
Ils s’imposent par leur bagou à la cliente qui finit par recourir à leurs services contre un petit paiement.
Par Nahawa SANGARÉ
Bamako, 10 aout (AMAP) Au marché «Woonida», vous ne pouvez pas les manquer !!! Les porteurs de bagages de circonstance. De jeunes écoliers qui portent les bagages ou des paniers de condiments des clientes et clients vers leur véhicule contre une petite rétribution. Ils s’imposent parfois par leur «agressivité».
Le marché «Woonida» est devenu la zone de prédilection de ces jeunes écoliers porteurs en période de vacances. Ils se promènent dans le marché et proposent leurs services aux clients du marché. Pendant les vacances scolaires, le phénomène prend une autre dimension parce que ces jeunes écoliers s’essaient à cette activité, en vue de préparer la prochaine rentrée pour certains ou de subvenir à leurs petits besoins pour d’autres.
En tout cas, ils sont nombreux à porter les bagages dans ce marché réputé pour ces condiments accessibles à toutes les bourses et où bien de personnes s’approvisionnent. Comme en ce premier jour du mois d’août. Il est environ 10h, sous un ciel un peu nuageux et dans un brouhaha ambiant, Moussa Diallo se faufile entre les clients et propose ses services à qui veut bien y recourir. Il répète à l’envi en bambara : «doni be taa», (Avez-vous quelque chose à faire porter).
Il s’époumone parfois avant de reprendre son souffle et de poursuivre une cliente. La vieille dame, qui venait d’arriver accepte de se faire accompagner par le jeune porteur de bagages. A la fin des courses, celui-ci achemine le panier de condiments dans la voiture de la cliente qui lui tend, généreusement, un billet de 500 Fcfa.
Le garçon de 14 ans nous a confié qu’il est élève en 8è année dans un établissement scolaire à Sébénicoro, en Commune V du District de Bamako. Il exerce cette activité pendant les vacances. «Je suis au marché à partir de 8h pour retourner à la maison aux environs de 18h. J’essaie de servir au mieux la clientèle afin d’avoir un peu d’argent pour aider ma famille à faire face à certaines petites dépenses mais, aussi, à assurer mes petits besoins», déclare le jeune écolier. Il dit laisser les clients lui payer ses services à leur convenance. Certains lui donnent des pièces (200, 300 voire 400 Fcfa), d’autres des billets de 500 ou 1 000 Fcfa. Il ne parle pas de sa recette journalière mais, tout porte à croire qu’il arrive à tirer son épingle du jeu.
C’est aussi le cas de Nouhoum Traoré, un autre jeune élève qui habite au quartier Banconi. Il aussi porte le panier de condiments, les bagages des clients. Il pense pouvoir, avec le peu d’argent qu’il gagne au quotidien, soutenir sa mère et s’acheter des fournitures scolaires pour la prochaine rentrée des classes. «L’année dernière, j’ai payé moi-même mes fournitures grâce à ce travail de bagagiste», souligne-t-il.
Contrairement aux deux premiers interlocuteurs, Samba Guindo a abandonné les bancs. Il pratique cette activité depuis deux ans maintenant. «Ce travail me permet de gagner dignement ma vie depuis que j’ai quitté l’école. Je ne sais rien faire d’autre que ça. Et ça me nourrit, même si certains ne perçoivent pas notre importance et nous agressent verbalement en nous traitant de voyous», relève le jeune homme de 19 ans. Il s’empresse, aussi, de préciser que tous ne sont pas pareils. « Certains clients sont très généreux avec nous », ajouteNS-t-il.
Oumou Saye est une cliente. Elle se dit satisfaite des services des jeunes porteurs de bagages. « J’y ai recours chaque fois que j’arrive au marché. C’est une façon d’encourager la socialisation des enfants et de les préserver de la déviance », explique succinctement la dame.
A la différence d’autres, une autre cliente déplore le phénomène et pense plutôt que ça devrait même préoccuper la société et interroger sur l’avenir de ces enfants. Elle invite « la communauté à veiller à l’éducation de nos enfants afin de leur garantir un avenir plus radieux ». Pour elle, « il est grand temps de sortir du schéma de la débrouillardise et de penser au bonheur des enfants ».
NS/MD (AMAP)