Mouvement du 5 juin : Deuxième vendredi de contestation à Bamako

Par Mohamed Touré

Bamako, 19 juin (AMAP) « Non à l’augmentation du prix des engrais », revendique une pancarte tenue par un jeune homme en sueur. C’est une préoccupation relative aux difficultés des agriculteurs. Les slogans du genre sont légion.

Comme le 5 juin, date de la dernière sortie, la chaleur suffocante n’a pas découragé les manifestants. Encore moins le coronavirus. Ce vendredi, comme annoncé par les leaders du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur le boulevard de l’Indépendance de Bamako pour réclamer le départ du régime en place.

Sous un soleil accablant, toutes les astuces sont bonnes pour s’abriter. Certains manifestants s’aspergeaient d’eau fraîche pendant que d’autres cherchaient des coins d’ombre pour se cacher des rayons de soleil. Des chants, des danses et des multiples va-et-vient agrémentaient la manifestation, pour d’autres groupes. Les vendeurs d’eau, de boissons, de vuvuzela, de teeshirts, ayant aussi investi les lieux, se frottaient les mains. Il en est de même des gérants de multiples parkings improvisés tout autour du boulevard.

Depuis la matinée, certains manifestants, parmi les plus déterminés étaient sur place. Comme la fois précédente, un imam a même conduit la prière du vendredi sur le boulevard. A entendre les manifestations, les raisons du mécontentement sont multiples. En plus de l’augmentation du prix des engrais que dénonce le jeune à la pancarte, la question de la corruption, l’insécurité, l’organisation des dernières législatives sont, entre autres, les raisons invoquées par certains manifestants. Ces doléances les ont amenés à répondre à l’appel lancé par plusieurs hommes politiques rassemblées autour l’Imam Mahmoud Dicko.

Ces leaders étaient visibles sur une tribune installée pour l’occasion. Des têtes connues de la scène politique étaient sur place. On pouvait apercevoir, entre autres, le Dr Oumar Mariko, Choguel Maiga, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé ou encore Mme Sy Kadiatou Sow. Cheick Oumar Sissoko, cinéaste et ancien ministre de Culture s’est adressé en premier à la foule. Suivi par Issa Kaou N’djim, porte-parole de l’iman Mahmoud Dicko. Les deux ont réaffirmé les raisons de la mobilisation, en proposant aux manifestants d’aller au Palais de Koulouba (présidence) pour l’occasion.

Mahmoud Dicko, prenant la parole en dernière position, va calmer les ardeurs. Il demandera que des représentants désignés partent à Koulouba et non toute la foule. Il a rappelé l’engagement pris sur l’honneur de gérer la crise sans dégâts et sans casse. « On ira chez personne pour vandaliser », a-t-il lancé. Plus tard, au retour des émissaires envoyés à Koulouba, sans réponse satisfaisante, l’imam demandera à la foule de rentrer pacifiquement à la maison, en attendant le prochain appel du mouvement.

MT/MD (AMAP)