Nioro du Sahel : Patisakana ! Quelle chaleur !

Par Moussa DIAKITE

 Nioro, 8 mai (AMAP) Depuis plusieurs mois, les populations de la région de Nioro (Ouest), comme celles d’autres parties du pays, vivent dans une véritable canicule. Les effets de la chaleur se font sentir partout. Au-delà de midi, impossible de rester plus de deux minutes dans une chambre. Dans les familles, les marchés, les gens passent toute la journée à se désaltérer avec de l’eau fraîche ou glacée.

Aujourd’hui, à Nioro, le produit le plus utilisé est la glace. Un morceau de glace peut se vendre jusqu’à 100 Fcfa dans la ville, voir 300 Fcfa ou plus à l’intérieur pour se procurer le même morceau de glace. Les activités tournent au ralenti à partir de 12 heures. Les déplacements sont limités. Les autorités scolaires, sachant que les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables aux effets de la canicule, ont été obligées de réaménager les horaires des classes, en suspendant les cours de l’après-midi. Selon le chef du centre Météo de Nioro, Abdoulaye Cissé, la température avoisine les 47 degrés.

Cette température caniculaire accentue évidemment la pression sur l’eau. Malgré les nombreux forages et les multiples adductions d’eau réalisées, la corvée d’eau et de rigueur dans plusieurs localités de la Région.

A Nioro-ville, les coupures d’électricité accentuent le manque d’eau, obligeant les femmes à se regrouper autour des citernes d’eau déployées, pour la circonstance, par certaines personnes de bonne volonté. Certaines femmes, auxquelles la corvée d’eau revient, sont obligées de veiller toute la nuit.  D’autres se déplacent de village en village, avec des charrettes à la recherche du plus que précieux liquide. Partout, ce sont des attroupements autour des points d’eau. Les disputes sont fréquentes. Elles peuvent même aller jusqu’à l’affrontement physique.

Mme Tall Nana, âgée de 35 ans, soutient que depuis plus de quatre mois, aucune goutte d’eau ne tombe des robinets de Kabala. La bataille pour l’eau fait rage. Les points d’eau (forages et puits) sont occupés par des centaines femmes, à longueur de journée. Les animaux, également, sont au rendez-vous. Eux aussi ont chaud et soif. Ils passent leur temps à rôder autour des points d’eau.

A travers les radios de proximité, des messages de sensibilisation invitent les parents à surveiller de près les enfants et à leur donner constamment à boire. La même précaution vaut pour les personnes âgées. « Donc, il faudrait faire boire constamment les enfants et les personnes âgées », conseille-t-il.

Selon le médecin-chef de Nioro, Dr Safouné Diakité, « que l’on soit adulte ou enfant, il est conseillé de boire un minimum de 1,5 litre d’eau par jour. » Un autre message invite les populations à dormir dehors pendant la nuit.

La vieille Cité religieuse ploie sous cette forte chaleur depuis bientôt trois ans. Etrangement, il y a des jours où le vent semble s’arrêter de souffler. L’on transpire à grosses gouttes le lever du soleil. Très souvent, des vents chauds et secs soufflent, tout en rendant la vision difficile dans la circulation.

Situé en plein cœur de la zone sahélienne, Nioro ne dispose pas d’assez d’arbres pour atténuer la chaleur et offrir de l’ombre aux humains et aux animaux. Dès fois, l’eau de la jarre se boit difficilement. Il faut utiliser avec précaution l’eau de la bouilloire, même posée à l’ombre.

Les murs des maisons, le sol, les pierres dégagent une chaleur insupportable, cela même après le coucher du soleil, obligeant les gens à dormir à la belle étoile. Les personnes âgées, qui sont des couche-tôt, passent toute la nuit devant leurs concessions, éventails en main.

Mme Hatta Diarra, âgée de 55 ans, est commerçante au marché de Nioro depuis des années. Elle est formelle : ces dernières années sont vraiment horribles avec une telle forte chaleur.

A Nioro, le vox-populis, comme dans d’autres parties du pays, a vite fait une corrélation avec une supposée forte augmentation entre le nombre de décès a ces dernières semaines. Le médecin-chef du District sanitaire de Nioro, Dr Safouné Diakité, que nous avons approché, a dit : « Nous savons qu’il fait chaud, mais difficile pour nous d’établir une relation entre les cas de décès et la canicule comme le pensent beaucoup de Niorois. »

« Nous n’avons, pour le moment, enregistré aucun cas de déshydratation avancé comme en 2023, à la même période. Le seul conseil que nous donnons aux populations est de veiller sur les enfants et les personnes âgées, en leur donnant permanemment de l’eau et en les faisant dormir hors des abris où l’air ne circule pas », ajoute-t-il.

Tout le monde implore Allah, le Tout-Puissant pour qu’Il nous donne de la pluie. Mais, malheureusement celle-ci n’est au rendez vous qu’à partir de mi-juillet.

 Si les responsables du Projet de Ggestion des ressources naturelles et changements climatiques (PGRNCC) pensent que la chaleur exceptionnelle de ces dernières années est l’une des conséquences des changements climatiques, il serait donc souhaitable d’agir et de changer nos habitudes et comportements. si nous voulons laisser à nos descendants une terre où il fait bon vivre.  

MD/MD (AMAP)