la veillée sur la Colline mariale, après une procession sur environ 3 km.
Ce jubilé a été célébré dans un esprit de communion et de paix. Le pèlerinage est reconnu comme la manifestation de la foi du fidèle. La manifestation cultuelle a été merveilleusement animée par le diocèse de Sikasso, à travers un intense ballet et une chorégraphie bien diversifiée. A travers ces disciplines artistiques, le diocèse de Sikasso a décortiqué la thématique sur la recherche de la paix et du vivre ensemble. Dans sa prestation, les problèmes auxquels fait face notre société ont été dépeints par les jeunes. Il s’agit de la crise sécuritaire et ses conséquences, de la déperdition de l’éducation culturelle, de l’incivisme, du libertinage, de la mauvaise gouvernance et de la corruption. Les autres maux décriés ont trait au gain facile, à l’injustice, à l’instrumentalisation des religions à des fins personnelles, aux trahisons, assassinats politiques mais aussi à l’incivisme, au corporatisme et la crainte.
Le pèlerinage chrétien de cette année s’est voulu un appel à la réconciliation nationale mais surtout une invite aux autorités à travailler à cela.
Les cérémonies officielles ont enregistré la présence du ministre des Affaires religieuses et du Culte, Dr Mahamadou Koné, de sa collègue en charge de l’Environnement, Mme Bernadette Keita et d’éminentes personnalités de l’église catholique, notamment l’archevêque de Bamako, le cardinal Jean Zerbo. Etaient aussi présents des membres apostoliques et des diocèses, des pères, évêques, sœurs, des représentants d’autres confessions religieuses et le préfet de la localité.
Le 49è pèlerinage a donné l’occasion à des milliers de pèlerins de se recueillir devant la statuette de la Vierge Marie, de se donner la main mais aussi de se repentir. Il s’agissait, aussi, d’implorer le pardon du Seigneur et de faire des vœux. Le pèlerinage de Kita offre traditionnellement l’opportunité aux Kitois de partager des moments d’intense communion avec leurs coreligionnaires, parents, amis et collègues.
PARTICULARITE – En cette période de Covid-19, les habitudes religieuses ont été bouleversées lors du pèlerinage de cette année. Ce qui justifie la réduction du nombre des pèlerins, même avec les mesures de prévention. L’accès de l’église était conditionné au port du masque, cette instruction a été respectée à la lettre par tous les pèlerins, y compris les éléments des forces de sécurité.
Le rituel est composé de deux grandes étapes : la veillée sur la Colline mariale et la Messe du dimanche à l’église. La veillée a commencé par une procession, partie de la grande église de Kita vers la Colline mariale. Des milliers de fidèles, des bougies à la main, ont prié et convergé vers la statue de la Sainte vierge, située à environ 3 kilomètres du centre-ville de Kita.
Après le développement de la thématique par les jeunes qui ont posé un regard critique sur l’éducation, la santé, la mauvaise gouvernance, Mgr Jean Baptiste Tiama, évêque de Mopti et administrateur apostolique de Sikasso a dirigé la Messe de minuit.
La dernière partie de la veillée a été consacrée à la messe nocturne. Le diocèse de Sikasso a souligné la pertinence et l’actualité brûlante de la thématique proposée avant de faire des prières et formuler des bénédictions pour un «Mali réconcilié dans la paix». L’homme d’église à expliqué que «c’est à travers la foi, le seigneur et la Vierge Marie que nous arriverons à construire un Mali juste et prospère». Il a lancé un appel à la reconstruction des familles mais, aussi, à faire des prières pour le Mali et tous ses fils.
La 2ème journée du pèlerinage a été marquée par la célébration de la messe à l’église de Kita, dirigée par Mgr Jean Baptiste Tiama et Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes. L’église était archicomble. Des écrans géants étaient installés pour ceux qui n’avaient pas accès au nef (partie où se tiennent les fidèles).
C’était un moment d’intense émotion et de communion avec des messages du Seigneur. «Jésus a donné des messages pour veiller sur nous. Faites de vos familles des exemples de pardon, priez chaque jour pour le Mali», a conseillé Mgr Tiama, avant d’offrir au ministre en charge des Affaires religieuses la photo de sœur Gloria, enlevée depuis le 7 février 2017 à Karangasso, dans le Sud du Mali.
Le ministre des Affaires religieuses et du Culte a exprimé sa satisfaction. «Je suis très touché par l’enlèvement de la sœur et le message sera transmis aux plus hautes autorités». Il a assuré que l’Etat travaillera à la libération de la religieuse.
Le ministre a, aussi, transmis le message des autorités de la Transition politique et leur engagement en faveur de la paix, de la cohésion et de la laïcité. Pour lui, toutes les religions œuvrent pour la paix et la convivialité.
«Les sujets évoqués lors des prestations sont pleins d’enseignements et sont explicites sur les maux de notre société. Ils proposent, également, des pistes de solutions pour la restauration de la paix, la cohésion sociale, la solidarité, la justice, la droiture, la foi en Dieu, le patriotisme et la discipline», a dit Dr Koné.
Le président du Comité d’organisation, Christophe Coulibaly, a salué l’accompagnement des autorités de la Transition et l’implication personnelle du ministre en charge des Affaires religieuses, mais aussi des généreux donateurs qui ont contribué à la réussite de l’événement qui a pris fin par une prière.
Plus de 150 jeunes ont rallié Kita à pied, en provenance de Bamako. Après avoir avalé près de 175 km en 3 jours (entre lundi et jeudi), ils ont été accueillis à l’école de la Mission par les autorités religieuses, administratives et politiques de la ville.
Au-delà de son caractère spirituel, le pèlerinage offre à la population locale des opportunités pour la promotion économique de la circonscription. Restaurants, hôtels voire des familles réalisent de bonnes affaires. Des commerçants venus du Burkina Faso et du Togo proposaient des rosaires et des croix aux pèlerins.
AS/MD (AMAP)