Par Mariam F. DIABATE
Sikasso, 1er Déc (AMAP) « Pour moi, l’arrivée des mototaxis a apporté un confort total. Je fais toutes mes courses facilement. Sans ce moyen de locomotion, j’allais marcher du quartier Bougoula-ville à Lafiabougou, sur une quinzaine de kilomètres, car il n’y a pas d’autres moyens de déplacement sur cette voie», lance une fidèle cliente des mototaxis à Sikasso. Les propos de cette cliente illustrent, ainsi, la nouvelle ère du transport urbain sikassois, avec l’arrivée de ces engins.
Il est 11 heures à Sikasso. Sous un arbre, à l’intersection du boulevard de l’Union africaine (UA) et de la Route nationale (RN7), de grosses motos de couleurs jaunes, attirent l’attention des passants. «Où voulez-vous partir, madame ? Venez, nous allons partir…», demandent les conducteurs aux clients. Leurs cheveux, blousons, gants et cache-nez… sont couverts de poussière. Quand ils ne conduisent pas un client, les conducteurs discutent des comportements de clients, des frais de déplacement, de la distance entre les quartiers, des disputes avec les policiers et d’autres transporteurs.
Adama Dembélé est le chef d’équipe des conducteurs de mototaxis. Il revendique 9 mois d’activités au compte de sa société à Sikasso. «Les jours de fête, de baptême et de mariage, nos motos sont très sollicitées par les femmes», affirme-t-il, souriant. « Durant ces rassemblements, poursuit-il, je peux gagner entre 5000 et 6000 Fcfa en une journée ». Se prononçant sur la tarification des mototaxis, M. Dembélé explique que de l’intersection du boulevard de l’UA à la route de Koutiala, il faut payer 200 Fcfa. Le même prix est retenu pour se rendre à Wayerma. «Nous demandons 300 Fcfa pour Hamdallaye et 500 Fcfa à 700 Fcfa pour Mamassoni, Sanoubougou et Sirakoro», détaille-t-il.
Cependant, tout n’est pas rose dans ce métier. Malgré l’engouement de la population pour les mototaxis, notre interlocuteur précise que son activité rencontre des difficultés. Il s’agit, entre autres, de la mésentente persistante avec les conducteurs de transport en commun, notamment les « dourouni » et les taxis. Il pointe, aussi, la propension de certaines clientes à ne pas payer les tarifs convenus, en prétextant qu’elles sont veuves ou qu’elles sont pauvres.
«On dirait que la mototaxi est venue uniquement pour me soulager. Je prépare les repas lors des cérémonies. Pour ce faire, je sors tôt et rentre tard. C’est avec les mototaxis que je fais mes courses», témoigne Mamou Traoré, une cliente régulière.
Elle choisi ce moyen de transport car, selon elle, les conducteurs vous déposent jusqu’à la destination finale sans rechigner. «L’autre jour, la mototaxi a transportées mon amie et moi au quartier Sanoubougou II à 750 Fcfa. Si c’était le taxi, nous allions payer près de 2000 Fcfa», témoigne-t-elle, souhaitant l’expansion des lignes aux points d’arrêt, dans chaque quartier de la ville.
Le coordinateur du projet de mototaxi, Yacouba Diarra, explique que cela s’inscrit dans le cadre de la collaboration avec l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). En outre, il souhaite avoir l’appui des autorités régionales afin de pouvoir contribuer à réduire le taux de chômage des jeunes. Par ailleurs, le coordinateur souhaite bénéficier d’une exonération des impôts.
Au commissariat du 1er arrondissement de Sikasso, le responsable en charge de la voie publique, le major Aliou Sidi Diallo, déplore le fait que, de façon générale, les Sikassois ne maîtrisent pas le Code de la route et, surtout, les conducteurs des mototaxis. « Ces derniers, relève-t-il, ne bénéficient pas de formation en circulation routière ».
De plus, le major Diallo appelle les conducteurs de mototaxis à ne pas en faire un moyen de transport inter urbain. «En plus des déplacements urbains, très souvent ces conducteurs transportent les clients de Sikasso à Zégoua, de Sikasso à Niéna», déplore le policier qui pointe, aussi, certaines mauvaises pratiques des conducteurs comme l’excès de vitesse, la surcharge, le support à trois, le non-respect des feux de signalisation et même le dépassement dangereux.
Le major Aliou Sidi Diallo invite les conducteurs de mototaxis à passer le permis de conduire. S’adressant aux autorités régionales et au promoteur, il conseille d’organiser des séries de formation à l’intention des conducteurs afin de minimiser les cas d’accidents.
MFD/MD (AMAP)